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« Sommet des libertés » : quand les libéraux-conservateurs sponsorisent l’union des droites

« Sommet des libertés » : quand les libéraux-conservateurs sponsorisent l’union des droites

Un parterre de chemises bleues agite frénétiquement des éventails de fortune. Ce mardi 24 juin au soir, le casino de Paris accueille un public particulier. Un millier de personnes ont répondu présent à l’invitation des milliardaires conservateurs Pierre-Édouard Stérin et Vincent Bolloré pour assister à ce « Sommet des libertés ». L’événement, au format hybride, est organisé conjointement par Périclès, l’organisme du très libéral (et exilé fiscal en Belgique) Pierre-Édouard Stérin qui entend peser sur la vie politique française, l’association Contribuables associés, le JDNews, et l’Institut Sapiens d’Olivier Babeau, Laurent Alexandre et Dominique Calmels.

La promesse : une grande soirée de réflexion autour du libéralisme et du conservatisme. Autour de la table, une nébuleuse d’associations familières de l’écosystème, quelques politiques, députés LR ou anciens ministres, dont l’incontournable Luc Ferry. Et bien sûr, en tête d’affiche, les nouvelles égéries de l’extrême droite couvées par les deux milliardaires : Jordan Bardella, Sarah Knafo et Marion Maréchal. Éric Ciotti est là, lui aussi, avec Nicolas Dupont-Aignan, venu de Yerres pour l’occasion. C’est Christine Kelly, visage bien connu de téléspectateurs de CNews, qui se chargera des interviews.

Droite hors-les-murs

L’événement a bénéficié d’une promotion XXL de la part des médias Bolloré. On a même mis à disposition des « influenceurs souhaitant relayer l’événement » des visuels et éléments de langage clés en main. Avec un message principal : « Ceci n’est pas un événement partisan. » Bingo, dans le petit monde de la droite hors-les-murs, personne ne manque à l’appel. Entre deux tables rondes, on vient briser la glace sous la lumière tamisée. Car au fond, c’est ici qu’il faut être. Dans un coin, les militants identitaires de la Cocarde et de Némésis se pressent au photomaton, pendant qu’Éric Ciotti dédicace son dernier livre Je ne regrette rien, publié chez Fayard. Les anciens de Reconquête (le parti d’Éric Zemmour) viennent saluer Alexandre Pesey, le patron de l’Institut de Formation politique, pendant que des députés du Rassemblement national, incités par mail à se rendre à cette grande sauterie, badinent avec ciottistes et militants LR.

Chacun soigne scrupuleusement son entrée. Côté cour, Marion Maréchal débarque, flanquée d’une caméra du média identitaire Frontières, qui ouvre une édition spéciale « union des droites ». La nièce de Marine Le Pen serre des mains de-ci de-là. Côté jardin, Sarah Knafo, également suivie par une nuée de caméras amies, fend la foule et se livre à un savant échange avec l’ancien chef des jeunes LR (aujourd’hui dans les rangs d’Éric Ciotti) Guilhem Carayon. « L’objectif de cet événement est de montrer qu’il y a désormais un bloc de droite qui peut se rassembler, non seulement sur les questions migratoires et identitaires, mais aussi sur l’économie, se réjouit-elle. Il y a désormais un deuxième sujet qui fait trait d’union. » L’ambiance est à la fête, mais pas suffisamment pour qu’elle et Marion Maréchal (en froid depuis la rupture de cette dernière avec Reconquête) s’adressent la parole…

Qui a dit « divergences économiques » ?

Jordan Bardella, lui, préfère passer par l’entrée des artistes et rejoindre directement sa loge. Mais Sarah Knafo l’assure : « Le simple fait qu’il accepte de venir ici est un bon signal. » Et sur les divergences économiques qui opposent le RN à Reconquête ? « Personne ne peut venir ici sans savoir ce que cela implique en termes de ligne économique. » Pas ingrat envers ses hôtes, Jordan Bardella avait d’ailleurs, un peu plus tôt dans l’après-midi à la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), tressé des louanges à ses deux mécènes, Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin, qui lui réservent un traitement des plus empathiques depuis sa campagne européenne. « Ils mènent une bataille métapolitique et culturelle, et il est bien que se multiplie dans le paysage des relais d’influence qui participent à un rééquilibrage », assure le président du Rassemblement national.

C’est l’heure. Christine Kelly monte sur scène, accueillie comme une rock star. C’est Jordan Bardella qui ouvre le bal pour répondre à la première question. « Notre dépense publique est plus élevée que la Roumanie de Ceaușescu, que la Pologne communiste des années 70, que le Venezuela d’Ugo Chavez, pourquoi cette addiction à la dépense sociale ? ». Quelques éléments de langage, une refonte de propositions connues, une ou deux formules chocs, mais rien de nouveau sous le soleil : Jordan Bardella propose de supprimer l’Arcom ; Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan de s’inspirer du modèle suisse pour les référendums ; Sarah Knafo fait le show et appelle à cesser de payer 465 millions d’euros pour financer des pistes cyclables ; et Marion Maréchal suggère d’instaurer une dose de capitalisation dans le système de retraites. Des propositions à la hauteur de la promesse faite par Christine Kelly : « Les invités vous diront ce qu’ils n’ont jamais dit. » Ou pas.

Bref, cinquante teintes plus ou moins affirmées de libéralisme, dont tous les intervenants, frontistes compris, semblent désormais prêts à se revendiquer. Mais de désaccords ou, a contrario, d’union, il n’a pas été question. Qu’importe, une nouvelle pierre vient d’être ajoutée à l’édifice et elle porte sur l’économie. Philippe Vardon, ancien cadre du Bloc identitaire et conseiller de Marion Maréchal, préfère d’ailleurs citer Xavier Bertrand et parler, ce mardi soir, de « fusion des droites ».



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Author : Marylou Magal

Publish date : 2025-06-25 06:07:00

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