Il ne reste que trois jours à l’Union européenne pour négocier un accord douanier le moins pénalisant possible, avec les États-Unis. Après une escalade diplomatique début avril, l’administration de Donald Trump a menacé de monter à 20 %, voir à 50 % les taxes douanières sur pour les pays exportant plus vers les Etats-Unis qu’ils n’importent de produits américains. Des seuils qui asphyxieraient de nombreux secteurs de production européens dont la vente des produits dépend des exportations vers les États-Unis.
Le Président américain a finalement accepté de suspendre l’application de ces taxes jusqu’au 9 juillet afin de négocier un accord avec l’UE. Mais si un accord de principe n’est pas trouvé d’ici là, les taxes faramineuses américaines « entreront en vigueur dès le 1er août », a annoncé le ministre américain du Trésor Scott Bessent dimanche 6 juillet.
Selon les informations de l’agence économique Bloomberg, celui-ci devrait pencher largement en faveur des États-Unis, mais permettre de faire redescendre le taux de taxe douanier à 10 %, le tarif universel sur lequel Washington est intransigeant. Le porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill, a confirmé que « des progrès ont été réalisés vers un accord de principe » et que « la Commission renouera avec les États-Unis sur le fond ce week-end ». Certaines capitales européennes poussent pour un accord rapide afin d’éviter l’escalade, tandis que d’autres souhaitent négocier en position de force en répondant aux mesures de Donald Trump par des contre-mesures.
Protéger le secteur de l’automobile
L’un des objectifs de la Commission est de négocier des exceptions, pour que certains secteurs clefs se voient imposer des taux inférieurs, comme les produits pharmaceutiques, l’alcool, les semi-conducteurs et les avions commerciaux. Cela permettrait de protéger les filières industrielles européennes qui dépendent de la consommation du public américain.
Parmi les filières dépendantes, celles l’automobile et de l’aluminium et l’acier, deux secteurs, qui seraient complètement asphyxiés par des surtaxes spécifiques annoncées de 25 % et 50 %, sont au cœur des discussions entre les délégations américaines et européennes. Pour bénéficier d’un geste sur ces filières, Bruxelles devra probablement importer beaucoup plus d’hydrocarbures américains. Mais ce geste, qui profiterait surtout à l’Allemagne, provoque des critiques de certains observateurs européens, qui considèrent que l’économie allemande serait ainsi avantagée comparée à celle des autres membres.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a soutenu le mois dernier l’idée d’une règle dite de compensation qui offrirait un allègement tarifaire aux constructeurs automobiles européens qui produisent des automobiles aux États-Unis. La Commission n’a pas encore approuvé ce mécanisme, selon les sources de Bloomberg, car « les responsables européens craignent qu’une telle mesure ne détourne la production et les investissements hors d’Europe ».
Selon les sources de l’Agence de presse, « les discussions sur les tarifs sectoriels de Trump sur les voitures ainsi que sur l’acier et l’aluminium ont été particulièrement difficiles, et ne devraient pas être résolues d’ici la semaine prochaine ». Tout accord initial accepté par les deux parties avant le 9 juillet serait probablement court et non juridiquement contraignant.
Et si l’on ne trouve pas d’accord ?
« Nous souhaitons une solution négociée, mais vous savez que nous nous préparons également à l’éventualité qu’aucun accord satisfaisant ne soit trouvée », a déclaré jeudi dernier à la presse la présidente de la Commission. « Nous défendrons les intérêts européens autant que nécessaires ; autrement dit, tous les instruments sont sur la table », a-t-elle mis en garde.
L’UE a d’ores et déjà approuvé durant la période d’escalade des droits de douane sur 21 milliards d’euros de marchandises américaines, qui peuvent être rapidement appliqués en réponse aux taxes américaines. Ces droits ciblent des États américains politiquement sensibles et incluent des produits tels que le soja de Louisiane, où réside le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, ainsi que des produits agricoles, de la volaille et des motos.
L’Union européenne a également préparé une liste supplémentaire de droits de douane sur 95 milliards d’euros de produits américains qui cibleraient des produits industriels, notamment les avions de Boeing, les voitures américaines et certains spiritueux comme le bourbon. Selon Bloomberg, L’UE consulte également ses États membres afin d’identifier les domaines stratégiques dans lesquels les États-Unis dépendent de l’Union, ainsi que d’éventuelles mesures allant au-delà des droits de douane, telles que le contrôle des exportations et les restrictions sur les marchés publics.
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Author : Enola Richet
Publish date : 2025-07-06 15:10:00
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