Chaque été, c’est le même scénario. Les grandes soirées sportives, les premières vagues de chaleur, puis le premier week-end de départ en vacances : autant de jalons qui, pour beaucoup de Français, marquent l’arrivée des beaux jours et le début tant attendu des congés d’été. Mais à cette légèreté estivale se superpose, presque mécaniquement, une autre séquence plus chaotique : violences urbaines, pays désorganisé, transports bloqués. Un autre visage de l’été français, que l’on connaît trop bien. Et cette année encore, les premières semaines de juin et juillet en ont offert une démonstration éclatante.
Début juin, la victoire du PSG en Ligue des champions a une nouvelle fois été suivie de violences. Le match se jouait à Munich, mais ce sont les rues françaises qui se sont transformées en scènes de chaos. Le football a, une fois de plus, servi de prétexte à des pillages, des agressions, des destructions. Les incidents se sont achevés par deux morts, plus de 500 interpellations et près de 300 gardes à vue. Un scénario tristement attendu : deux ans plus tôt, la finale organisée cette fois-ci à Paris avait déjà tourné au fiasco sécuritaire. Ailleurs en Europe, des réponses ont été apportées. Par exemple, le Royaume-Uni qui a connu de graves débordements dans les années 1980, a su mettre en place les mesures pour inverser la spirale et apaiser les soirs de matchs. Interdictions de stade, vidéosurveillance, dialogue, renseignement en amont des matchs et sanctions renforcées : une véritable doctrine a été mise en place et les résultats ont suivi. De quoi laisser songeur !
Autre incontournable de l’été : les épisodes de forte chaleur. Le 1er juillet, 1 350 écoles ont fermé en raison de la canicule, certaines classes atteignant 39 °C. De nombreuses crèches et centres de loisirs ont suivi. La chaleur a désorganisé le quotidien de milliers de familles, comme si le pays découvrait encore que les étés allaient devenir de plus en plus éprouvants. Une impréparation dangereuse, qui a déjà coûté la vie à près de 7 000 personnes en 2022, et à 5 000 en 2023. Pourtant, ailleurs les pays s’adaptent. En Espagne, les villes de Catalogne ont cartographié tous les lieux publics climatisés accessibles gratuitement aux personnes vulnérables. Ce maillage de « refuges climatiques » permet d’anticiper plutôt que de subir. Dans d’autres pays, c’est la climatisation individuelle qui s’est généralisée : plus de 90 % des foyers sont équipés aux Etats-Unis ou encore au Japon. Un rejet idéologique d’autant plus incompréhensible que la France est sans doute le pays le mieux armé pour faire autrement. Avec une électricité décarbonée à 95 % et une production excédentaire en été, elle pourrait devenir un modèle de climatisation raisonnée, efficace et durable.
Interdire les grèves pendant les congés ?
Enfin, le troisième acte du triptyque ne s’est pas fait attendre. Les 3 et 4 juillet, les contrôleurs aériens ont lancé un mouvement social qui a déjà perturbé le début des congés et a affecté des dizaines de milliers de voyageurs. Le motif ? Dénoncer une réforme qui vise à s’assurer via une pointeuse que chaque agent soit bien présent à son poste et que la sécurité du trafic soit ainsi garantie. Ailleurs en Europe, de telles perturbations à ce moment de l’année seraient encadrées, voire empêchées. En Italie, les congés d’été, les fêtes de fin d’année ou les ponts de Pâques sont sanctuarisés : les grèves y sont interdites pendant ces périodes critiques. Au Royaume-Uni, une loi adoptée en 2023 impose un service minimum dans les transports aériens, avec possibilité de réquisition de personnels essentiels.
Alors, faut-il désespérer des étés français ? Si certains se contentent de s’agacer sans agir ou, pire, de feindre à chaque fois l’étonnement devant de telles situations, d’autres pays ont fait le choix d’agir face à la violence, au dogmatisme ou aux blocages et ont prouvé que rien n’était inéluctable. Alors oui, il y a des raisons d’espérer. Mais il y a surtout des décisions à prendre, ici et maintenant. L’été 2024 et les Jeux olympiques l’ont montré : lorsqu’elle le veut, la France sait, elle aussi, être un exemple.
Jean-François Copé, ancien ministre et maire (LR) de Meaux
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Author : Jean-François Copé
Publish date : 2025-07-08 11:00:00
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