Après plus de trois ans de guerre et malgré la loi martiale et l’absence d’élections, la démocratie fonctionne encore en Ukraine. Sous la pression de jeunes descendus par milliers dans les rues (mais aussi de ses alliés européens, dont l’aide financière est cruciale), le Parlement a fait marche arrière et rétabli fin juillet l’indépendance des deux principales agences anticorruption du pays.
Neuf jours plus tôt, les mêmes députés avaient voté une loi, soutenue par Volodymyr Zelensky, plaçant ces instances sous le contrôle du procureur de la République, lui-même sous l’autorité du président. Etrange coïncidence, alors que des détectives anticorruption enquêtaient sur l’entourage de ce dernier.
Zelensky a fait une grave erreur politique, heureusement corrigée, mais qui pourrait entacher sa légitimité – sa cote de confiance est passée de 65 % en juin à 58 % début août, tandis que la défiance a grimpé à 35 %, selon un sondage du Kyiv International Institute of Sociology (KIIS). Le peuple ukrainien a accepté bien des sacrifices (y compris celui de ses enfants) et comprend les contraintes liées à la guerre, mais il ne transige pas sur les principes hérités de la révolution de Maïdan, en 2014. Les deux organismes en question avaient été créés après le départ du président Viktor Ianoukovitch, prorusse et notoirement corrompu.
Centralisation du pouvoir
Assurément, le président ukrainien, dont le courage et le sens du devoir ont jusqu’ici sauvé son peuple, n’est pas un « dictateur », comme l’a affirmé Donald Trump. Mais des critiques s’élèvent sur la trop grande centralisation du pouvoir, autour du président et de son tout-puissant chef de cabinet Andriy Yermak.
Au moment où les missiles et les drones russes pleuvent sur les villes ukrainiennes, le gouvernement a voulu préserver l’unité de la population et ses chances d’adhésion à l’Union européenne en rétropédalant. Le même jour, Volodymyr Zelensky a appelé la communauté internationale à viser « un changement de régime » en Russie, seule solution à ses yeux pour une paix durable. A lui de tout faire pour, contrairement à Vladimir Poutine, ne pas abuser de son pouvoir.
Désireux de mettre un terme à cette séquence désastreuse, le président a publié le 2 août sur X des photos le montrant en compagnie des dirigeants des deux agences anti-corruption, le jour de l’annonce de l’arrestation de quatre personnes (des responsables politiques locaux, dont un membre du parti présidentiel, et des membres de la Garde nationale), accusées de malversations. L’occasion pour Zelensky de réaffirmer la nécessaire « indépendance des institutions anti-corruption ». Il en faudra sans doute plus pour faire oublier le faux-pas de juillet et regagner complètement la confiance des Ukrainiens.
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Author : Cyrille Pluyette
Publish date : 2025-08-06 14:30:00
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