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Finances publiques : le diagnostic sans concession de la Cour des comptes

Finances publiques : le diagnostic sans concession de la Cour des comptes

Pour « reprendre le contrôle » des finances publiques très dégradées de la France, la Cour des comptes a préconisé ce mercredi 2 juillet des efforts budgétaires « très exigeants » lors des prochaines années, le gouvernement misant pour 2026 sur un ralentissement des dépenses avec une éventuelle « année blanche ».

Dans son rapport annuel consacré aux finances publiques, la Cour dresse un constat sévère de la situation de la France, qui affiche le déficit public le plus élevé de la zone euro (5,8 % du produit intérieur brut en 2024) et le troisième endettement le plus lourd (3 345,8 milliards d’euros, soit 114 % du PIB à fin mars). Elle estime à près de 105 milliards d’euros les efforts nécessaires (économies de dépenses ou recettes supplémentaires) pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB en 2029, comme l’ambitionne le gouvernement après des années 2023 et 2024 « noires » marquées par d’importants dérapages budgétaires, conséquences notamment « d’une incapacité à maîtriser la dynamique de la dépense ».

« Des ajustements budgétaires très exigeants sont donc dès à présent nécessaires, et à réaliser dès 2026 », souligne la haute juridiction, appelant à « reprendre le contrôle de la dynamique de la dette ». Pour son premier président Pierre Moscovici, cela revient à un « choix entre l’effort volontaire maintenant et l’austérité subie demain ». Ce dernier estime « possible » pour la France de redresser ses comptes, prenant l’exemple de la Grèce.

« Fragiles »

Pour réduire le déficit à 5,4 % du PIB en 2025 et 4,6 % en 2026, le gouvernement a prévu un effort budgétaire d’une cinquantaine de milliards d’euros cette année, et souhaite en faire un autre de 40 milliards en 2026.

Le Premier ministre François Bayrou a promis de dévoiler son plan de redressement des finances publiques à la mi-juillet, avant un projet de budget dont l’examen à l’automne s’annonce périlleux pour la survie du gouvernement, minoritaire à l’Assemblée nationale.

Le chef du gouvernement pourrait à cette occasion lancer un appel à propositions pour certaines économies, a appris une journaliste de l’AFP de plusieurs sources. Il « essaiera de mettre les partis politiques devant leurs responsabilités » et de leur demander, s’ils proposent de nouvelles dépenses, de « trouver les recettes » correspondantes, avance une ministre.

Toutefois, selon la Cour des comptes, « des risques importants » subsistent en 2025, notamment une croissance affaiblie par la guerre commerciale américaine et les tensions géopolitiques, attendue à 0,6 % par l’Insee et 0,7 % par le gouvernement. Elle pointe aussi le caractère temporaire de près de la moitié des hausses d’impôt prévues cette année ainsi que des objectifs de maîtrise des dépenses « fragiles », ne reposant sur « aucune économie structurelle significative ».

Pour les années suivantes, la trajectoire des finances publiques est jugée « tout aussi fragile », dans un contexte contraint par la volonté de la France de se réarmer et la hausse du coût de la dette, susceptible de devenir le premier poste de dépenses budgétaires, devant l’éducation et la défense. « Le report des efforts n’est plus possible » au risque de voir le ratio d’endettement de la France s’emballer, alerte la Cour.

« Compromis »

Dans leur réponse intégrée au rapport, les ministres de l’Economie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, réaffirment que la maîtrise de la dépense est « au coeur de (leur) action ». Amélie de Montchalin s’est dit mercredi favorable à « une pause » sur certaines dépenses publiques en 2026, dans le cadre d’une éventuelle « année blanche » qui consisterait à geler pour un an retraites, prestations sociales et barème de l’impôt sur le revenu.

Désireuse de bâtir un budget de « compromis », elle a reçu mercredi à Bercy, avec Eric Lombard, des représentants du Rassemblement national (RN) et d’Horizons, inaugurant une série de rencontres avec les groupes parlementaires pour la préparation des textes budgétaires. Elle s’est toutefois dite opposée à une hausse « indifférenciée » des impôts, une ligne rouge également pour le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez. « Des hausses massives d’impôts en lieu et place d’économies en dépenses ne peuvent pas être une solution miracle », la France étant déjà l’une des championnes des prélèvements obligatoires, a abondé Pierre Moscovici.

Pour assurer la soutenabilité de sa dette, la Cour des Comptes estime qu’outre un déficit sous les 3 % du PIB, la France doit « renouer durablement » avec un solde primaire (hors charge de la dette) « positif » d’environ 1,1 point de PIB, ce qu’elle « n’est plus parvenue à réaliser depuis près de 25 ans ».



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Publish date : 2025-07-02 16:45:00

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