L’Express

Le Renseignement américain victime de nouvelles coupes d’ampleur

Le Renseignement américain victime de nouvelles coupes d’ampleur

La directrice du Renseignement américain Tulsi Gabbard a annoncé mercredi 20 août une sévère cure d’amaigrissement de son administration, qu’elle a accusée d' »abus de pouvoir » et d' »instrumentalisation politique ».

« Ces 20 dernières années, le Bureau de la Direction du Renseignement national (ODNI) a gonflé jusqu’à devenir inefficace et les abus de pouvoir, les fuites d’informations confidentielles et l’instrumentalisation politique y ont été monnaie courante », a dénoncé dans un communiqué cette ancienne élue du Parti démocrate, ralliée au président républicain Donald Trump.

Selon une fiche d’information publiée par l’ODNI, la directrice a déjà supprimé 500 postes et réduit la taille du bureau de 30 % depuis sa prise de fonction en février. La nouvelle cure promet de réduire les effectifs de plus de 40 % et permettrait, selon le communiqué, d’économiser plus de 700 millions de dollars par an. L’ODNI n’a pas précisé si cette réduction correspondait à un pourcentage de l’effectif initial ou du total déjà réduit, remarque la BBC.

L’initiative, baptisée « ODNI 2.0 », semble principalement cibler plusieurs sous-agences et bureaux au sein de l’organisation, que la directrice juge soit redondants, soit « politisés ». Cela inclut notamment le Foreign Malign Influence Center, qui surveille les efforts des entités étrangères pour influencer le public américain, ainsi que le National Counterproliferation and Biosecurity Center, qui surveille la prolifération des armes chimiques, biologiques et nucléaires. Le plan de Tulsi Gabbard prévoit de fermer ces entités et de transférer certaines de leurs fonctions essentielles et de leur personnel vers d’autres services de l’agence, précise CNN.

Accusations d’ingérences politiques

« L’ODNI et la communauté du Renseignement doivent réaliser de sérieux changements pour remplir leurs obligations à l’égard des Américains et de la Constitution des États-Unis : trouver la vérité et apporter au président et aux décideurs politiques une information objective, impartiale et opportune », a martelé Tulsi Gabbard.

Un des services affectés, le Strategic Futures Group — agence chargée de produire des prévisions à long terme pour guider les décideurs politiques — sera notamment fermé car Tulsi Gabbard estime qu’il a été utilisé « pour promouvoir un programme politique partisan. » La fiche d’information n’a fourni aucune preuve pour étayer cette affirmation, rapporte pourtant CNN.

Par le passé, la directrice et son équipe ont eux-mêmes été accusées de faire pression sur des analystes du renseignement pour qu’ils modifient leurs conclusions afin de les adapter à leurs propres vues ou de soutenir le président. Lors de la confirmation en février par le Sénat de sa nomination, elle avait été interrogée par l’opposition démocrate sur ses positions considérées comme proches du Kremlin, en particulier concernant la guerre en Ukraine.

L’annonce de la suppression du Foreign Malign Influence Center, censé surveiller les opérations d’influence venant de l’étranger et les menaces pour les élections, survient alors que des agences du renseignement et la police fédérale FBI avaient conclu en 2016 que la Russie avait tenté d’influencer la campagne électorale, dont Donald Trump était sorti victorieux face à la démocrate Hillary Clinton. Des allégations que le magnat de l’immobilier new-yorkais a toujours niées.

Le renseignement entre purges et cure d’austérité

Les réactions à cette nouvelle cure ont suivi les lignes de fracture partisanes au Congrès, comme le rapporte l’agence Associated Press (AP). Le sénateur Tom Cotton, président républicain de la commission sénatoriale du renseignement, a ainsi salué cette décision comme « une étape importante pour que l’ODNI retrouve sa taille, sa portée et sa mission d’origine. Et cela contribuera à en faire un outil de sécurité nationale plus solide et plus efficace pour le président Trump. »

Le principal démocrate de la commission, le sénateur Mark Warner, a lui promis d’examiner attentivement le plan ODNI 2.0 et de « mener un contrôle rigoureux pour s’assurer que toute réforme renforce, et non affaiblit, notre sécurité nationale ». Il a ajouté qu’il n’était pas certain que ce soit le cas, « compte tenu des antécédents de la directrice Tulsi Gabbard en matière de politisation du renseignement. »

Les efforts de la directrice s’inscrivent à la fois dans un contexte de purges au sein des services de renseignement et dans le cadre des réductions drastiques de coûts mises en œuvre par l’administration Trump depuis ses débuts. Ils rappellent notamment le projet Elon Musk et son Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), qui ont supervisé des licenciements massifs au sein de la fonction publique fédérale. De même, le FBI et le Secret Service ont subi de multiples purges internes ces derniers mois.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/amerique/le-renseignement-americain-victime-de-nouvelles-coupes-dampleur-37ASVTEVGBAD5IB6W6Z3RALJWA/

Author :

Publish date : 2025-08-21 11:31:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile