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Affaire familiale et drogues : « The Waterfront » sur Netflix, la série narco de l’été

Affaire familiale et drogues : « The Waterfront » sur Netflix, la série narco de l’été

Après le prof de chimie atteint d’un cancer dans Breaking Bad (2008), le conseiller financier foireux d’Ozark (2017) et le prof assistant en mal de titularisation dans A Model Family (2022), le thème de la famille ordinaire prise dans les rets impitoyables des trafiquants de drogue est en passe de devenir un genre en soi. Ça se confirme avec The Waterfront, qui n’a pas le génie des deux premiers mais devrait distraire vos vacances pluvieuses. Un patron de pêche (Holt McCallany), la soixantaine bien tapée, passablement alcoolique, dirige avec désinvolture sa compagnie qu’il a héritée de son père. Il trompe sa femme (Maria Bello) qui parait moins que son âge et a autant de cran que de chien, c’est elle qui tient la barque à flot grâce au restaurant chic du port, spécialisé dans les fruits de mer, qu’elle dirige en s’endettant auprès de son amant agent immobilier qui convoite les terrains que son mari ne veut toujours pas vendre. Ça les sortirait d’affaire, pourtant, mais y’a l’honneur de la famille.

Ils ont eu deux enfants qui ne sont pas des parangons de réussite sociale : le garçon (Jake Weary) a raté ses études pour suppléer aux déficiences de son père à la pêcherie, sa sœur (Melissa Benoist) aînée et droguée s’est mise à la colle avec un agent de la DEA (les stups américains), elle les accumule, je vous dis. Elle a perdu la garde de son fils, adolescent tellement innocent qu’on devine tout de suite qu’il va lui arriver des bricoles.

Une mule marine

Tout ça serait bien mollasson si les auteurs ne nous avaient pas servi en prégénérique l’abordage d’un des chalutiers de la compagnie. Ça se passe en pleine nuit, il y a de la brume, c’est beau, ça donne envie d’avaler un Chamonix pour supporter le suspense. Tacatac, les méchants trafiquants zigouillent les trois marins-pêcheurs et s’emparent de la cargaison… de drogue ! Ben oui, le patron de pêche jouait les mules marines pour un narco old school avec lequel son père était déjà en affaires dans les années fastes et tranquilles où Fidel Castro tenait encore les Caraïbes.

Avant que la DEA vienne mettre son nez là-dedans, il faut vite revendre le rafiot fantôme récupéré par les garde-côtes. C’est le fiston raté qui va, une fois de plus, sauver son vieux en soudoyant la secrétaire pour antidater la vente. Manquerait plus qu’on leur colle sur le dos ce triple meurtre, auquel ils n’ont rien à voir, c’est promis. Les choses semblent se calmer, sauf que la came a disparu. C’est un incontournable du genre. De rapts en assassinats, de chantages en corruptions de shérifs, la boîte de Chamonix est aux trois quarts vide et nous voilà au quatrième épisode à nous dire que ça ne sera certainement pas notre série préférée de l’année, quand surgit enfin celui qui va justifier notre patience : le mystérieux Grady, annoncé depuis le deuxième épisode comme le patron de tous les narcos de la côte.

Un Topher Grace collant et fourbe

On s’attend à découvrir Robert de Niro, c’est Topher Grace. Contre-emploi absolu pour l’ancienne vedette de That’70s Show, une des séries culte de l’histoire des séries américaines. Quand celle-ci a commencé, en 1998, Topher (diminutif de Christopher) Grace (son vrai nom) avait 20 ans, et 28 quand il a quitté la série au bout du 179e épisode. A moins que vous ne l’ayez ratée, comme moi, vous l’avez forcément vu dans Spider-Man 3, sorti en 2008 que j’ai raté tout autant. On n’est pas obligé de vivre tous dans le même monde, après tout.

Et quant à moi, je ne me suis jamais morfondu de mon inculture car je ne l’ai découverte qu’au moment d’éprouver le grand bonheur de la découverte. Et là, c’en est une. Enorme. Dans ce rôle de gendre idéal défraîchi, en mal d’affection, Topher Grace se révèle un acteur diabolique. Collant et fourbe, mielleux et sadique, sa façon de terroriser la filière avec son armée de débiles musclés, enfouraillés jusqu’aux oreilles, c’est jouissif tellement il est horripilant, monstrueux, abject de préciosité sadique. Vous allez en lécher les miettes de Chamonix au fond de la boîte. C’est sur Netflix, au fait.



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Author : Christophe Donner

Publish date : 2025-08-06 14:31:00

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