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Consacrer 5 % de leur PIB à la défense ? Ces pays de l’Otan qui rechignent

Consacrer 5 % de leur PIB à la défense ? Ces pays de l’Otan qui rechignent

À la veille du sommet de l’Otan à La Haye, plusieurs pays membres font entendre leurs réserves sur l’objectif fixé – ou souhaité – par les États-Unis de porter les dépenses de défense à 5 % du PIB. Si certains, comme la Belgique, négocient en coulisses, d’autres, comme l’Espagne ou la Slovaquie, remettent ouvertement en question la trajectoire défendue par le chef d’Etat américain Donald Trump.

Commençons par la Belgique. Le chef de la diplomatie Maxime Prévot a reconnu, lundi 23 juin, sur les ondes de la RTBF que son pays demandait « un maximum de flexibilité » sur les objectifs de l’Alliance. « On ne l’a peut-être pas fait via une déclaration tapageuse comme l’Espagne, mais je peux vous assurer que depuis des semaines notre diplomatie s’active », a-t-il martelé, évoquant la nécessité d’un rythme soutenable pour les finances nationales. La Belgique, l’un des plus mauvais élèves de l’Otan en matière de budget militaire, s’inquiète notamment de l’effort demandé pour passer dès 2025 à 2 % du PIB, ce qui représenterait 3,7 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Les modalités de financement de cette hausse ne sont d’ailleurs pas encore tranchées au sein de la coalition au pouvoir.

L’Espagne, de son côté, a affiché une position beaucoup plus frontale. Ce week-end, le Premier ministre Pedro Sánchez a affirmé que Madrid n’était pas tenue d’atteindre les 5 %, en s’appuyant sur une lettre du secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Ce dernier y évoque la possibilité pour l’Espagne de suivre « sa propre voie souveraine  » afin d’atteindre les objectifs capacitaires fixés par l’Alliance.

« On ne va pas pouvoir avoir des objectifs à la carte »

Au siège de l’Otan, à Bruxelles, on dément cependant toute exemption, le gouvernement espagnol ayant juste obtenu que le délai pour parvenir à cet objectif de 5 % soit porté de 2032 à 2035, ont rapporté plusieurs diplomates à l’AFP. « Il n’y a pas d’exemption », a encore martelé un diplomate de l’Otan lundi matin. « Aucun allié ne peut se soustraire à ses engagements », a-t-il insisté.

Même s’il insiste sur la solidarité entre alliés – « On ne va pas pouvoir avoir des objectifs à la carte » –, Maxime Prévot considère lui aussi que les objectifs de 5 % de dépenses globales et de 3,5 % de dépenses militaires pures sont « hors de portée », même à moyen terme. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, représentera son pays au sommet, avec la difficile tâche de défendre cette position tout en maintenant l’image de « partenaire fiable » que Bruxelles souhaite conserver.

Enfin, en Slovaquie, le débat a pris une tournure encore plus radicale. Le 17 juin, le Premier ministre Robert Fico a publiquement évoqué l’idée d’une sortie de l’Otan, affirmant que « la neutralité conviendrait à la Slovaquie ». Sur Facebook, il a opposé deux scénarios : rester dans l’Alliance et s’acquitter d’une « cotisation » de plus de 7 milliards d’euros, ou bien quitter ce qu’il compare à « un club de golf ». Il réclame que les dépenses puissent avoir un double usage, civil et militaire – hôpitaux, routes –, et juge les objectifs de Donald Trump « complètement absurdes ». « La Slovaquie ne devrait prendre part à aucune aventure militaire », a-t-il martelé.

Ces prises de position montrent que l’élan voulu par Washington, qui souhaite faire de ce sommet un tournant budgétaire pour l’Otan, se heurte à une réalité plus complexe. Au sein même de l’Alliance, les marges de manœuvre budgétaires, les priorités nationales et les équilibres politiques internes viennent brouiller le message d’unité que les 32 membres cherchent à afficher. Reste à voir, à La Haye, jusqu’où l’Otan pourra aller sans fissurer le socle de sa solidarité.



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Publish date : 2025-06-23 11:22:00

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