Alors que la communauté internationale s’indigne de la famine de masse à l’œuvre dans la bande de Gaza, faute d’accès suffisant à l’aide humanitaire, Israël a annoncé dimanche 27 juillet une « pause tactique » de ses opérations militaires dans trois villes de l’enclave. Elle doit s’accompagner d’une reprise de l’aide humanitaire étrangère, à travers notamment des largages aériens, après cinq mois de blocus. Israël dit avoir procédé à un premier largage dans la matinée. Selon le média égyptien Al-Qahera News, des camions d’aide humanitaire égyptiens seraient également entrés dans la bande de Gaza par le poste frontière de Rafah dans la matinée.
Depuis mars, Israël interdisait les distributions d’aide alimentaire par des agences de l’ONU, au motif que le Hamas pillerait les stocks. Une allégation que Tsahal n’a jamais prouvée, selon le New York Times, qui affirme qu’au contraire, les opérations humanitaires menées par les Nations Unies démontraient une grande efficacité.
Le système actuel de distribution d’aide, via la GHF, a causé plus de 1 000 morts
Après s’être retiré du processus de cessez-le-feu avec le Hamas en mars, Israël avait dans un premier temps imposé un blocus total de l’aide humanitaire, pendant deux mois, avant de ne réautoriser les distributions qu’en provenance d’une fondation privée, la fondation humanitaire pour Gaza (ou GHF), critiquée pour ses liens étroits avec les gouvernements israélien et américain et l’opacité de son fonctionnement.
Cette fondation, sur laquelle reposait désormais toute l’aide entrant en Gaza, ne procède qu’à de rares distributions dans des périmètres précis, ce qui oblige les habitants de Gaza à se déplacer sur plusieurs kilomètres pour accéder aux points d’aide. Ces distributions, en présence de forces armées israéliennes, sont devenues des points de danger extrême pour les habitants de Gaza : l’ONU a accusé Israël d’avoir tué plus de 1 000 personnes tentant d’obtenir de l’aide, depuis fin mai, dont la grande majorité près des sites de la fondation GHF.
Selon l’AFP, rien que sur la journée d’hier, quatorze personnes ont été tuées dans des tirs de l’armée israélienne alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire en différents lieux du territoire. L’armée israélienne a reconnu avoir tiré des « coups de semonce » lorsque des personnes s’approchaient des lignes militaires, rapporte le New York Times. Mais les médecins internationaux qui ont soigné les blessés affirment que la localisation de leurs blessures indique que les soldats visaient systématiquement leur torse.
Les « largages aériens » d’aide humanitaire désormais réautorisés
Face aux critiques croissantes de la communauté internationale à l’égard de ces pratiques, Israël a rouvert la passage à l’aide humanitaire internationale. Selon le Programme alimentaire mondial, aujourd’hui, un habitant sur trois n’a pas mangé depuis plusieurs jours consécutifs à Gaza et 25 % des enfants souffrent de malnutrition.
Israël a notamment annoncé que les largages d’aide aériens seraient réautorisés. Les Emirats, la Jordanie, la France et d’autres pays avaient déjà participé à des parachutages d’aide sur Gaza en 2024, parfois jugés dangereux et imposant une logistique complexe pour un volume d’aide limité. De nombreux responsables humanitaires avaient alors souligné qu’ils ne pouvaient se substituer à l’acheminement de l’aide par voie terrestre.
Un « écran de fumée », selon l’ONU
Les mêmes critiques sont réitérées par nombre d’ONG aujourd’hui, qui affirment que ces largages sont coûteux et risquent de blesser, voire tuer des civils. Pour le coordinateur d’urgence de MSF, interviewé samedi sur France 24, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une opération de communication. « On fait des opérations de largage d’aide humanitaire quand l’accès routier est compromis, ça n’est pas le cas à Gaza, les routes, les camions et la nourriture sont là, aujourd’hui, le seul facteur qui empêche l’entrée de l’aide à Gaza, ce sont les décisions du gouvernement israélien », a-t-il déclaré.
Même chose du côté de l’ONU, qui dénonce un « écran de fumée ». Le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a estimé samedi sur X que la reprise des parachutages « ne mettra pas fin à la famine qui s’aggrave » et constitue « une réponse inefficace à la catastrophe humanitaire en cours ».
Mise en place de « couloirs humanitaires »
Israël a également fait savoir qu’il rouvrait des « couloirs humanitaires », sans donner davantage de précisions. Le gouvernement israélien continue de réfuter l’existence d’une famine à Gaza. Sur son compte X, Tsahal souligne ainsi qu’il n’y a « pas de famine à Gaza » mais qu’il s’agit d’une « campagne mensongère promue par le Hamas ». « Les opérations militaires se poursuivent. Nous continuerons à agir à Gaza pour ramener tous les otages et vaincre le Hamas, en surface comme sous terre », explique l’armée israélienne.
De son côté, le secrétaire général des Nations Unies a déclaré vendredi que la famine avérée à Gaza constituait une « crise morale qui interpelle la conscience mondiale ». Entre janvier et mars, c’est-à-dire avant qu’Israël n’impose un blocus sur l’aide humanitaire, environ 630 camions d’aide humanitaire rentraient chaque jour dans la bande de Gaza. Selon un rapport co-signé par une centaine d’ONG, cité par France 24, il n’y en avait que 28 chaque jour jusqu’à cette semaine.
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Publish date : 2025-07-27 11:32:00
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