Des négociations, puis des bombardements… avant de nouveaux pourparlers ? Depuis les frappes américaines sur les sites du programme nucléaire iranien à Natanz, Fordo et Ispahan, dans la nuit du 21 au 22 juin, Téhéran et Washington ont mis un terme aux discussions portant sur les velléités atomiques de la République islamique. Forcément, l’opération ordonnée par Donald Trump, combinée à la guerre menée par Israël contre l’Iran durant 12 jours au mois de juin, n’était pas de nature à favoriser une nouvelle session diplomatique sur le sujet.
L’Iran pas opposé à de nouvelles négociations
Pourtant, moins d’un mois après l’intervention de l’US Army, Téhéran laisse entrevoir la possibilité d’une reprise des échanges. « La République islamique d’Iran reste disposée à instaurer cette confiance par la diplomatie, mais, avant cela, nos homologues doivent nous convaincre qu’ils souhaitent la diplomatie et non [que cette dernière ne] serve à masquer d’autres objectifs », a ainsi déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, samedi 12 juillet, depuis la capitale iranienne.
Plus tôt dans le mois, le président du pays, Massoud Pezeshkian, avait affirmé que l’Iran pourrait « très facilement résoudre ses différends et ses conflits avec les États-Unis par le dialogue et les négociations ». Des propos prononcés lors d’un entretien avec l’animateur ultraconservateur Tucker Carlson, proche de la galaxie trumpiste Maga (« Make America Great Again »). La formule du dirigeant durant cette interview avait d’ailleurs suscité des critiques de la part d’une partie de la presse iranienne, lui reprochant des propos « trop doux » vis-à-vis des États-Unis.
L’épisode illustre parfaitement la lutte de pouvoir en marche à Téhéran quant à la posture à adopter sur la question du nucléaire. Dans un article publié ce samedi 13 juillet, le Washington Post schématise un pouvoir divisé : les partisans de la négociation avec les puissances occidentales face à ceux favorisant une confrontation avec les nations rivales. La première voie semble en tout cas poussée par un certain nombre de responsables aujourd’hui en poste. Côté américain, la tendance d’une nouvelle rencontre paraît aussi se dessiner. L’envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, indiquait le 7 juillet que les discussions américano-iraniennes pourraient reprendre « très rapidement ».
Vulnérabilité iranienne
L’annonce, le 2 juillet, de la suspension de la coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’instance onusienne chargée de la surveillance des installations nucléaires, paraissait à l’inverse comme un mauvais signal envoyé à la communauté internationale. Samedi, Abbas Araghchi a de nouveau tenté de tempérer cette position pour replacer Téhéran dans le jeu diplomatique. « Notre coopération avec l’Agence ne s’est pas interrompue, mais elle prendra une nouvelle forme », a assuré le chef de la diplomatie iranienne.
L’Iran a-t-il intérêt à engager des discussions ? Le régime des mollahs est apparu affaibli militairement lors de la confrontation face à Israël. Durant les près de deux semaines de conflit, l’État hébreu a multiplié les frappes sur l’ensemble de son territoire, l’armée iranienne se trouvant incapable d’intercepter la plupart des missiles adverses. La réponse de Téhéran à l’intervention américaine – des bombardements sur une base américaine au Qatar – a quant à elle été raillée par Donald Trump, qui l’a qualifiée de « très faible ».
Ainsi, l’affichage au grand jour de cette vulnérabilité pourrait enjoindre une partie du pouvoir iranien à soutenir la reprise du dialogue avec les États-Unis, plutôt qu’un nouveau conflit. Et ce, malgré une opération militaire menée il y a seulement quelques semaines par les soldats américains sur son propre sol… « Je m’attendrais, après tout ce qui s’est passé, la guerre et tout le reste, à une position unanime rejetant tout engagement avec les États-Unis. […] Mais en réalité, c’est plutôt l’inverse qui se produit », s’étonne auprès du Washington Post Hamidreza Azizi, chercheur invité à l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité.
Lignes rouges
Mais l’Iran prévient déjà : une éventuelle reprise des négociations serait conditionnée à plusieurs lignes rouges. « Nous n’accepterons aucun accord qui ne comprendra pas [un droit à] l’enrichissement » d’uranium, a insisté Abbas Araghchi, lors de sa prise de parole samedi. Le responsable a également répété que l’Iran comptait uniquement négocier sur la problématique du nucléaire et ne pas inclure l’état de son arsenal balistique dans les discussions. « La République islamique d’Iran maintiendra ses capacités, notamment militaires, en toutes circonstances », a-t-il ainsi affirmé.
Toujours d’après le Washington Post, Téhéran pourrait par ailleurs chercher à obtenir la garantie qu’Israël n’attaquerait pas de nouveau son territoire durant de nouveaux pourparlers. « Avant que l’Iran ne s’engage dans une nouvelle voie diplomatique avec les Américains, il veut avoir cette garantie, que ce soit par le biais de médiateurs ou d’un cadre juridique, quel qu’il soit », souligne ainsi auprès du quotidien américain Mostafa Najafi, un analyste basé à Téhéran et proche des sources sécuritaires iraniennes.
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Publish date : 2025-07-13 12:48:00
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