Une fois de plus, Donald Trump n’a pas mâché ses mots. « Je suis déçu par Vladimir Poutine », a-t-il déclaré lundi 14 juillet à la Maison-Blanche, reprochant au président russe de prolonger la guerre en Ukraine entamée en février 2022. « Je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois, mais ça ne semble pas se concrétiser », a-t-il poursuivi aux côtés du secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.
Le président américain a alors donné un ultimatum de 50 jours à la Russie pour mettre fin au conflit sous peine de sanctions sévères. Et par sanctions sévères, Donald Trump entend « mettre en place des droits de douane secondaires » de 100 % contre les alliés de Moscou. Une mesure qui viserait en premier lieu les pays achetant massivement du pétrole russe. L’ambassadeur américain auprès de l’Otan, Matt Whitaker, a d’ailleurs cité explicitement l’Inde et la Chine. Mais d’autres pays clés, comme la Turquie et le Kazakhstan, pourraient aussi être frappés.
Pékin, l’allié incontournable de Moscou
La Chine est de loin le premier partenaire commercial de la Russie. En 2023, 32,7 % des exportations russes étaient destinées au marché chinois, tandis que plus de la moitié des importations russes (53 %) provenaient de Chine selon The Observatory of Economic Complexity (OEC). Les échanges entre les deux pays atteignent désormais près de 250 milliards de dollars par an, notamment d’importantes importations de pétrole par la Chine. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Chine achète plus d’un million de barils de pétrole par jour à la Russie, un flux resté constant mais sans augmentation majeure.
Face à la menace de Donald Trump, Pékin a vivement réagi. « La coercition ou les pressions ne peuvent résoudre les problèmes », a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, tout en réaffirmant la position de la Chine en faveur d’une « solution politique à la crise ukrainienne ». Xi Jinping a d’ailleurs déclaré ce mardi 15 juillet, selon l’agence officielle Chine nouvelle, que les deux pays devaient « mettre en œuvre le consensus important » atteint avec le président russe et « renforcer leur soutien mutuel dans les forums multilatéraux »
Pour de nombreux experts cités par le quotidien américain New York Times, la mise en œuvre réelle de telles sanctions est peu probable. Affronter la deuxième économie mondiale sur ce terrain impliquerait pour Donald Trump de risquer une escalade commerciale majeure avec Pékin. Un pari jugé risqué, d’autant que le président américain a répété à plusieurs reprises la moindre importance stratégique de l’Ukraine pour les Etats-Unis.
L’Inde, un client pétrolier stratégique
L’Inde est également devenue, depuis l’invasion de l’Ukraine, un client essentiel pour le pétrole russe. En 2025, plus d’un tiers des importations pétrolières indiennes proviennent de la Russie, contre moins de 1 % avant la guerre. Selon les données de Kpler citées par Bloomberg, l’Inde a importé 2,1 millions de barils par jour en juin, un niveau proche du record historique de mai 2023. Au total, 16,8 % des exportations russes étaient destinées à l’Inde en 2023.
Toutefois, en cas de sanctions effectives, New Delhi dispose d’alternatives. « Si vraiment la situation devient critique et que l’Inde ne peut plus acheter de pétrole russe, elle a la possibilité de se tourner vers d’autres membres de l’OPEP », a expliqué Mukesh Sahdev, analyste chez Rystad Energy, à Bloomberg. Mais cette alternative a un coût : en mai, les importations en provenance d’Arabie saoudite étaient plus chères de 5 dollars par baril que celles de Russie, et les cargaisons irakiennes coûtaient environ 50 centimes de plus.
La Turquie, un partenaire économique en plein essor
La Turquie est un partenaire économique de plus en plus stratégique pour Moscou. En 2023, 7,86 % des exportations russes et 5,21 % des importations de produits concernaient Ankara selon l’OEC, faisant de la Turquie la deuxième destination de biens russes en valeur, derrière la Chine. Les deux pays visent désormais un objectif ambitieux : 100 milliards de dollars d’échanges commerciaux dans les années à venir.
Lors de la 19ᵉ session de la Commission économique mixte intergouvernementale (JEC Turquie-Russie), tenue à Moscou le 27 juin dernier, de nouveaux accords ont été signés pour renforcer la coopération bilatérale. Ils couvrent des secteurs variés : énergie, agriculture, environnement, travaux publics, transports et même lutte contre le changement climatique.
Le vice-ministre turc de l’Environnement, Ömer Bulut, a souligné l’importance de cette coopération, affirmant qu’elle contribue à la stabilité régionale grâce à un dialogue basé sur « la confiance et le respect mutuel ». La Turquie joue également un rôle clé comme hub logistique pour le transit de l’énergie russe, un élément qui la place dans le viseur potentiel de Washington.
Le Kazakhstan, un voisin inséparable
Le Kazakhstan, lui, est un voisin incontournable pour la Russie. En 2023, il représentait 4,09 % des exportations et 4,71 % des importations russes, d’après l’OEC. La coopération bilatérale s’est notamment intensifiée ces dernières années : 23 000 entreprises russes opéraient au Kazakhstan en 2023, dont 4 000 créées cette même année, selon les autorités kazakhes. Le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev qualifie d’ailleurs cette relation d' »amitié solide et durable » et rappelle des liens « historiques et culturels profonds ».
Toutefois, Astana cherche aussi à diversifier ses partenariats et à réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou en explorant de nouveaux corridors commerciaux via la Turquie et la Chine. Un choix qui pourrait atténuer l’impact de futures sanctions américaines.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-07-15 12:39:00
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