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Droits de douane de Donald Trump : quels pays européens risquent d’être le plus touchés ?

Droits de douane de Donald Trump : quels pays européens risquent d’être le plus touchés ?

L’annonce est tombée comme un coup de massue, faisant de nouveau grimper les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe. Samedi 12 juillet, le président américain Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 30 % pour tous les pays de l’Union européenne, à partir du 1er août.

Alors que les négociations commerciales entre Bruxelles et Washington étaient toujours en cours, pour parvenir à un seuil unique minimal de taxation de 10 % sur une série de produits européens, à l’image de l’accord conclu entre le Royaume-Uni et les États-Unis, cette décision prise de manière unilatérale a jeté un froid. Dans une lettre rendue publique, le locataire de la Maison-Blanche a justifié ces tarifs douaniers par un déséquilibre commercial avec l’Union européenne, défavorable aux Américains.

Préparer « des contre-mesures crédibles »

Ce lundi 14 juillet, les ministres du Commerce des Vingt-Sept se réunissent pour tenter d’apporter une réponse commune face à cette nouvelle escalade de la part du président Trump. Samedi, le président français Emmanuel Macron a exhorté la Commission européenne à « défendre résolument les intérêts européens » et à « accélérer la préparation de contre-mesures crédibles » s’il le faut.

De son côté, la ministre allemande de l’Économie, Katherina Reiche, a pour sa part appelé l’UE à négocier de « manière pragmatique », tandis qu’à Rome, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a estimé qu’il « est désormais essentiel de rester concentré sur les négociations, en évitant toute polarisation qui rendrait la conclusion d’un accord plus difficile ». En cas d’impossibilité de trouver un accord avec Washington d’ici le 1er août, les pays européens, plus ou moins exportateurs, ne souffriraient cependant pas les mêmes conséquences.

L’Irlande craint pour son industrie pharmaceutique

En 2023, l’UE a exporté pour 822,5 milliards d’euros de biens et de services vers les États-Unis, tandis qu’elle en a importé pour 774,5 milliards. L’UE exporte davantage de biens vers les États-Unis, mais importe beaucoup plus ses services.

L’Irlande est le pays qui enregistre l’excédent le plus large des membres de l’UE avec 86,7 milliards de dollars. Cela s’explique par l’implantation dans ce pays des grands groupes américains, notamment pharmaceutiques. Des laboratoires américains comme Pfizer, Eli Lilly ou Johnson & Johnson par exemple se sont installés en Irlande pour y bénéficier d’un impôt à 15 % sur les grandes sociétés, contre 21 % aux États-Unis.

Ces sociétés peuvent ainsi héberger leurs brevets en Irlande et vendre sur le marché américain, où les prix des médicaments sont traditionnellement plus élevés que dans le reste du monde. Les produits pharmaceutiques sont ainsi les biens les plus exportés depuis l’Europe vers les États-Unis (22,5 % du total en 2024 selon Eurostat) et ils sont pour l’heure exemptés de droits de douane imposés par Washington. Plusieurs groupes pharmaceutiques ont déjà annoncé des investissements aux États-Unis pour y renforcer leur production.

L’Irlande accueille par ailleurs sur son sol la plupart des sièges européens des géants américains de la « tech », comme Apple, Google ou Meta, également attirés par la fiscalité irlandaise attractive.

L’automobile allemande dans le viseur

Les États-Unis sont aussi un marché clé pour l’industrie automobile européenne, qui y a exporté en 2024 près de 750 000 voitures pour une valeur de 38,5 milliards d’euros, selon l’Association européenne des constructeurs (ACEA). L’Allemagne produit la majorité de ces voitures exportées, notamment des berlines, SUV et sportives premium de chez Audi, Porsche, BMW ou Mercedes. En 2024, les États-Unis représentaient par exemple 23 % du chiffre d’affaires de Mercedes : le constructeur y produit également ses SUV, qu’il exporte en dehors du pays.

Première économie de l’UE, l’Allemagne est ainsi particulièrement sous pression en raison de sa dépendance aux exportations : elle affiche un excédent de 84,8 milliards de dollars avec les États-Unis. Le chancelier allemand Friedrich Merz avait spécifiquement mentionné le 23 juin l’automobile, la chimie, la pharmacie, la construction mécanique et l’acier, comme secteurs clés qui devraient être prioritaires pour la Commission européenne, chargée des négociations commerciales au nom des 27 pays membres.

En France et en Italie, des conséquences pour le luxe et l’agroalimentaire

L’Italie et la France, avec respectivement 44 milliards de dollars et 16,4 milliards de dollars d’excédent, seraient a priori moins touchés. Toutefois, l’impact varie d’un secteur d’activité à l’autre au sein de chacune de ces deux économies. L’agroalimentaire et les produits viticoles seraient particulièrement affectés dans les deux pays, avec des débouchés commerciaux importants.

« Imposer des droits de douane de 30 % sur les produits agroalimentaires européens – et donc italiens – porterait un coup dur à l’économie réelle, aux entreprises agricoles », a réagi la principale organisation représentant le secteur agricole en Italie, Coldiretti. Parmi les secteurs français les plus exposés, figurent également l’aéronautique – qui représente un cinquième des exportations de la France vers les États-Unis -, le luxe (parfums, maroquinerie, etc.), les vins et le cognac.

Les États-Unis représentent en effet le premier marché à l’international du secteur des vins et spiritueux français, pour un total de 3,8 milliards d’euros en 2024, selon leur fédération (FEVS). Ce taux d’imposition sur les exportations européennes serait une « catastrophe » pour le secteur français, a réagi samedi Jérôme Despey, patron de la branche viticulture du syndicat FNSEA.

L’aéronautique française sera par ailleurs fortement pénalisée. Depuis le 12 mars, une surtaxe douanière de 25 % s’applique déjà sur les importations aux États-Unis d’aluminium et d’acier, matériaux phares du secteur. Et l’ensemble des produits (dont les avions) importés d’Europe doivent s’acquitter d’une surtaxe de 10 %.

La relation commerciale Etats-Unis – UE représente 30 % des échanges mondiaux, avec 1 680 milliards d’euros de biens et services échangés en 2024, selon la Commission européenne. En cas de forte imposition, la présidente de l’exécutif européen a dit samedi craindre une perturbation « des chaînes d’approvisionnement transatlantiques essentielles, au détriment des entreprises et des consommateurs ».



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Publish date : 2025-07-14 11:51:00

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