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Bien manger pour garder la forme : les astuces d’une experte de la nutrition

Bien manger pour garder la forme : les astuces d’une experte de la nutrition

Mathilde Touvier dirige depuis 2019 l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren) à l’Inserm et à l’université Sorbonne Paris-Nord. Cette scientifique passe ses journées plongée dans les données de la cohorte NutriNet-Santé, où sont compilées des informations sur l’alimentation et les pathologies de quelque 180 000 Français. Un outil unique en son genre, qui lui a permis de mettre en lumière des associations entre la consommation d’aliments ultratransformés, d’édulcorants ou de certains additifs avec différentes maladies – cancers, obésité, diabète de type 2… Diplômée d’AgroParisTech et d’un doctorat en santé publique, elle n’est pas médecin, mais ses recherches et celles de son équipe, qui portent sur des sujets aussi variés que les effets des horaires des repas, des polluants liés aux emballages alimentaires ou du Nutri-Score, contribuent à sauver de très nombreuses vies en faisant évoluer les recommandations officielles et en nous aidant à manger plus sainement.

Mais une fois chez elle, loin de son ordinateur et de ses statistiques, comment cette mère de deux ados réussit-elle à s’appliquer à elle-même et à sa famille les leçons tirées de ses travaux ? Parce qu’au quotidien, il n’est pas si facile d’éviter les aliments ultratransformés et le grignotage, de manger cinq fruits et légumes par jour, de ne pas dîner trop tard, ni trop gras, trop salé ou trop sucré… « J’aime beaucoup cuisiner mais j’ai très peu de temps pour cela en semaine. Je profite du week-end pour planifier des menus pour la semaine, et mon mari fait toutes les courses en une seule fois », explique Mathilde Touvier. Elle le reconnaît, sa façon de manger a beaucoup évolué au fil de ses recherches : « Avant, je me préoccupais uniquement de la qualité nutritionnelle des aliments. Cette dimension reste absolument centrale dans le choix de nos repas, mais maintenant, je fais aussi beaucoup plus attention aux additifs et aux emballages. » Exit, donc, les plats préparés et la salade en sachet.

Seuls interdits : les boissons sucrées et les biscuits

Pour ne pas passer plus de dix à quinze minutes aux fourneaux les soirs de semaine, elle cuisine de plus grosses quantités le week-end, et en conserve une partie pour les jours suivants – y compris d’ailleurs pour ses déjeuners. « A l’exception des boissons sucrées et des biscuits qui n’entrent pas chez nous au quotidien, il n’y a pas vraiment d’interdits, pour éviter de tomber dans l’orthorexie. Si on mange un peu plus le week-end à l’occasion de moments festifs, on fait davantage attention aux repas suivants. J’essaie surtout d’équilibrer les repas sur la semaine, et de toujours prévoir deux poissons dont un gras, par exemple des sardines ou des maquereaux en conserve, et d’ajouter deux ou trois fois des légumineuses à mes menus », souligne-t-elle.

Ses plats « vite faits » favoris ? Des filets de poisson, pourquoi pas surgelés, cuits au four puis émiettés dans des wraps ou sur des tranches de pain complet avec quelques tomates, du chou rouge émincé, un peu d’avocat et des haricots rouges, accompagnés de feuilles d’une salade conservée au frigo, et utilisée au fur et à mesure de la semaine avec un peu d’huile d’olive et du vinaigre balsamique. Tout aussi rapide, une sauce tomate maison préparée le week-end (« avec de la pulpe de tomate en bocal, un oignon émincé, du basilic et de l’ail, c’est facile et cela permet de contrôler la quantité de sel et d’éviter le sucre souvent présent dans les sauces toutes prêtes »), ajoutée à la dernière minute à un plat de lentilles. Ou encore des salades composées de pâtes – toujours complètes, pour les fibres – avec des tomates, des courgettes, des carottes émincées à la mandoline, des petits pois surgelés… « Les enfants ont l’impression de manger un plat de pâte, qu’ils adorent, et en réalité, ils avalent aussi beaucoup de légumes », sourit-elle.

Autre astuce, ajouter à des haricots verts de l’huile et des graines de sésame : « Cela passe mieux, ils ont un peu l’impression de manger asiatique. » Pour les desserts, des fruits bien sûr, ou des yaourts nature agrémentés d’une cuillère de confiture ou de crème de marrons, d’un carré de chocolat, ou de fruits à coque (amandes, noisettes…). Et pour renouveler ses idées et varier ses menus d’une semaine sur l’autre, elle s’aide du site mangerbouger.fr, qui propose des recettes en fonction de différents critères (saison, temps de préparation, avec des enfants, petit budget, végétarien…).

De la viande rouge une ou deux fois par mois

Mathilde Touvier privilégie le bio, sans en faire pour autant une règle incontournable. « J’ai bien conscience que c’est un peu plus cher : il y a par ailleurs une bataille structurelle à mener pour rendre ces produits, et plus généralement les aliments les plus sains, fruits, légumes, etc., plus accessibles que la nourriture ultratransformée. De notre côté, pour équilibrer nos dépenses, nous n’achetons que des produits de saison, quand même moins chers, des œufs et de la volaille mais peu de fromage, encore moins de viande rouge, peut-être seulement une ou deux fois par mois, pas de charcuterie sauf du jambon blanc », détaille-t-elle. Au supermarché, son mari cherche en priorité les aliments les mieux classés au Nutri-Score, dont le concept a été développé par l’équipe dirigée aujourd’hui par Mathilde. Quand le logo nutritionnel, qui n’est toujours pas obligatoire, ne figure pas sur l’emballage, il se réfère à l’application OpenFoodFacts, créée par une association à but non lucratif aujourd’hui soutenue par Santé publique France : « Il suffit de scanner le code-barres et on obtient le classement du produit. L’application est très pratique aussi pour trouver une référence en fonction de vos critères : si vous cherchez par exemple une crème fraîche sans additifs, elle va vous orienter vers les références à privilégier. »

Ses astuces anti-grignotage ? Un grand bocal plein d’amandes, de noix et de noisettes décortiquées, dans lequel toute la famille peut piocher. « Mais sur les en-cas, ma position a aussi changé. Nos études montrent que si vous avez faim en dehors des repas, il peut être bénéfique de prendre le temps de faire une petite collation, surtout si elle évite ensuite de trop manger au dîner, par exemple », souligne-t-elle. Pour le goûter, les enfants peuvent prendre des fruits et des tartines de pain complet avec de la confiture, ou encore une banane mixée dans un verre de lait – un peu comme au petit déjeuner.

Mathilde Touvier avoue, elle, ne jamais manger le matin : « Nos derniers travaux montrent toutefois que ce n’est probablement pas la meilleure chose à faire : il semble plus bénéfique pour la santé, cardiovasculaire et métabolique notamment, de commencer à manger plus tôt dans la journée, en dînant léger et assez tôt également, pour allonger l’intervalle jusqu’au petit déjeuner. » Encore un point sur lequel ses recherches devraient la faire évoluer à l’avenir…



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Author : Stéphanie Benz

Publish date : 2025-07-23 15:00:00

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