Au tour de Damas de connaître la terreur des bombes israéliennes. Après Gaza, Beyrouth ou plus récemment Téhéran, l’armée israélienne a mené une série de frappes sur la capitale syrienne le 16 juillet, touchant le ministère de la Défense et provoquant une déflagration près du palais présidentiel. « Nous menons en ce moment des dizaines de frappes en Syrie, à la fois à Damas mais surtout contre des tanks, des lance-roquettes et des pick-up chargés d’armes lourdes qui se dirigent vers le sud du pays, assure une source militaire israélienne. Nous avons aussi frappé des routes pour empêcher tout déploiement dans cette zone. Nous envoyons un message très clair au régime syrien sur nos intentions et sur la manière dont nous percevons leurs intentions… »
Ces bombardements israéliens interviennent après plusieurs jours de combats dans la province de Soueïda, une zone à majorité druze proche de la frontière israélienne, dans le sud de la Syrie. Le gouvernement de transition syrien, au pouvoir depuis la fuite de Bachar el-Assad fin 2024, entend reprendre le contrôle de l’ensemble de son territoire et se trouvait sur le point d’y parvenir à Soueïda, avant l’intervention de l’armée israélienne en faveur des combattants druzes. « Nous avons deux objectifs principaux, reprend la source israélienne : d’abord empêcher le massacre des Druzes, puis nous assurer que le sud de la Syrie soit une zone démilitarisée. Nous avons retenu la leçon et ne tolérerons aucune activité militaire à nos frontières qui ferait peser une menace sur nos citoyens. »
Huge explosions were seen in Damascus as Israel bombed Syria’s defence ministry during a live Al Jazeera broadcast nearby. pic.twitter.com/Fe7N6xH02I
— Al Jazeera English (@AJEnglish) July 16, 2025
Les combats entre l’armée régulière et les forces druzes auraient fait plus de 300 morts en quelques jours, alors que la cause des Druzes reste très populaire en Israël, une minorité fortement présente dans le nord de l’État hébreu (140 000 personnes). Ce 16 juillet, des milliers de Druzes israéliens ont franchi la frontière pour aller soutenir leur communauté en Syrie, sans que Tsahal ne réussisse à les bloquer.
Cette séquence de bombardements marque la fin d’une période de relative accalmie entre la Syrie et Israël. Depuis la chute d’Al-Assad, le nouveau gouvernement syrien, pourtant composé d’anciens membres de groupes djihadistes, se gardait de toutes menaces ou critiques envers l’Etat hébreu, malgré les nombreuses frappes israéliennes qui ont touché le territoire syrien et les dépôts d’armes de l’ancien régime. En récompense, le président Ahmed al-Charaa avait obtenu une levée de la plupart des sanctions occidentales et une poignée de main avec Donald Trump en mai dernier. Des rumeurs de normalisation entre Damas et Tel-Aviv circulaient d’ailleurs de plus en plus fort ces derniers jours.
Les attaques israéliennes s’étaient, aussi, largement espacées dans le temps. « Israël ne pouvait pas ignorer les efforts de modération d’l-Charaa et les mesures qu’il a prises pour défendre les intérêts sécuritaires d’Israël, souligne Carmit Valensi, politologue à l’Institute for National Security Studies de Tel-Aviv. Il a par exemple ordonné l’arrestation de Palestiniens affiliés au Hamas ou au Jihad islamique, et a fait en sorte de limiter au maximum les transferts d’armes vers le Hezbollah libanais. »
Comme avec l’Iran, Trump aura le dernier mot
Autre signe de rapprochement : le comportement du gouvernement syrien pendant la guerre des douze jours entre l’Iran et Israël. Contrairement à la grande majorité des pays arabes, Damas n’a ni condamné les attaques israéliennes contre Téhéran ni même commenté les opérations de Tsahal dans son propre espace aérien, l’aviation israélienne se retrouvant libre de traverser la Syrie pour frapper l’Iran. « Cette attitude a mis en évidence les intérêts communs entre la Syrie et Israël, estime Carmit Valensi : affaiblir l’influence régionale de l’Iran et neutraliser sa menace militaire. »
Mais cet espoir d’une nouvelle ère dans les relations entre les deux voisins s’est envolé cette semaine. Plusieurs ministres israéliens ont menacé personnellement le « terroriste » al-Charaa et, d’après un responsable militaire, une unité de l’armée israélienne déployée dans la bande de Gaza se prépare déjà à rejoindre la frontière avec la Syrie, anticipant un affrontement plus important.
Comme dans le dossier iranien, l’avenir de la confrontation se décidera sans doute à la Maison-Blanche. Si Tsahal affirme que les frappes israéliennes sur Damas ont été réalisées en « concertation » avec les Etats-Unis, le média Axios affirme que c’est bien l’administration Trump qui a imposé l’arrêt des bombardements au gouvernement Netanyahou. « Les officiels américains craignent que ces attaques israéliennes puissent déstabiliser le nouveau gouvernement syrien », écrit le journaliste Barak Ravid. Un scénario du chaos qui ne bénéficierait à personne, et surtout pas à Israël.
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Author : Corentin Pennarguear
Publish date : 2025-07-16 17:10:00
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