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Les prévisions pessimistes de l’Insee pour l’économie française en 2025

Les prévisions pessimistes de l’Insee pour l’économie française en 2025

La croissance devrait ralentir, le chômage remonter, et les investissements continuer de se dégrader : l’Institut national de la statistique (Insee) prévoit une économie française essoufflée pour 2025 dans sa dernière note de conjoncture publiée ce mercredi. Les principaux moteurs de la croissance française, comme la consommation ou l’investissement, sont en berne.

Après 1,1 % en 2024, l’Insee prévoit une hausse de seulement 0,6 % du produit intérieur brut (PIB) en France, deuxième économie de la zone euro, pour cette année. Ce taux est inférieur à la prévision du gouvernement (0,7 %), que ce dernier a jugée « atteignable » en dépit de vives tensions internationales et d’un effort budgétaire considérable qui se poursuivra en 2026.

A la traîne de la zone euro

« Lentement, la zone euro sort de sa torpeur, malgré le retournement des échanges mondiaux », avec un réveil de l’investissement notamment, mais « l’économie française ne semble pas évoluer au diapason du continent », souligne l’Insee dans sa note de conjoncture. « Alors qu’en 2023 et 2024, l’activité française avait plutôt mieux résisté […] que dans les autres pays européens, les moteurs tricolores s’essoufflent désormais », développe l’institut.

Dans le détail, après + 0,1 % au premier trimestre, l’organisme public prévoit une hausse de 0,2 % du PIB lors de chacun des trois trimestres suivants. Il a toutefois prévenu que sa prévision était sujette à d’importants aléas, tels que la versatilité de Washington sur les droits de douane, l’impact du conflit Iran-Israël sur le prix du pétrole, le rythme de la reprise allemande ou les futures coupes budgétaires en France.

Les Français préfèrent épargner que consommer

Pilier traditionnel de la croissance française, la consommation des ménages n’augmenterait que modérément (0,7 % après 1,0 % en 2024), au même rythme que le pouvoir d’achat (après 2,5 %), malgré une inflation assagie, attendue autour de 1 % en fin d’année.

Après 18,8 % au premier trimestre, un pic en 45 ans (hors crise sanitaire), le taux d’épargne des ménages diminuerait un peu à 18,2 % en moyenne sur l’année (et même à 17,3 % en fin d’année), demeurant toutefois à un niveau élevé, signe de l’attentisme ambiant.

Parmi les explications, l’Insee avance une ampleur moindre de l’indexation sur l’inflation des prestations sociales, un effritement des revenus du patrimoine en raison de la baisse des taux d’intérêt et une hausse du solde de l’impôt sur le revenu à acquitter, les salaires ayant davantage progressé l’an dernier que les barèmes d’imposition revalorisés selon l’inflation.

Selon l’institut, qui a analysé les données bancaires anonymisées de 180 000 clients de la Banque postale, les deux tiers de la hausse du taux d’épargne en 2024 proviendraient des retraités, dont la forte revalorisation de 5,3 % des pensions en 2024 ne s’est pas traduite par plus de consommation. Au total, la contribution à la croissance de la demande intérieure, qui inclut aussi un ralentissement de la consommation des administrations publiques, atteindrait 0,5 % en 2025, contre 0,6 % l’an dernier.

Investissements dégradés et commerce extérieur décevant

Concernant les investissements, ceux-ci continueraient de se dégrader, mais moins fortement (-0,5 % après -1,3 %), notablement chez les entreprises (-0,8 %) et les ménages (-0,6 %), la construction de logements neufs montrant des signes de reprise. Les investissements des administrations publiques passeraient en territoire négatif (-0,6 %). Les entreprises verraient par ailleurs leur situation se dégrader, pâtissant de taux d’intérêt plus élevés pour leurs nouveaux crédits et, pour les plus grandes d’entre elles, d’une surtaxe prévue au budget 2025.

Assombrissant davantage le tableau, « la déception française sur l’ensemble de l’année proviendrait du commerce extérieur », note l’Insee, alors qu’un soutien de celui-ci à la croissance avait été observé en 2023 et 2024. Il enlèverait 0,7 point de croissance. En cause notamment, les « aléas climatiques » qui « entraîneraient un repli en 2025 du solde des échanges en électricité et en produits agricoles », et les exportations – hors secteur aéronautique et naval-, qui resteraient atones face à des importations en hausse, les industriels français perdant des parts de marché.

L’Insee chiffre à 0,1 point de PIB en 2025 l’impact pour la France du choc des droits de douane américains, tant en raison de l’impact commercial direct que de l’incertitude et des tensions financières qu’il génère, et de 0,4 à 0,6 point en 2026 selon qu’il y ait ou non des mesures de riposte.

Le chômage devrait remonter

Côté emploi, le taux de chômage devrait remonter à 7,7 % fin 2025, contre 7,4 % actuellement. « L’emploi salarié s’est nettement retourné depuis deux trimestres, l’économie française détruisant plus de 120 000 postes salariés », constate l’Insee, qui prévoit que « au total, environ 210 000 emplois salariés seraient perdus en cinq trimestres » à fin 2025. Selon l’Insee, la faible croissance française en 2025 aurait pour corollaire de faire reculer de 1,3 % les émissions de gaz à effet de serre de la France.



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Publish date : 2025-06-18 16:41:00

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