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Comment Washington régule à distance les opérations militaires de l’Ukraine en Russie

Comment Washington régule à distance les opérations militaires de l’Ukraine en Russie

Donald Trump joue l’ambivalence avec l’Ukraine. Le Wall Street Journal a révélé samedi 23 août que depuis la fin du printemps, le Pentagone bloque l’utilisation par Kiev de missiles longue portée américains ATACMS — dont la portée avoisine 305 kilomètres — contre des cibles en Russie. Selon le quotidien économique de référence, cette restriction s’inscrirait dans la stratégie de l’administration Trump visant restreindre les opérations militaires ukrainiennes, pour ainsi faciliter les pourparlers avec Vladimir Poutine.

En effet, l’Ukraine ne peut pas utiliser les missiles à longue portée américains comme elle l’entend, elle doit obtenir l’accord explicite du secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, qui détient le dernier mot sur toute décision concernant l’emploi de ces armes. Deux responsables américains ont indiqué au Wall Street Journal (WSJ) qu’à au moins une reprise, l’Ukraine avait demandé à utiliser des ATACMS contre une cible, mais que cette requête avait été rejetée en vertu d’un « mécanisme d’examen » mis au point par Elbridge Colby, sous-secrétaire d’État à la politique du Pentagone. Selon le WSJ, ce mécanisme d’examen s’accompagne d’un contrôle accru sur les munitions livrées à l’Ukraine, alors que les stocks américains sont déjà largement entamés.

Ce dispositif régule l’usage des missiles longue portée américains ou de ceux fournis par des alliés européens, dès lors qu’ils reposent sur des composants ou des renseignements américains. Il s’applique également aux missiles de croisière britanniques Storm Shadow, dont l’emploi par l’Ukraine dépend de données de ciblage américaines, rappelle The Guardian.

L’ancien président américain Joe Biden avait pourtant autorisé l’Ukraine, lors de sa dernière année de mandat, à frapper l’intérieur du territoire russe avec les missiles américains ATACMS. Une décision que Donald Trump avait qualifié d' »erreur » avant même son investiture en janvier, dans une interview accordée en décembre 2024 au magazine Time. « Je suis en profond désaccord avec l’envoi de missiles à des centaines de kilomètres de la Russie. Pourquoi agissons-nous ainsi ? Nous ne faisons qu’aggraver cette guerre. Cela n’aurait pas dû être autorisé », avait-il martelé.

« Impossible de gagner une guerre sans attaquer le pays d’un envahisseur »

Un retour en arrière, donc. Mais la semaine dernière, alors que des négociations étaient en cours entre le président russe et Volodymyr Zelensky, le 47e président des Etats-Unis a assuré que l’Ukraine ne pourrait vaincre la Russie que si elle pouvait « jouer l’offensive » dans la guerre. « Il est très difficile, voire impossible, de gagner une guerre sans attaquer le pays d’un envahisseur », a écrit Donald Trump jeudi 21 août. Avant même d’ajouter : « C’est comme une grande équipe sportive qui possède une défense fantastique, mais qui n’est pas autorisée à jouer l’offensive. Il n’y a aucune chance de gagner. »

Les intentions réelles de Donald Trump restent donc assez floues. Interrogée à ce sujet, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a simplement répondu : « Le président fait une observation, qui se révèle exacte. » Des responsables américains ont précisé, de leur côté, que ces déclarations ne signifiaient pas un changement de politique capable de supprimer le mécanisme de contrôle du Pentagone ni d’encourager l’Ukraine à utiliser les ATACMS et autres systèmes occidentaux à longue portée. Cependant, un haut responsable de la Maison-Blanche a laissé entendre que Donald Trump pourrait revoir sa position et faciliter des opérations offensives plus étendues contre la Russie.

Les Ukrainiens misent sur le Flamingo, leur nouveau missile de croisière

Le mois dernier, les États-Unis avaient accepté de fournir à l’Ukraine de nouveaux systèmes d’armement, à condition que les pays européens les financent. Alors que Donald Trump a annoncé que les États-Unis ne cherchaient pas à fournir des armes à plus longue portée qui pourraient atteindre Moscou, des responsables américains ont confirmé au Wall Street Journal que l’administration avait approuvé la vente de 3 350 missiles à lanceur aérien à longue portée, ou ERAM, qui ont une portée de 400 kilomètres. Plusieurs responsables américains ont ajouté que l’utilisation de l’ERAM nécessiterait que l’Ukraine obtienne, comme pour les ATACMS, l’approbation du Pentagone.

Difficile d’y voir clair, donc… Alors que les alliés occidentaux débattent encore des garanties de sécurité à offrir à Kiev, l’Ukraine continue de déployer sa propre stratégie pour tenir Moscou à distance. Elle mise désormais sur un nouveau missile de croisière à même de frapper l’ensemble du territoire russe européen et doté d’une ogive massive de plus d’une tonne. Il s’agit du Flamingo FP-5, « capable d’emporter une charge de 1 150 kilogrammes et de parcourir jusqu’à 3 000 kilomètres au-dessus de la Russie », a précisé Iryna Terekh, PDG et directrice technique de l’entreprise de défense ukrainienne, dans un entretien accordé à Politico depuis son bureau à Kiev. En attendant des livraisons occidentales, Kiev entend bien montrer qu’elle peut aussi compter sur ses propres capacités.



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Author : Audrey Parmentier

Publish date : 2025-08-24 14:51:00

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