Cinq ans après son arrêt définitif, la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) fait toujours parler d’elle. Le 18 juin dernier, après l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, le député RN Jean-Philippe Tanguy s’est félicité d’avoir fait voter un amendement favorable au redémarrage de la centrale. Dans les faits, le démantèlement de Fessenheim est aujourd’hui trop avancé pour que cette proposition devienne réalité.
Si la centrale du Haut-Rhin reste au cœur de l’actualité, c’est parce que l’histoire de sa fermeture est unique en son genre. Cette décision prend ses racines en 2011, au moment de l’accident nucléaire de Fukushima. Classé au même niveau de gravité que celui de la centrale de Tchernobyl, les opinions publiques mondiales remettent en question le nucléaire. En France, si les avis restent majoritairement favorables, ceux de l’électorat-cible du PS le sont moins. C’est dans ce contexte que se déroule la campagne présidentielle de 2012 et qu’émerge l’idée de réduire la part de l’atome dans le mix énergétique français.
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Élu président, François Hollande fait voter la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TEPCV) le 17 août 2015. Le texte prévoit de réduire la part du nucléaire dans la production électrique française à 50 %. Pour y parvenir, une seule solution, fermer Fessenheim. Huit ans plus tard, en avril 2023, Manuel Valls est auditionné par la commission d’enquête parlementaire « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ». L’ancien Premier ministre de François Hollande est clair : « Je suis franc : les 50 % n’étaient, je crois, le résultat d’aucune étude d’impact ou analyse de besoins. Je n’ai pas fait, moi, ce choix, qui était avant tout un choix politique ».
Si cette commission parlementaire a vu le jour, c’est que la guerre en Ukraine a mis la France – et l’Europe plus largement -, face à une nécessaire souveraineté énergétique. Dans le même temps, le réchauffement climatique pousse les gouvernements à trouver de nouvelles solutions pour accélérer leur transition écologique. En février 2022, Emmanuel Macron annonçait à ce propos la « renaissance » du nucléaire français. Force est de constater qu’elle peine à se mettre en place.
Les débats autour du nucléaire en France ne datent pas d’hier. Déjà en avril 1975 L’Express dévoilait les réponses d’un questionnaire intitulé « Avez-vous peur du nucléaire ? » adressé à ses lecteurs. L’opinion générale est alors plutôt pessimiste. Face aux inquiétudes des Français, Jean-Jacques Servan-Schreiber rappelle que ce refus du nucléaire « serait tout simple, si… si le pétrole, dont vit toute l’activité économique de la planète, était devant nous en quantité illimitée ; or, il ne l’est pas. » La chanson n’a pas changé.
Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/fessenheim-cinq-ans-apres-sa-fermeture-retour-sur-les-dates-cles-du-nucleaire-en-france-K5UE74OCJJDWZKWG4VDY2JZUNA/
Author : Anne-Charlotte Phan
Publish date : 2025-06-30 16:30:00
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