En quelques jours, Donald Trump a fait le grand écart dans ses prises de position vis-à-vis de l’Iran. Jeudi soir dernier, quelques heures avant les premières frappes israéliennes sur Téhéran, le président américain continuait de plaider pour qu’un accord soit conclu sur le nucléaire iranien. Le lendemain, au vu de l’ampleur de l’attaque et du soutien massif des pays européens à l’Etat hébreu, il apportait à son tour son soutien à Israël et affirmait qu’il était au courant de tout et avait cherché à « sauver l’Iran de l’humiliation ».
Au risque de susciter une incompréhension au sein de la communauté internationale et de provoquer un schisme au sein de son propre parti politique aux Etats-Unis. Pour Donald Trump, qui cultive de longue date l’image d’un président « faiseur de paix » et se targue de n’avoir « commencé aucune guerre » lors de ses mandats, intervenir en Iran constituerait en effet une rupture inédite avec sa politique extérieure. Or s’il est encore trop tôt pour prédire les prochaines actions de Washington, la voie diplomatique jusqu’à présent prônée par le républicain semble s’éloigner petit à petit.
« J’ai donné à l’Iran chance après chance de conclure un accord », déclare-t-il dans la foulée des bombardements israéliens. « Je ne suis pas trop dans l’état d’esprit de négocier avec l’Iran », ajoute-t-il ensuite, précisant souhaiter « une fin, une réelle fin et non un cessez-le-feu » ou encore une « capitulation sans conditions » de Téhéran. Les Etats-Unis, qui affirment pour l’heure n’être pas encore impliqués dans les frappes, se préparent à une possible intervention. Le premier signal envoyé en ce sens a été l’utilisation du pronom « nous » par Donald Trump – englobant Israël et les Etats-Unis – lorsqu’il a affirmé connaître la localisation du guide suprême iranien Ali Khamenei, dont il a précisé qu’il n’était « au moins, pour le moment » pas question de l’éliminer.
« Je ne veux pas la guerre »
En cas d’intervention américaine, le premier levier actionnable consisterait à ravitailler en carburant des avions bombardiers israéliens. Mais comme l’a rappelé le vice-président américain J.D. Vance sur X, « le président des Etats-Unis pourrait aussi décider de prendre des mesures supplémentaires pour mettre un terme à l’enrichissement nucléaire iranien ». Il serait alors question de déployer la bombe américaine anti bunker GBU-57, seule susceptible aujourd’hui de détruire les installations d’enrichissement d’uranium du site nucléaire iranien de Fordo.
Benyamin Netanyahou, qui s’est rendu à la Maison-Blanche dès février pour rencontrer le nouveau président américain, avait déjà pressé ce dernier de lui mettre à disposition cette technologie, selon les informations du New York Times. Une demande aussitôt rejetée par Donald Trump qui avait alors rétorqué à son homologue israélien, au cours d’un échange visiblement tendu : « Vous ne pouvez pas juste y aller et faire ça dans votre coin, il y a trop d’implications pour nous ». Quelques semaines plus tard, Donald Trump avait même écrit une lettre à l’ayatollah iranien Ali Khamenei, pour lui enjoindre de signer un accord avec les Etats-Unis. « Je ne veux pas la guerre, je ne veux pas vous rayer de la carte, je veux un accord », aurait écrit le président américain.
Donald Trump « impressionné » par les plans israéliens
C’est finalement au fil des semaines que Donald Trump aurait accepté qu’il ne pourrait pas stopper Benyamin Netanyahou, qu’il exhortait encore fin mai, au cours d’un échange téléphonique, à ne pas court-circuiter la voie diplomatique. A l’issue d’un appel avec le président israélien le 9 juin dernier, le locataire de la Maison-Blanche se dit même « impressionné » par « l’ingéniosité des plans israéliens » que lui présente alors Benyamin Netanyahou. Il comprend qu’Israël va bombarder l’Iran coûte que coûte et se résout finalement à fournir à l’Etat hébreu une collaboration en matière de renseignements.
Et ce, malgré l’absence de preuves que l’Iran serait sur le point d’obtenir la bombe nucléaire, que n’avait pas manqué de rappeler à Donald Trump sa cheffe du renseignement Tulsi Gabbard. Le dirigeant américain l’a par la suite exclue d’un meeting stratégique tenu le 8 juin, en présence notamment du directeur de la CIA John Ratcliffe, au motif qu’elle devait être aux côtés de la garde nationale pour assurer d’autres fonctions. Interrogé par un journaliste au sujet des propos de Tulsi Gabbard concernant l’absence de menace iranienne imminente, le président américain rétorque, agacé : « Je me fiche de ce qu’elle dit, je pense qu’ils (l’Iran) sont très proches d’obtenir l’arme nucléaire ».
Une chose est sûre : si les actions de Benyamin Netanyahou en Iran font largement consensus en Israël, aux Etats-Unis, la perspective d’une intervention en Iran est largement impopulaire dans l’opinion. Selon un récent sondage The Economist/YouGov, publié mardi, seulement 16 % des Américains sont favorables à une implication des Etats-Unis dans le conflit entre Israël et l’Iran, et la majorité des républicains (53 %) y sont hostiles. Reste donc à savoir si Donald Trump restera fidèle à ses partisans anti-interventionnistes, ou s’il choisira de mettre ses menaces à exécution et de satisfaire la frange plus « belliciste » de son camp.
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Publish date : 2025-06-18 11:47:00
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