Du centre à l’extrême, la droite cherche toujours la figure providentielle pour 2027. Il n’est pas inintéressant de sonder les librairies pour se faire une idée de l’audience des uns et des autres au sein du pays. On ne reviendra pas sur le carton de Jordan Bardella, qui a dépassé les 200 000 exemplaires avec son autobiographie, Ce que je cherche (Fayard).
A titre de comparaison, Le Séparatisme islamiste (L’Observatoire) de Gérald Darmanin n’avait rassemblé que 6 000 lecteurs (et potentiels électeurs) en 2021. Ce qui est toujours mieux que Bruno Retailleau : s’il a le vent en poupe, le ministre de l’Intérieur a difficilement dépassé les 2 000 exemplaires avec Ne rien céder, paru en avril à L’Observatoire.
La guerre des idées se corse ce mois-ci avec l’entrée dans l’arène littéraire de deux anciens Premiers ministres : Edouard Philippe et Michel Barnier. Par le passé, Philippe a connu le succès éditorial : Impressions et lignes claires (JC Lattès), co-écrit avec son compère Gilles Boyer, s’était vendu à 70 000 exemplaires en 2021. Il avait fait moins bien en solo en 2023 : 25 000 exemplaires pour Des lieux qui disent (JC Lattès). Sa cote serait-elle en chute libre ? Moins que celle de Barnier. Depuis sa publication le 4 juin, Le Prix de nos mensonges (JC Lattès) de Philippe se vend environ trois fois plus que Ce que j’ai appris de vous (Calmann-Lévy) de Michel Barnier, sorti le même jour. Notons qu’Eric Ciotti s’intercale entre les deux avec Je ne regrette rien (Fayard), lui aussi paru à l’office du 4 juin.
Laurent Wauquiez, Gabriel Attal et autres y iront-ils prochainement de leurs confessions ou de leur manifeste ? En attendant, on suivra le match Barnier/Philippe en se demandant si Dominique de Villepin sera le troisième homme – l’ex-poète de Matignon, auteur du Cri de la gargouille ou d’un Eloge des voleurs de feu, sera de retour en librairie le 25 juin avec un nouveau livre au titre plus simple, Le Pouvoir de dire non (Flammarion).
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Loin de ces débats et de ces ambitions, on remarque dans le classement des essais la jolie performance de François-Henri Désérable (Chagrin d’un chant inachevé, Gallimard), sans doute grâce à son passage remarqué à La Grande Librairie d’Augustin Trapenard. Du côté des romans, quand on écarte les livres plus commerciaux, Adèle Yon continue de surclasser la concurrence avec Mon vrai nom est Elisabeth (Le Sous-Sol), qui a dépassé les 50 000 exemplaires écoulés.
Une barre symbolique que devrait atteindre très bientôt Raphaël Quenard avec Clamser à Tataouine. Rayon romance, on suivra de près Azra Reed. Avec son démarrage foudroyant, le troisième tome de sa saga Valentina écrase déjà Edouard Philippe et Michel Barnier.
Un peu au-dessous, on surveillera enfin les chiffres de Florence Seyvos et Bérénice Pichat, deux romancières discrètes qui devraient se couvrir d’or grâce à des récompenses très prescriptrices. La première vient de remporter le prix du Livre Inter avec Un perdant magnifique (L’Olivier). Quant à la seconde, elle est lauréate du prix des Libraires pour La Petite Bonne (Les Avrils). Aucune des deux ne rêve à un destin national, à la magistrature suprême et autres mirages. Mais fin décembre, elles feront sans doute partie des écrivains gagnants de l’année 2025.
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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld
Publish date : 2025-06-16 15:37:00
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