La dernière session de négociations autour du traité international contre la pollution aux plastiques s’est ouverte ce mardi 5 août aux Nations unies, à Genève. La veille, une trentaine de chercheurs ont publié un rapport dans la revue The Lancet, espérant attirer à nouveau l’attention sur « l’aggravation continue des méfaits du plastique ». « Le plastique est une menace grave, grandissante et souvent méconnue pour la santé de l’homme et de la planète », ont-ils insisté, exhortant la communauté internationale à signer un accord, alors qu’un consensus paraît de plus en plus incertain en raison de l’opposition des pays producteurs de pétrole et de gaz.
L’ouverture des négociations à Genève, après l’échec de la cinquième session en décembre 2024, est l’occasion de revenir sur quelques chiffres concernant la pollution plastique dans le monde. Un produit qui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), est porteur de « nombreux avantages pour la société, mais [dont le] cycle de vie – de l’extraction des matières premières à l’élimination, en passant par la production des polymères et leur utilisation – contribue largement à la pollution, au changement climatique et à l’appauvrissement de la biodiversité. »
8,3 milliards de tonnes
D’après la revue scientifique américaine Science Advances, entre 1950 et 2017, l’humain aurait produit près de 8,3 milliards de tonnes de plastique, ce qui équivaut à plus de 400 millions de tonnes produites par an, précise l’OCDE. Autrement dit, cela représente l’équivalent du poids de 822 000 tours Eiffel, ou de 80 millions de baleines, note aussi Le Monde.
Plus inquiétant encore, la production annuelle a plus que doublé en 20 ans, pour atteindre 460 millions de tonnes, selon un rapport de l’OCDE de février 2022. Depuis l’an 2000, le monde a donc produit « autant de plastique que toutes les années précédentes combinées, car [il] est bon marché, polyvalent et fiable », analyse de son côté un rapport de WWF France, publié en 2019.
Sans mesures supplémentaires, la production, l’utilisation et la génération de déchets plastiques annuels devraient augmenter de 70 % d’ici 2040 – et tripler d’ici 2060 – par rapport à 2020, conclut l’OCDE. Une croissance qui dépassera celle de la population mondiale.
Moins de 10 % est recyclé
Parmi tout ce plastique produit, près de 70 % n’est utilisé qu’une fois, avant d’être jeté. Ainsi, malgré les mesures volontaristes prises récemment pour « boucler la boucle » du cycle de vie des plastiques, il n’est circulaire qu’à 8 %.
En 2019, sur 6,9 milliards de tonnes de déchets plastiques, selon National Geographic, seulement 15 % ont été collectés pour être recyclés. Parmi eux, seuls 9 % l’ont effectivement été. La moitié des déchets plastiques a été mise en décharge et près d’un cinquième a été incinéré. Une part importante (22 %) des déchets plastiques a été mal gérée (élimination inadaptée), finissant dans des décharges sauvages ou brûlée à ciel ouvert, entraînant des rejets dans l’environnement.
Le cycle de vie du plastique a donc été responsable, en 2019, de 3,4 % du total des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial. Une situation inchangée pourrait faire augmenter ce chiffre jusqu’à 5 % d’ici 2040, analyse l’OCDE.
22 millions de tonnes rejetées dans l’environnement
Alors que la durée de vie du plastique va de 450 ans à l’infini, les « plastiques rejetés dans l’environnement constituent l’une des plus graves menaces écologiques de ce 21e siècle », insiste l’OCDE. En 2019, 22 millions de tonnes de plastique ont été rejetées dans l’environnement, dont six millions dans les cours d’eau, lacs et océans.
La grande majorité de ces déchets (en poids) étaient des macroplastiques (88 %), la part des microplastiques étant plus faible (12 %). Mais les plastiques et microplastiques se retrouvent partout sur notre planète : dans l’eau, les nuages, les sols, et même dans le corps humain. La fuite de plastiques dans les environnements terrestres et aquatiques devrait augmenter de 50 % entre 2020 et 2040, alerte donc l’OCDE, en précisant que toutes les régions du monde contribueront à cette hausse.
Un camion poubelle par minute
Les déchets plastiques sont particulièrement problématiques pour les écosystèmes marins et la biodiversité. Selon des données de 2024 de l’Institut Supérieur de l’Environnement (ISE), près de 73 % des déchets présents sur les plages sont en matière plastique. Entre 8 et 12 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans chaque année. Cela représente l’équivalent d’un camion poubelle de déchets plastiques qui s’y déverse chaque minute.
À ce rythme, la pollution plastique des océans aura quadruplé d’ici à 2050, analyse un rapport de World Wide Fund For Nature (WWF). À ce stade, le Forum économique mondial et la fondation Ellen MacArthur estiment que le poids du plastique dépassera celui des poissons dans l’océan.
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Publish date : 2025-08-05 14:46:00
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