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Reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France : le feu a pris et Paris savoure sa victoire diplomatique

Reconnaissance de l’Etat de Palestine par la France : le feu a pris et Paris savoure sa victoire diplomatique

Paris est soulagé. Dix jours après la déclaration du président français Emmanuel Macron de vouloir reconnaître en septembre l’Etat de Palestine, le Royaume-Uni, le Canada et le Portugal ont pris tour à tour un engagement similaire. « La mobilisation diplomatique pour la reconnaissance de l’État palestinien prend de l’ampleur », soulignait cette semaine le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Jeudi 24 juillet dernier, le président français avait annoncé sur ses réseaux sociaux que la France reconnaîtrait officiellement un État de Palestine lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre prochain, à New York. La promesse, également rédigée dans une lettre adressée au chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a été décrite par le président français comme « un devoir moral », à l’heure où le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou orchestre une famine dans la bande de Gaza et accélère l’annexion de la Cisjordanie. « L’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue », a martelé le président français sur X.

Trois pays membres du G7

Pour relancer la solution dite « à deux États », le président français avait alors plaidé pour une reconnaissance groupée, encourageant d’autres pays occidentaux à s’associer à cette démarche. Elle n’est pas le premier pays à procéder à une telle reconnaissance : selon un décompte de l’Agence France Presse, au moins 142 Etats ont déjà reconnu un Etat palestinien, particulièrement en Afrique, en Europe de l’Est et en Amérique latine. Au sein de l’Union européenne, seuls 11 pays sur 27 reconnaissent la Palestine. Jusqu’à aujourd’hui, aucun pays membre du G7 n’a franchi le pas. Par sa déclaration, la France entend « apporter une contribution décisive à la paix au Proche-Orient » et « mobiliser tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part », selon les mots d’Emmanuel Macron dans sa lettre.

Si la France a dû essuyer un certain nombre de commentaires critiques ou sceptiques dans les premières heures qui ont suivi – sans surprise, Israël et les Etats-Unis ont fermement rejeté le projet du président français -, elle n’a pas tardé à être suivie par d’autres pays. Cinq jours plus tard, mardi 30 juillet, le Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré vouloir reconnaître à son tour l’Etat palestinien, à moins qu’Israël ne prenne une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Une reconnaissance en demi-teinte, mais tout de même. Plus d’un tiers des députés britanniques avaient d’ailleurs exhorté le Premier ministre britannique à emboîter le pas d’Emmanuel Macron dans une lettre rendue publique vendredi. Keir Starmer s’était alors entretenu avec Benyamin Netanyahou avant l’annonce, lui disant que « la situation à Gaza était intolérable », selon Downing Street.

Moins de 24 heures après, c’est au tour du Canada d’annoncer son « intention de reconnaître l’Etat de la Palestine lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies », a déclaré le Premier ministre canadien Mark Carney lors d’une conférence de presse à Ottawa, soulignant que « le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable et se détériore rapidement ». « Pendant des décennies, on a espéré que (la solution à deux États) serait réalisée dans le cadre d’un processus de paix fondé sur un accord négocié entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Quelques heures plus tard à peine, le Portugal s’est également prononcé sur cette même question. « Le gouvernement a mené un processus très prudent et réfléchi, toujours en concertation avec ses partenaires européens et d’autres partenaires », a réagi le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa aussitôt après l’annonce de l’exécutif.

« Renforcer la dynamique »

Encore hier, vendredi 1er août, le président finlandais Alexander Stubb annonçait être prêt à reconnaître l’Etat de Palestine si une proposition en ce sens lui était faite. « La décision de la France, du Royaume-Uni et du Canada renforce la dynamique en faveur de la reconnaissance de la Palestine, dans le cadre des efforts visant à redonner un nouvel élan au processus de paix », a-t-il écrit jeudi sur X, plaidant lui aussi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien.

Quasiment au même moment lors d’une conférence à l’ONU le 29 juillet, 17 pays arabes, dont l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Egypte, appelaient le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne et à « ne plus avoir de rôle à Gaza », après avoir signé un document condamnant les attaques du 7-Octobre. Un geste historique, permettant au Royaume-Uni, au Canada et au Portugal de contredire les voix affirmant qu’une reconnaissance de la Palestine serait un cadeau fait au Hamas.

La France craignait de se retrouver isolée sur la scène internationale, et la voilà rejointe, en à peine plus d’une semaine, par trois pays membres du G7. Et la liste pourrait s’allonger encore par la suite : les regards se tourneraient vers l’Australie…



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Publish date : 2025-08-03 08:20:00

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