C’est une institution économique des Etats Unis qui se déchire. Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed) Jerome Powell a répété mardi 24 juin qu’il ne voyait « pas d’urgence » à baisser les taux d’intérêt, à contre-courant d’autres membres de l’institution et surtout de Donald Trump. Les taux directeurs de la Fed — qui guident les coûts d’emprunt des particuliers et des entreprises — sont compris entre 4,25 % et 4,50 % depuis décembre.
« Pour l’instant, nous sommes bien placés pour attendre d’en savoir plus sur l’évolution probable de l’économie avant d’envisager tout ajustement de notre politique », a jugé Jerome Powell au début d’une audition devant la Commission financière de la Chambre des représentants à Washington. « Je ne pense pas que nous avons besoin de nous presser de bouger les taux parce que l’économie est toujours solide », a-t-il précisé.
Divisions à la Fed
Les banquiers centraux américains s’attendent, à divers degrés, à voir l’inflation rebondir aux Etats-Unis du fait des droits de douane mis en place par Donald Trump depuis son retour au pouvoir en janvier. Une légère accélération de l’indice d’inflation est déjà observée au mois de mai. Les responsables de la Réserve fédérale (Fed) étaient tous d’accord pour laisser les taux directeurs inchangés lors de la dernière réunion de l’institution, la semaine passée.
Mais certains d’entre eux paraissent désormais pencher en faveur d’un abaissement des taux dès que possible. « Je ne pense pas que nous devrions attendre beaucoup plus », avait affirmé vendredi le gouverneur Christopher Waller, ancien directeur de la Fed sous le premier mandat de Trump. « Si les pressions sur l’inflation restent contenues » d’ici la prochaine réunion de la Fed, les 29 et 30 juillet, « je soutiendrai une diminution des taux directeurs », a déclaré lundi Michelle Bowman, vice-présidente de la banque centrale américaine propulsée récemment à ce poste par Donald Trump dans le but de lâcher la bride des acteurs financiers.
Au sein du comité de politique monétaire de la Fed, qui compte douze membres, Jerome Powell ne semble toutefois pas être le seul à préférer attendre d’y voir plus clair avant de bouger les taux. « La politique monétaire est bien placée pour nous permettre d’attendre et de voir comment les conditions économiques évoluent », a ainsi dit mardi le gouverneur Michael Barr, lors d’un événement organisé dans le Nebraska.
Donald Trump appelle à renverser Jerome Powell
Le patron de la Fed fait face depuis des mois à un feu nourri de critiques de la part de Donald Trump, qui lui reproche de conduire une politique monétaire trop restrictive. Quelques heures avant l’audition de Jerome Powell, le président américain l’a encore qualifié de « bête » et « têtu ». Les États-Unis vont payer « pour son incompétence pendant bien des années », a jugé le chef de l’État. « Pas d’inflation, une superbe économie. Nous devrions être au moins deux ou trois points de pourcentage plus bas » en matière de taux directeurs, a-t-il affirmé sur sa plateforme Truth Social.
Jerome Powell, dont le mandat court jusqu’au printemps 2026, avait été propulsé à la tête de la banque centrale par Donald Trump lui-même pendant son premier mandat. Récemment, ce dernier a appelé le Conseil des gouverneurs de la Fed à « agir » contre Jerome Powell. Vendredi dernier, il avait suggéré aux autres banquiers centraux américains de le renverser.
Interrogé sur l’impact des pressions présidentielles sur son travail, Jerome Powell a affirmé que lui et ses collègues étaient « uniquement concentrés » sur leur mission au service des Américains. Il a par ailleurs jugé fondamental de préserver la crédibilité de la Fed en matière de lutte contre l’inflation.
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Publish date : 2025-06-25 10:59:00
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