« La victoire de la Russie ne fait aucun doute » : au lendemain de la rencontre entre le président Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska, au sujet de la guerre en Ukraine, la presse et les élites russes ont applaudi une rencontre qui marque, selon elles, le grand retour de Moscou sur la scène internationale. Le maître du Kremlin est quant à lui dépeint en fin stratège, ayant réussi à reprendre l’avantage sur le terrain diplomatique par rapport à l’Ukraine. Petit tour d’horizons des commentateurs de Moscou.
« La Russie n’est pas un paria »
« De manière calme, sans ultimatums ni menaces : voilà comment a été rétabli un mécanisme de rencontres au plus haut niveau entre Russie et Etats-Unis », s’est félicité, sur son canal Telegram, l’ancien président russe Dmitri Medvedev. Le « faucon » russe, dernier chef de la fédération à s’être rendu aux Etats-Unis, en 2010, a salué ce qu’il perçoit comme une normalisation des relations entre les deux géants.
Un discours partagé par plusieurs propagandistes russes, tels que Iouri Podolyaka, qui estimait sur sa chaîne Telegram (3 millions abonnés) que « la visite de Poutine aux États-Unis a prouvé, même aux derniers imbéciles à Kiev, que la Russie n’est pas un paria ». Avant d’ajouter que « notre président a donné un cours magistral sur la façon d’obtenir une victoire totale, alors qu’il se trouvait initialement dans une situation difficile ».
« Poutine, maître des négociations »
La rencontre a en effet été tout sauf embarrassante pour le chef d’Etat russe, qui en est ressorti sans obligation de cessez-le-feu immédiat, et après avoir dissipé la menace de lourdes sanctions économiques. Un épouvantail agité par Donald Trump lors de ces derniers ultimatums, exhortant Vladimir Poutine à arrêter la guerre.
« La rencontre a été magnifiquement préparée par la partie russe. Après plusieurs années de stagnation des relations, les Américains du camp Trump ont été séduits par Poutine. Ils le félicitent pour son anglais, son respect pour les héros de la Grande Guerre patriotique et sa rencontre avec un archevêque orthodoxe en Alaska », ajoute sur Telegram le Carnet du propagandiste (13 000 abonnés). « Globalement, toutes les parties au conflit, à l’exception de l’Ukraine et de l’Europe, ont tiré profit du sommet », abonde de son côté, toujours sur Telegram, le compte Rybar (1,2 million d’abonnés). « Vladimir Poutine a renforcé son image de stratège et de diplomate, remportant une victoire politique majeure aux yeux du monde entier. »
Kiev accusée de vouloir poursuivre la guerre
Ce discours triomphaliste est utilisé pour inverser la rhétorique, et faire porter le chapeau de la poursuite de la guerre aux Ukrainiens et Européens. « L’UE et Kiev entravent les accords de paix depuis des années. La position de la Russie a désormais été exposée à un acteur capable de forcer la junte de Kiev à conclure la paix », poursuit le Carnet du propagandiste.
Une rhétorique reprise à demi-mot par Donald Trump qui a déclaré, dans une brève interview accordée à Fox News après le sommet, que la balle était dans le camp de Volodymyr Zelensky : « Si [les Ukrainiens] ne veulent pas accepter l’accord, alors vous n’aurez jamais la paix. » Actuellement, la Russie exige de l’Ukraine qu’elle lui cède les territoires occupés à l’est du pays, mais l’Ukraine refuse tout démantèlement de son territoire.
« Résultat purement visuel »
Malgré tout, les opposants russes à Vladimir Poutine nuancent cette victoire triomphante. « L’Ukraine n’a pas progressé vers une paix durable. Le principal résultat jusqu’à présent est purement visuel : un retour en force de la Russie après des années d’isolement diplomatique », écrit Elena Davlikanova dans les colonnes du journal indépendant Moscow Times. Pour elle, le vrai blocage à une résolution du conflit serait plutôt « l’obsession du Kremlin pour sa sphère d’influence », mais aussi, toutes les élites russes auxquelles elle profite. Elle blâme les milliardaires « qui s’enrichissent grâce au complexe militaro-industriel et à la restructuration de l’économie en temps de guerre, créant une classe de gagnants ».
La journaliste se demande aussi ce qu’il adviendra des territoires occupés par la Russie, s’ils sont vraiment annexés, et s’inquiète de leur effondrement économique et social. « Dix ans après la prise de la Crimée par Moscou, le budget de la région dépend toujours à 50 % de subventions. A Donetsk, ce chiffre est de 70 %, et de 78 % pour la région de Kherson. Pourtant, l’argent des contribuables russes ne favorise ni la reconstruction ni la prospérité ; il couvre à peine les besoins de survie de base ». Pour rappel, « à Donetsk, autrefois dynamique, les habitants n’ont l’eau courante qu’une fois tous les trois jours. »
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Publish date : 2025-08-17 14:14:00
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