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Vignoble alsacien, milieux chics de Zurich, périple en Colombie… Ces trois livres à lire cet été

Vignoble alsacien, milieux chics de Zurich, périple en Colombie… Ces trois livres à lire cet été

Le cosy crime de Martin Suter

Quand les connaisseurs parlent de la littérature suisse contemporaine, ils louent souvent Fritz Zorn et son terrible Mars, paru juste avant la mort de l’écrivain en 1976. Ces dernières années, l’habile fabricant de best-sellers genevois Joël Dicker a fait de l’ombre à la littérature helvète. Or il n’y a pas que La Vérité sur l’affaire Harry Quebert dans la vie, et, aux amateurs d’intrigues sophistiquées, on conseille de se tourner plutôt vers Allmen et le dernier des Weynfeldt de Martin Suter. Rien que la sublime couverture, signée Mathieu Persan (déjà auteur des dessins illustrant les romans d’Elizabeth Jane Howard), donne envie de poser le livre en bonne place dans sa bibliothèque.

Il y est question d’un détective dandy un peu désargenté (Allmen), auquel le riche héritier Weynfeldt fait appel pour résoudre un mystère qui intervient rarement dans les milieux défavorisés : la disparition d’un Picasso (ou présumé tel) ! Auteur par le passé de textes de chansons pour Stephan Eicher, Suter écrit dans un style ciselé. Personnages et décors élégants, répliques spirituelles, ce cosy crime est un régal à offrir aux lecteurs nostalgiques qui aiment à la fois la Série noire d’antan et les livres de Somerset Maugham. Inutile de charger ses valises de pavés avant de partir en vacances cet été : les deux tomes de la Pléiade Sherlock Holmes et ce roman de Martin Suter suffiront à agrémenter quinze jours de détente chic. L.-H. L. R.

Allmen et le dernier Weynfeldt par Martin Suter. Trad. de l’allemand (Suisse) par Olivier Mannoni. Phébus, 189 p., 16,50 €.

Manège colombien

Fonctionnaire au ministère de l’Economie, Alexandre Lasheras réussit avec Le Manège des Andes un premier roman tourbillonnant sur le pays où il a vécu quatre ans : la Colombie. De la froide Bogota à Carthagène des Indes, perle des Caraïbes, en passant par la plage de Santa Marta, on y suit trois femmes dont le destin va s’entrecroiser sur fond de crise migratoire. Yulima, jeune mère vénézuélienne, fuit la misère du régime chaviste ; Sol, Colombienne de la classe moyenne, rêve de faire fortune grâce aux accessoires canins, tandis que la Sicilienne Gilda travaille pour une agence des Nations unies chargée des migrants.

Alexandre Lasheras entrecoupe son intrigue avec des chapitres inspirés sur Simon Bolivar, le « libérateur » du continent sud-américain au début du XIXe siècle, dont la dépouille à Caracas a fini par être exhumée par Hugo Chavez en 2010 dans un grand moment délirant. Mais la vraie star du livre, c’est la chanteuse Karol G, vedette nationale en Colombie qui a féminisé le genre très machiste du reggaeton. Une furieuse envie en sortant de ce manège andin : prendre un billet pour Bogota, tout en parcourant la discographie de Karol G sur Spotify. T. M.

Le Manège des Andes, par Alexandre Lasheras. Le Bruit du monde, 321 p, 21 €.

Retour à Colmar

Jean-Christophe Bas est un haut fonctionnaire passé par toutes les grandes institutions internationales, de la Banque mondiale à l’ONU, de New York à Bruxelles avec séjour annuel à Davos. Mais son premier roman, une autofiction, est le récit sensible d’un retour sur sa terre natale, en Alsace, pour organiser les funérailles de son père, médecin, notable et humaniste européen, précurseur de la réconciliation franco-allemande. « Chacun n’est devenu tout à fait soi-même que le jour où ses parents sont morts », disait Henry de Montherlant.

A travers ce retour à Colmar, Jean-Christophe Bas évoque avec finesse la crise personnelle d’un homme arrivé à mi-parcours, qui à l’heure de dire adieu à ses parents se pose la question de savoir où est sa place dans une histoire familiale. Loin des actuelles crispations identitaires, Jean-Christophe Bas montre qu’on peut avoir les pieds ancrés dans le vignoble alsacien tout en étant ouvert au monde et aimer découvrir d’autres cultures. Pour reprendre la distinction en vogue du journaliste britannique David Goodhart, le « gentilhomme du XXIe siècle » sera donc à la fois un « anywhere » et un « somewhere », un mondialiste à l’aise avec ses racines régionales. T. M.

La Semaine où j’ai enterré mon père, par Jean-Christophe Bas. Télémaque, 167 p., 19 €.



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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld, Thomas Mahler

Publish date : 2025-07-12 09:00:00

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