La grâce présidentielle d’Abdelmadjid Tebboune à l’égard de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal devient de plus en plus hypothétique. Le président algérien, qui avait la possibilité de lui accorder la liberté à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, ce vendredi 4 juillet, ne l’a pas fait. Boualem Sansal ne devrait donc pas faire partie des 6 500 détenus libérés – une tradition bien ancrée à la veille des célébrations de l’indépendance de l’Algérie.
Tensions diplomatiques
A l’Elysée comme au ministère des Affaires étrangères, on espérait que l’essayiste, âgé de 80 ans, bénéficie cette semaine d’une grâce présidentielle, ce qui aurait permis d’apaiser les tensions diplomatiques. Mais la présidence algérienne a annoncé vendredi que les personnes « définitivement condamnées » notamment pour atteinte à l’unité territoriale, – ce pourquoi Boualem Sansal a été condamné – en seraient exclues. Sa peine de 5 ans de prison ferme avait été confirmée mardi en appel.
Ni le président Emmanuel Macron, ni son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, n’avaient réagi samedi. Pas plus que le Premier ministre François Bayrou et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui avait défendu une ligne plus dure à l’égard de l’Algérie mais qui avait affirmé cette semaine aux côtés du chef du gouvernement qu’il ne voulait « gâcher aucune chance, d’ici notamment la fin de la semaine, pour que Boualem Sansal puisse être libéré ». Il reste encore la possibilité d’une grâce individuelle pour raison humanitaire puisque le président algérien dispose d’un pouvoir discrétionnaire en dehors de la fête nationale ou des fêtes religieuses, soulignent des sources diplomatiques.
Grâce individuelle ?
« Il était difficile de le gracier à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, alors que la justice lui reproche d’avoir porté atteinte à l’intégrité du territoire », décrypte de son côté Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen auprès de l’AFP. « Mais cela ne veut pas dire que la porte est complètement fermée », opine-t-il. « On sait qu’il y a des médiateurs solides comme l’Italie et l’Allemagne qui travaillent en coulisses », dit-il.
Et « une grâce et une libération pour des raisons humanitaires restent la voie la plus appropriée », estime-t-il, évoquant l’option d’une remise en liberté pour que l’écrivain puisse recevoir des soins médicaux en Algérie. « Nous ne croyons plus dans le geste humanitaire eu égard à la diabolisation dont fait l’objet Boualem Sansal dans la presse algérienne et auprès de l’opinion publique algérienne », a déclaré à l’AFP Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien du Franco-Algérien. Jeudi, après la confirmation de la peine de 5 ans de prison ferme, la presse algérienne s’interrogeait, elle, sur les raisons de « la fixation » du gouvernement français sur Boualem Sansal, à l’instar du journal Le Soir d’Algérie, quotidien qui reflète la ligne officielle. « Selon les chiffres du ministère français des Affaires étrangères, il y a près de 1 700 Français détenus à l’étranger en 2024. Pourtant, il n’y a qu’un seul qui semble intéresser le gouvernement et une partie de la classe politique : Boualem Sansal », soulignait ainsi le journal.
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Publish date : 2025-07-05 14:14:00
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