Le ciel du Golfe s’est embrasé ce week-end. D’abord à South Pars, dans le sud de l’Iran, où des drones israéliens ont déclenché une explosion dans une installation gazière stratégique, forçant l’arrêt d’une plateforme offshore. Puis la riposte iranienne n’a pas tardé, à Haïfa, où un missile a frappé une raffinerie israélienne, endommageant pipelines et infrastructures. Si les incendies ont été maîtrisés à l’aube, le signal est clair : les installations énergétiques des deux pays sont désormais en ligne de mire.
L’Iran, acteur clé du marché mondial de l’énergie
Ce ciblage ne doit rien au hasard. L’Iran reste l’un des piliers du système énergétique mondial. Il détient les deuxièmes plus grandes réserves de gaz naturel et les quatrièmes en pétrole brut. Ses installations, bien qu’affaiblies par des sanctions et un manque chronique d’investissements, restent vitales pour son économie intérieure et ses recettes d’exportation.
Mais surtout, l’Iran dispose d’un atout redoutable : sa position géographique, en bordure du détroit d’Ormuz. Ce passage étroit, coincé entre l’Iran et les monarchies du Golfe, concentre à lui seul près d’un tiers du pétrole transporté par voie maritime à l’échelle mondiale. Samedi, Esmail Kowsari, haut commandant des Gardiens de la révolution, a prévenu que l’Iran envisageait de le fermer si les frappes se poursuivaient.
Les marchés sous haute tension
Cette incertitude s’est immédiatement traduite sur les marchés financiers. Le week-end n’était pas encore terminé que les cours du brut s’envolaient. Vendredi soir, le baril de WTI américain grimpait de 7,3 % à 73 dollars, son plus haut niveau depuis février. Le Brent, référence mondiale, dépassait, lui, 78 dollars avant de retomber légèrement à 74,50. Malgré ce repli, le pétrole se négocie 10 dollars plus cher qu’il y a un mois.
Cette hausse n’est pas anodine. Elle traduit l’inquiétude des investisseurs face à une extension possible du conflit à d’autres pays exportateurs du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Pour Homayoun Falakshahi, analyste spécialiste du pétrole brut dans la société Kpler, interviewé par le Wall Street Journal, ces attaques « ouvrent la porte à la manipulation psychologique et aux menaces ».
Au-delà des marchés, ce sont les consommateurs du monde entier qui risquent de subir les répercussions. Une hausse durable du prix du pétrole brut pourrait provoquer une inflation importée. À plus long terme, si les prix du pétrole brut restent élevés, les conséquences se feront sentir sur la facture d’électricité des particuliers, le prix des biens manufacturés, voire sur le pouvoir d’achat global des ménages.
Pour l’heure, les cours du brut restent bien inférieurs aux sommets atteints lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, lorsqu’ils avaient frôlé les 130 dollars. Mais le risque d’un nouveau choc pétrolier ne peut être exclu si le conflit israélo-iranien continue de s’intensifier sur le front énergétique. D’autant qu’Israël, malgré sa puissance militaire, n’est pas à l’abri. Dimanche, la raffinerie d’Haïfa, la plus importante du pays, a annoncé avoir dû mettre à l’arrêt plusieurs installations en aval. Le groupe Bazan, qui exploite le site, a précisé qu’aucune victime n’était à déplorer, mais son titre avait reculé de 1,3 % à l’ouverture des marchés. L’énergie est désormais devenue une arme de guerre. Et dans cette bataille, ce sont les économies du monde entier qui pourraient, à leur tour, être prises en otage.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-06-16 12:59:00
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