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Keir Starmer, un an au pouvoir : la presse britannique tacle un « Premier ministre invisible »

Keir Starmer, un an au pouvoir : la presse britannique tacle un « Premier ministre invisible »

« Sir Keir Starmer perd rapidement son autorité », constate le journal britannique The Economist, tandis que le Guardian parle carrément d’un « Premier ministre invisible ». Le chef de gouvernement travailliste fête ce vendredi 4 juillet le premier anniversaire de sa victoire aux élections législatives, remportées avec un slogan qui promettait le « renouveau ». Mais un an plus tard, il accumule les revers et apparaît considérablement affaibli, y compris dans sa propre majorité. Il pâtit d’une forte impopularité, avec 62 % des Britanniques désapprouvant son action, selon une synthèse de sondages compilée par Politico. La presse britannique regrette aujourd’hui un manque de leadership ainsi qu’une lenteur dans des réformes qui peinent à convaincre.

Un parti désuni face à des réformes impopulaires

Mardi, le chef du gouvernement a fait marche arrière sur son projet de loi qui visait à restreindre l’éligibilité aux aides invalidité et maladie en Angleterre, pour économiser des milliards de livres sterling sur la facture sociale du pays, et a annoncé que les nouvelles conditions d’accès aux allocations ne s’appliqueraient qu’aux futurs demandeurs. Un revers à la Chambre des communes où la chancelière de l’Echiquier, Rachel Reeves, a pleuré, sans que Keir Starmer le remarque. A l’image, pour le Guardian, de « toutes les fois où il a semblé étrangement détaché de son propre gouvernement », une critique également formulée par le journal économique Financial Times, qui voit dans « l’incapacité de Starmer à soutenir sa chancelière désemparée […] une métaphore d’un Premier ministre accusé d’être déconnecté : détaché de ses propres députés et des électeurs. »

La volte-face sur cette loi est « coûteuse et humiliante », note la BBC, ajoutant que « Starmer et sa chancelière n’ont pas seulement perdu l’autorité et la face, ils ont aussi perdu 5 milliards de livres sterling d’économies prévues ».

Le Financial Times juge que « trop d’erreurs ont été commises. Le parti est « ébranlé, désuni, à la recherche d’une direction », avec le « pire départ pour un gouvernement nouvellement élu », alors que le soutien au Labour a chuté aux environs de 24 %.

Une désunion que le Guardian estime due à l’absence de leadership et de décisions de Keir Starmer : Rachel Reeves se serait retrouvée « à gérer une grande partie de l’agenda national, tandis que Starmer se concentre sur les crises de politique étrangère et sur une poignée de grandes questions qui le passionnent ». Pour le quotidien britannique, le résultat est « un gouvernement géré par le Trésor qui a tendance à commencer par les chiffres […] plutôt que de se fixer un objectif politique ».

Des actions trop lentes

L’attention portée à l’international a eu un prix. A ces réformes impopulaires s’est ajoutée une lenteur d’exécution, remarque le Financial Times, qui cite un responsable du parti travailliste, affirmant que « certains ministres étaient préparés pour le gouvernement, d’autres non ».

Pour le Telegraph, c’est le reflet plus global d’un dysfonctionnement du Royaume-Uni. « Pour réparer un système politique défaillant, un État dysfonctionnel et une économie stagnante, il faut plus qu’un costume et une cravate propres », écrit un chroniqueur du journal. « Il a fallu un an aux travaillistes pour découvrir ce que les conservateurs avaient mis 14 ans à faire : la Grande-Bretagne, son économie et ses institutions fonctionnent à peine. »

Quelques succès

Keir Starmer estime cependant que sa première année a connu des succès. Il a déclaré à la BBC que son gouvernement avait « fait des choses fantastiques », notamment pour la protection sociale, les écoles, et « trois accords commerciaux ». C’est sur ce point que le Financial Times considère que le locataire du 10 Downing Street a « remporté ses succès les plus notables », en « signant des accords commerciaux avec les États-Unis, l’UE et l’Inde. »

Le Guardian ajoute à ces quelques réussites « des milliards sans précédent investis dans des logements véritablement abordables et sociaux », et dans « les domaines de l’énergie verte ou des transports », mais rappelle que « l’argent n’est pas tombé du ciel ».

Le journal estime que le fiasco de la loi sur les aides sociales a montré le fossé entre le Trésor et les députés travaillistes, qui ont chacun de bons arguments. « Mais c’est précisément pourquoi c’est en fin de compte le rôle du Premier ministre, et de personne d’autre, de rassembler tous les fils du gouvernement : équilibrer le yin politique et le yang économique, de sorte qu’aucun des deux ne domine ou ne déforme le projet », conclut l’éditorialiste.

Le Telegraph est plus pessimiste : « La première année ne s’est pas bien passée », estime le journal, selon qui si aucun cap n’est pris par le gouvernement, « il n’y aura pas de seconde chance pour les travaillistes. »



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Publish date : 2025-07-04 11:59:00

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