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Ponts et routes, les points faibles de l’Europe en cas de guerre face à la Russie ? L’UE dévoile son plan

Ponts et routes, les points faibles de l’Europe en cas de guerre face à la Russie ? L’UE dévoile son plan

« La réalité est qu’aujourd’hui, si l’Europe devait déplacer du matériel militaire de l’ouest vers l’est du continent, cela prendrait des semaines, voire des mois ». Dans un article publié le mardi 29 juillet dans le Financial Times, le commissaire européen aux Transports a annoncé que l’Europe allait débourser plusieurs milliards pour moderniser son réseau de transport et faciliter la mobilité militaire.

L’Union européenne considère en effet qu’en cas de confrontation avec la Russie, les routes, ponts et voies ferrées du continent ne seraient pas adaptés au transport rapide de chars, de troupes, et de matériel militaire à travers le territoire. « Si les chars de l’OTAN étaient appelés à intervenir en cas d’invasion des forces russes à la frontière orientale de l’Union européenne, ils resteraient bloqués dans des tunnels, provoqueraient l’effondrement de ponts et seraient bloqués par les protocoles frontaliers », alerte Apostolos Tzitzikostas.

500 infrastructures à moderniser

Or, la clé de la défense du continent résiderait, selon l’UE, dans la capacité des armées à se déplacer rapidement en cas de menace à l’Est. L’objectif : que des troupes puissent faire la route en quelques heures, voire quelques jours. En tout, ce sont plus de 500 infrastructures à moderniser, en concertation avec l’Alliance atlantique, autour de quatre corridors militaires.

Fin juin, le commissaire aux Transports indiquait déjà au Wall Street Journal (WSJ), « qu’en collaboration avec l’OTAN, [l’UE] avait cartographié les corridors prioritaires, identifié les principaux goulets d’étranglement et continuera à orienter les investissements vers la modernisation des ports et des centres logistiques essentiels ».

Dans le détail, le plan prévoit par exemple de moderniser, élargir, ou construire de nouveaux ponts pour le passage de véhicules. Il est aussi question d’adapter certains axes routiers stratégiques : les voies sont en effet actuellement faites pour supporter des camions pouvant aller jusqu’à 40 tonnes, tandis qu’un char, lui, peut en peser jusqu’à 70.

Renforcer la protection des ports

Une attention particulière sera également donnée à la sécurisation des ports. Les responsables européens souhaitent en identifier les faiblesses, telles que le manque d’infrastructures, ou les mauvaises connexions Internet, qui pourraient entraver les mouvements militaires ou faciliter des cyberattaques. La protection des câbles sous-marins, qui assurent les communications, est également un sujet de préoccupation, la Russie étant soupçonnée d’être impliquée dans plusieurs incidents ces derniers mois.

Si l’Union européenne ne finance pas directement d’équipement militaire létal, elle soutient l’industrie de défense et les infrastructures. Plusieurs ports européens ont ainsi déjà reçu des fonds pour faciliter leur utilisation militaire. « En Pologne, le port de Gdynia travaille à l’amélioration de son quai pour le chargement et le déchargement des navires, et le port de Szczecin renforce sa capacité à transporter des troupes et des marchandises », illustre le WSJ.

La cheffe de la politique étrangère de l’Union Européenne, Kaja Kallas, avait également déclaré fin mai que l’Union envisageait de créer un centre de sécurité maritime pour la mer Noire, afin de surveiller la région. Cette initiative rappelle les opérations de sécurisation de la mer Baltique déjà en cours par l’OTAN.

Investissements massifs

Selon le nouveau budget proposé par la Commission européenne, l’Europe pourrait investir pour 17 milliards dans la modernisation de son réseau de transports militaires. Soit dix fois plus que les 1,7 milliard consacrés à ce poste de dépenses dans le budget actuel, affirme le cabinet d’Apostolos Tzitzikostas, contacté par L’Express. Pour rappel, l’accord conclu entre les alliés de l’OTAN vise désormais à porter l’objectif d’investissements dans la défense à 5 % du PIB – dont 1,5 % alloué aux infrastructures et à la protection, comme les transports ou le renforcement de la cybersécurité.

Au total, l’Union européenne envisage d’investir, au cours des prochaines années, 800 milliards d’euros dans sa défense, selon le Financial Times. Et ce en prévision d’une possible confrontation avec la Russie, et au vu de la réduction de l’engagement militaire américain en Europe.

Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, a en effet averti en juin les membres de l’alliance que la Russie pourrait attaquer l’un d’entre eux d’ici 2030. Les services secrets européens prennent la menace au sérieux : dans un rapport, les renseignements danois estiment qu’en cas de fin ou de gel du conflit en Ukraine, il ne faudrait pas moins de six mois à la Moscou pour reconstituer ses forces et attaquer un pays frontalier.



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Publish date : 2025-07-29 15:12:00

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