Quelques mois après l’aéroport de Vatry (Marne), trois nouveaux aéroports français ne seront désormais plus desservis par Ryanair. Il s’agit des aéroports de Bergerac (Dordogne), Brive (Corrèze) et Strasbourg (Bas-Rhin), qui desservaient notamment l’Ecosse et le Portugal.
Dans un communiqué, la compagnie low cost irlandaise a également annoncé une réduction de 13 % de sa capacité en France pour cet hiver ainsi que la suppression de 25 lignes, ce qui équivaut à une réduction de 750 000 sièges de voyageurs.
En cause : une augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion – la TSBA, aussi surnommée « taxe Chirac » – qui est passée de 2,63 à 7,40 euros au printemps dernier. Ce quasi-triplement de la taxe a été vertement critiqué par les principales compagnies aériennes européennes et Ryanair accuse directement le gouvernement français de ne pas soutenir le secteur aérien. Elle n’hésite pas à faire jouer la concurrence entre Etats-membres de l’Union européenne en soulignant que certains pays « comme l’Irlande, l’Espagne ou la Pologne, n’imposent aucune taxe aérienne » et que d’autres comme « la Suède, la Hongrie et certaines régions d’Italie [ont supprimé] les taxes pour stimuler le trafic. »
Un effet d’aubaine ?
Cette annonce rend le gouvernement français fébrile. Philippe Tabarot, le ministre chargé des Transports (LR) s’est dit favorable à une suppression de cette taxe, qui devrait pourtant rapporter jusqu’à 800 millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’année budgétaire 2025. Nathalie Delattre, la ministre chargée du Tourisme (Parti radical) s’est d’abord ralliée à son collègue au micro de TF1 avant de se raviser et d’amender sa position auprès de l’AFP. « La ministre est contre toute augmentation de cette taxe mais pas pour sa suppression » ont ainsi signalé ses équipes, dénonçant en même temps la stratégie de Ryanair qui utiliserait cette taxe comme un effet d’aubaine pour justifier son « plan de suppression » et « réduire la voilure. »
Il faut dire qu’il n’est pas aisé pour un pays européen de se mettre Ryanair à dos, quand bien même ce pays est la France, à savoir le premier pays européen en termes de départs, arrivées et survols cumulés (plus de 9400 vols par jour) selon l’organisme de surveillance du trafic Eurocontrol. Depuis dix ans, le transporteur low cost est la plus importante compagnie aérienne européenne. Il ressort grandi de la pandémie de Covid-19 puisqu’il a augmenté son nombre de vols quotidiens de 31 % depuis 2019 là où des sociétés concurrentes comme Lufthansa ou Air France ont réduit le leur de 23 et 17 %, respectivement.
« Il y a un problème avec cette taxe », a tout de même avoué Nathalie Delattre, reconnaissant que « 15 euros sur un [vol aller-retour] low cost, ça peut faire une différence ». Une note du groupe Air France publiée en mars 2024 soulignait ainsi que l’ensemble des taxes et redevances appliquées sur un billet d’avion moyen-courrier – les liaisons sur lesquelles Ryanair est présente – représentait environ 40 % des prix du billet contre moins de 20 % pour un vol long-courrier. Dans ces conditions, la hausse d’une taxe peut effectivement rogner rapidement les marges de certaines compagnies et rendre certaines lignes particulièrement déficitaires.
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Author : Mathias Penguilly
Publish date : 2025-07-31 15:47:00
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