C’est l’histoire d’un fantôme qui revient hanter Donald Trump. Jeffrey Epstein est mort en prison il y a six ans, mais son nom continue de captiver les cercles complotistes convaincus que l’élite est gangrenée par la pédocriminalité. L’affaire resurgit aujourd’hui de manière fracassante, rattrapant le président américain, dont il fut proche un temps. Ironie de l’histoire, Donald Trump a lui-même alimenté pendant des années la complosphère sur l’enquête autour du riche prédateur sexuel qui s’est suicidé avant son procès pour répondre d’accusations de crimes sexuels sur mineures. Après la mort d’Epstein, le milliardaire avait notamment retweeté un message du commentateur conservateur Terrence K. Williams, suggérant que les époux Clinton étaient responsables de son décès.
Alors forcément, quand un mémorandum récemment publié par le ministère de la Justice et le FBI affirme que l’enquête est close et qu’aucune preuve nouvelle n’a été découverte, le monstre complotiste et toute une frange du mouvement MAGA obsédée par cette affaire se rappellent au bon souvenir du président américain.
L’affaire suscite aussi beaucoup de fantasmes – entretenus par de multiples zones d’ombre – autour notamment de l’existence d’une supposée liste de clients d’Epstein. Avec, en parallèle, une communication et une gestion de crise pour le moins chaotiques de la part de l’actuelle administration. La procureure générale des Etats-Unis Pam Bondi avait suggéré en février qu’un tel document se trouvait sur son bureau en attente d’examen. Le ministère de la Justice et le FBI ont déclaré la semaine passée qu’il n’existait pas. Résultat, 69 % des Américains pensent que le gouvernement cache des informations, selon un récent sondage Reuters/Ipsos. Un dossier explosif pour Donald Trump.
D’autant plus que, comme le souligne Russell Muirhead, co-auteur de A Lot of People Are Saying : The New Conspiracism and the Assault on Democracy (2019, non traduit), cette affaire « repose sur une part de réalité ». Pour ce professeur de sciences politiques du prestigieux Dartmouth College, l’affaire Epstein présente de nombreuses zones d’ombre : « lorsque l’explication officielle échoue à répondre à ces interrogations essentielles, elle alimente, encore et toujours, le terreau fertile du complotisme », explique-t-il. Selon lui, la gestion de cette affaire par l’administration américaine actuelle ne fait que renforcer le sentiment que les autorités ont des choses à cacher. Reconnu pour ses travaux sur les théories du complot contemporaines, Russell Muirhead explique enfin en quoi l’affaire Epstein présente de troublantes similarités avec une autre affaire célèbre dans l’histoire des théories du complot : l’assassinat de JFK. Entretien.
L’Express : Selon vous, dans l’histoire des théories du complot, l’affaire Epstein « pose des défis uniques ». « Cela tient au fait qu’elle repose sur une part de vérité », avez-vous récemment commenté. Expliquez-nous…
Russell Muirhead : Il me semble d’abord important de souligner que cette affaire s’inscrit dans un schéma récurrent de situations qui suscitent naturellement l’émergence de théories du complot. Dans leur acception classique, ces théories naissent lorsque l’explication officielle d’un fait marquant est perçue comme insatisfaisante, voire manifestement insuffisante. Un exemple emblématique dans l’histoire récente des Etats-Unis est l’assassinat de John F. Kennedy : comment la personne la plus protégée du pays a-t-elle pu être abattue par un tireur isolé ? Un individu seul, sans ressources, sans aucun soutien institutionnel ? Cela défie l’entendement. Certes, les historiens savent que l’histoire est parfois façonnée par des événements hautement improbables, mais une telle explication ne satisfait pas l’intuition du grand public. Et lorsque la version officielle peine à convaincre, elle ouvre la voie à des décennies de spéculations. C’est ainsi qu’ont émergé plus de vingt-cinq années de théories du complot autour de l’affaire JFK.
Dans le cas de Jeffrey Epstein, plusieurs éléments s’avèrent tout aussi troublants. D’abord, il ne s’agit pas simplement d’un homme ayant abusé de quelques femmes dans un cadre isolé ou marginal. Selon une note publiée il y a environ une semaine par le ministère américain de la Justice — une note de seulement une page et demie —, le message officiel était en substance : « Circulez, il n’y a rien à voir. » Cette affirmation a suscité l’indignation, précisément parce qu’elle ne correspondait en rien à la gravité des faits en cause.
En lisant attentivement ce mémo, on découvre pourtant qu’il y est fait mention de plus de 1 000 victimes. J’en suis littéralement tombé de ma chaise. Parce que jusque-là, les autorités parlaient de dizaines de victimes [NDLR : par ailleurs, une quinzaine de victimes présumées ont témoigné lors d’une audience spéciale après la mort de Jeffrey Epstein]. Et là, on découvre qu’il a en réalité agressé plus de 1 000 femmes, sur de nombreuses années. Et déjà en 2008, Epstein a bénéficié d’un accord judiciaire extrêmement clément alors qu’il était poursuivi par le ministère de la Justice des Etats-Unis. Pourquoi ? A ce jour, aucune réponse satisfaisante n’a été apportée. Ce qui rend l’affaire encore plus déroutante, c’est que l’ancien procureur Alexander Acosta, qui lui a accordé cet arrangement avantageux, s’est retrouvé secrétaire au Travail de Donald Trump lors de son premier mandat présidentiel [NDLR : avant de démissionner en 2019 en lien avec sa gestion de l’affaire Jeffrey Epstein]. Là encore, aucune explication cohérente n’a été fournie.
Essayer de convaincre un complotiste, c’est un peu comme discuter du capitalisme avec un marxiste convaincu
Autre énigme : pourquoi des figures parmi les plus puissantes et les plus célèbres du monde ont-elles côtoyé un homme aussi sinistre et inquiétant ? Dès lors, les personnes qui cherchent à comprendre cette affaire en viennent naturellement à se poser des questions légitimes : comment un individu sans qualifications a-t-il pu bâtir une telle fortune, abuser de plus de 1 000 jeunes filles et entretenir des relations avec les figures les plus influentes de la planète ? En l’absence de réponses claires et satisfaisantes, il est inévitable que chacun commence à formuler ses propres hypothèses. Et lorsque l’explication officielle échoue à répondre à ces interrogations essentielles, elle alimente, encore et toujours, le terreau fertile des théories du complot.
Vous avez longuement étudié les théories du complot. Si l’on met de côté l’assassinat de JFK, diriez-vous que l’affaire Epstein constitue un cas unique dans l’histoire des Etats-Unis par son retentissement et sa portée symbolique ?
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans cette affaire, c’est qu’elle ressemble davantage à des cas plus anciens, comme celui de JFK ou du 11-Septembre. Autrefois, les théories du complot naissaient à partir d’événements réels, qui, comme je l’ai dit plus tôt, étaient très difficiles à expliquer. On peut remonter jusqu’aux débuts de la démocratie et retrouver ce genre de théories au XIXe siècle. Ce qui est devenu plus particulier ces dix ou quinze dernières années, avec l’émergence des réseaux sociaux, c’est le passage à la théorie du complot inventée de toutes pièces, comme notamment, le birtherism, cette idée qu’Obama ne serait pas citoyen américain. Avec QAnon, on est entré dans une époque où la théorie du complot ne s’appuie plus sur des faits réels, mais est totalement détachée de la réalité. Et cela a été rendu possible par ce que j’appellerais un « moment Gutenberg ».
Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, n’importe qui peut dire n’importe quoi au monde entier, gratuitement. Il y a seulement 20 ou 25 ans, aux Etats-Unis, pour diffuser une information, il fallait passer par les grandes chaînes comme CBS avec Walter Cronkite, avec seulement 23 précieuses minutes d’antenne chaque soir. Puis sont arrivés Facebook, Twitter, etc. Et plus personne ne pose la question : « Est-ce que c’est vrai ? » Il n’y a plus de filtre éditorial. Plus personne pour se demander si ce qu’on publie est fondé. Tout le monde peut dire ce qu’il veut et on assiste à une explosion de récits complètement inventés. Mais voilà qu’aujourd’hui, avec Epstein, une autre forme de théorie du complot refait surface. Et celle-ci ressemble davantage aux anciennes : elle s’appuie sur des événements en partie réels. Et c’est justement cela qui lui donne tant de puissance.
Où se situe la frontière entre un citoyen qui, légitimement, demande des explications ou exprime des doutes sur la version officielle, et un complotiste ?
Ce qui caractérise certains théoriciens du complot, c’est qu’ils développent une conviction profonde à l’égard d’une explication particulière, sans disposer de preuves solides, et qu’ils construisent une vision du monde impossible à remettre en question. C’est un peu comme discuter du capitalisme avec un marxiste convaincu : vous ne parviendrez jamais à le convaincre que le capitalisme n’est pas une forme de complot. Ainsi, certaines personnes développent des certitudes absolues, indépendamment des faits ou des preuves. C’est une caractéristique commune chez les personnes ayant une mentalité conspirationniste. Il est inutile d’essayer de convaincre un théoricien du complot convaincu. Mais imaginons un autre profil : une personne simplement insatisfaite de la version officielle, qui se demande pourquoi, compte tenu des lacunes de cette version, Donald Trump — qui a fait campagne en disant qu’il allait divulguer des preuves sur cette affaire — affirme désormais qu’il n’y a rien à signaler. Cette curiosité-là est légitime. Peut-être que Donald Trump détient des preuves, peut-être que le ministère de la Justice des Etats-Unis dispose d’éléments qui permettraient d’expliquer pourquoi il agit ainsi et pourquoi les personnalités les plus célèbres du monde fréquentaient cet homme. Peut-être que le ministère de la Justice a de bonnes réponses à ces questions ou peut-être pas. Mais affirmer « circulez, il n’y a rien à voir ici » n’a tout simplement pas de sens. Quand le président de ce pays tient ce genre de propos, ou que la procureure générale des Etats-Unis l’affirme, alors qu’ils tenaient un discours totalement opposé six mois plus tôt, cela suscite naturellement des soupçons. D’autant plus que Donald Trump a publié tous les dossiers relatifs à l’assassinat de JFK, des décennies après les faits, ce qu’aucun autre président n’avait fait avant lui.
Le procureur présente les charges retenues contre Jeffrey Epstein, le 8 juillet 2019 à New York
Comment expliquer que cette affaire ne se soit pas éteinte avec le suicide de Jeffrey Epstein en 2019 ?
Il y a un autre aspect dans cette affaire qui explique sa puissance persistante. En dehors du fait que cet homme a abusé plus d’un millier de jeunes filles, il a également fréquenté des personnalités telles que notre président actuel, un ancien président des Etats-Unis — ce qui est en soi stupéfiant —, le prince Andrew, et certaines des personnes les plus riches et les plus puissantes du monde. Rien que cela suffit à faire de cette histoire quelque chose de totalement hors norme. Ce n’est donc pas une affaire qu’on oubliera simplement.
Il y a également un autre aspect, c’est la manière dont le récit de la pédophilie — et plus précisément des réseaux pédophiles — s’est imposé dans l’imaginaire politique américain contemporain. QAnon, ce type de théorie du complot participative, repose sur l’idée qu’un groupe d’élites libérales et mondialistes est à la tête d’un réseau de traite d’enfants. Ce type de narration est apparu à plusieurs reprises dans l’histoire politique récente des Etats-Unis. Prenez par exemple l’affaire « Pizzagate » : c’était une pure invention, une fabrication totale. Selon cette théorie, Hillary Clinton et son directeur de campagne, John Podesta, étaient impliqués dans un trafic de jeunes filles mineures pour le compte d’individus puissants. Le tout était censé opérer depuis le sous-sol d’une véritable pizzeria située en banlieue de Washington D.C. Un homme, croyant à cette histoire, s’est rendu sur place armé d’un fusil d’assaut, a tiré sur la serrure d’un placard dans l’idée de libérer des enfants pour découvrir que le placard contenait simplement de la farine et des ingrédients pour pizza. Il n’y avait même pas de sous-sol, la pizzeria étant construite sur une dalle de béton. Il aurait ensuite déclaré : « J’ai agi sur la base de mauvaises informations. »
Cette affaire, à elle seule, ne sera sans doute pas ce qui le fera chuter. Mais elle pourrait contribuer à fragiliser encore davantage sa présidence
Pourquoi les réseaux pédophiles occupent-ils une place centrale dans l’imaginaire conspirationniste autour de la politique américaine ?
Parce qu’ils incarnent l’idée d’un mal absolu. Ces histoires parlent d’enfants — l’innocence même — soi-disant pris pour cible par des élites corrompues et insatiables. Cette image devient alors le symbole de la perversion profonde de la classe dirigeante. Cette image est bien ancrée dans l’imaginaire américain. Et devinez quoi ? Elle s’est vraiment matérialisée avec Jeffrey Epstein. Ce n’est pas le « Pizzagate ». Ce n’est pas une invention. C’est réellement arrivé. Voilà pourquoi, selon moi, cette affaire possède une telle puissance et une telle longévité dans l’espace public.
Donald Trump semble minimiser l’affaire Epstein, qu’il a qualifiée d’ »ennuyeuse », sous-entendant qu’il n’y aurait rien à en tirer. Sous la pression de ses opposants, il a tout de même accepté de demander la publication des transcriptions du grand jury, sans toutefois ordonner la publication des documents du ministère de la Justice liés à l’affaire, comme beaucoup le réclament. Comment comprenez-vous sa stratégie ?
Tout cela donne vraiment l’impression qu’il veut dissimuler quelque chose. Il aurait pu dire quelque chose comme : « Il est très difficile de publier toutes ces informations sans dévoiler l’identité des victimes. Oui, nous pouvons masquer leurs noms, mais il y a tellement d’informations identifiables au-delà des noms que cela complique considérablement les choses. Si nous caviardons tout ce qui concerne les victimes, les documents risquent de perdre leur cohérence et leur sens. » Il aurait pu ajouter : « Croyez-le ou non, notre première responsabilité est de protéger les milliers de personnes qui ont été victimes. C’est cela qui nous freine dans la divulgation. Mais je vais demander au ministère de la Justice de publier tout ce qu’il peut, et je demanderai au tribunal de lever le secret sur autant de documents que possible. » Cela aurait été une position plus crédible. Et je ne dis même pas que c’est à lui personnellement de le dire, peut-être que quelqu’un comme Pam Bondi pourrait s’en charger.
Dans quelle mesure cette affaire, très importante aux yeux d’une majorité de républicains proches du mouvement MAGA représente-t-elle un danger politique pour Donald Trump ?
Voici une question intéressante dont nous aurons la réponse d’ici quelques semaines. Une grande partie de la politique américaine, dans un contexte d’hyperpolarisation, repose en réalité sur la loyauté. Ce n’est plus vraiment une question de vision du monde ou de volonté de le transformer d’une certaine manière : c’est devenu une question de haine et d’opposition systématique. Il est donc tout à fait possible que les partisans les plus fidèles de Trump, en voyant que les démocrates utilisent cette affaire pour se renforcer, se rangent à ses côtés. Et que, pour eux, la loyauté et le plaisir de haïr l’autre camp comptent davantage que la transparence ou la vérité. Cela pourrait très bien se produire. Mais, encore une fois, il est tout aussi plausible qu’un nombre significatif de ses plus fidèles partisans soient mécontents de la manière dont il gère cette affaire.
Lorsqu’on est une personnalité publique, un élu, il faut garder en tête qu’une grande partie de la population ne vous soutiendra jamais, simplement parce qu’elle est en désaccord avec votre vision politique. Ensuite, il y a un groupe de personnes qui pourrait vous soutenir, selon les circonstances, l’humeur du moment. Et enfin, il y a une base solide, ces personnes qui vous soutiennent avec ferveur, coûte que coûte. Et cette base, vous en avez absolument besoin. Sans elle, vous devenez extrêmement vulnérable. Et c’est exactement ce qui se passe ici pour Trump. Cette affaire, à elle seule, ne sera sans doute pas ce qui le fera chuter. Mais elle pourrait contribuer à fragiliser encore davantage sa présidence.
Selon vous, Donald Trump doit faire preuve de vérité et de transparence sur le sujet. Mais la transparence efface-t-elle les théories du complot ?
Si l’on imagine la population dans son ensemble, on peut supposer que certains individus ont un esprit foncièrement conspirationniste. Ce sont des personnes qui interprètent tout à travers le prisme du complot. Certains sont tellement investis dans les explications conspirationnistes qu’il est impossible de les en détourner. C’est leur manière d’être. Mais d’autres personnes sont plus ouvertes. La plupart des gens, à un moment ou un autre de leur vie, vont interpréter un événement par le biais d’une théorie du complot. Pas tout, bien sûr, mais certains faits. Et je dirais que plus on diffuse de faits concrets sur une histoire, plus cette partie de la population est en mesure de la comprendre. Et il faut se rappeler une chose essentielle : il existe des théories complètement folles qui semblent impensables et pourtant, elles se sont révélées exactes ! Par exemple, l’idée que le gouvernement américain aurait sciemment infecté des citoyens afro-américains avec la syphilis pour étudier l’évolution de la maladie paraît inimaginable mais c’est arrivé. C’est l’affaire des expériences de Tuskegee entre 1930 et 1972. Si je vous avais raconté cela sans preuve, vous m’auriez pris pour un fou. Dans l’affaire Epstein, nous ne savons pas encore quelle est la véritable explication. Il se peut qu’une fois que tous les faits seront connus, qu’une véritable transparence soit établie, les principales théories conspirationnistes soient réfutées et qu’elles soient clairement démenties. Si tel était le cas, beaucoup d’Américains abandonneront ces explications conspirationnistes.
L’Américain moyen est-il vraiment intéressé par cette polémique ?
La majorité des gens ont des choses bien plus importantes à faire de leur journée que de penser à cette affaire. Chacun a ses priorités, et l’attention du public n’est pas entièrement focalisée dessus. Mais il existe une petite catégorie de personnes qui regardent le gouvernement avec une très grande suspicion. Et elles ont été encouragées à adopter cette méfiance par le président actuel des Etats-Unis, qui leur a dit que leur gouvernement est majoritairement composé de gens qui conspirent contre le peuple américain, que ces personnes sont des fonctionnaires, des employés de l’Etat, et qu’ils constituent ce qu’il appelle un « Etat profond ». Il leur a dit que sa mission est de « vider le marécage », c’est-à-dire de licencier des dizaines, voire des centaines de milliers de fonctionnaires qui, selon lui, sont déloyaux, qui détestent ses partisans et cherchent à les punir, à les marginaliser et à contrecarrer leurs intérêts. Alors, pour cette catégorie de personnes, qui regarde toutes les élites avec une extrême méfiance, cette histoire Epstein est captivante parce qu’elle confirme ce qu’elles pensent déjà. Elle renforce leur vision du monde.
Les démocrates ont saisi l’occasion pour accentuer la pression, reprenant à leur compte les revendications de transparence totale portées par certains activistes MAGA. Ne prennent-ils pas, eux aussi, le risque de jouer avec le feu ?
Si cette affaire relevait de la pure fiction, comme ce fut le cas avec le « Pizzagate », et que les démocrates choisissaient délibérément d’en tirer parti au motif qu’elle nuit à leurs adversaires, cela constituerait une forme grave de corruption morale. Et cela serait inacceptable. Mais ce n’est pas ce que je constate ici. Il s’agit d’une histoire basée sur des événements qui se sont en partie réellement produits, et qui sont très, très difficiles à expliquer. Et il semble — en tout cas, aux yeux d’une partie de l’opinion — que Donald Trump et Pam Bondi cherchent à dissimuler quelque chose. Dans ce contexte, il me semble légitime que l’opposition politique dise : « Ne cachez pas les faits. » Cela ne revient pas à inonder le monde de fausses informations ou de distorsions, mais simplement à demander davantage de transparence ou, à défaut, une explication plus convaincante sur les raisons de cette opacité. Les démocrates sont dans leur droit en agissant ainsi.
Maintenant, je peux aussi imaginer de nombreuses raisons valables pour lesquelles le gouvernement ne peut pas publier l’ensemble des informations en sa possession. Il existe probablement beaucoup d’hypothèses formulées au cours de l’enquête, mais qui ne sont pas étayées par des preuves. Et diffuser ce genre d’éléments ne ferait qu’ajouter de l’imprécision dans l’espace public. Cela pourrait nuire à des personnes innocentes. Il y a un autre aspect à considérer : un parquet poursuit des individus vivants pour des crimes qu’ils ont commis. Une fois que le principal accusé est décédé, il n’y a plus de poursuites possibles. Il n’y a donc plus de rôle à jouer pour un procureur. A ce titre, il serait sans doute très problématique que le FBI décide de tout rendre public après la mort du principal mis en cause, sans se soucier des répercussions. Cela créerait un précédent dangereux.
En réalité, le ministère de la Justice et le FBI se trouvent probablement dans une position très délicate ici. Leur mission n’est pas d’établir la vérité historique. Souvent, ce rôle est confié à un organisme public, comme ce fut le cas avec la Commission sur le 11-Septembre, qui avait été créée spécifiquement pour faire la lumière sur les événements et les expliquer. Et peut-être que nous avons, ici aussi, de bonnes raisons de mettre en place une commission similaire. Ce serait une démarche raisonnable.
Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/donald-trump-pris-dans-la-tempete-epstein-sa-communication-alimente-lidee-quil-a-quelque-chose-a-RC3OX2HJDFHT7AYTB5FBIJAPHY/
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Publish date : 2025-07-24 05:45:00
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