Samedi 23 août, Benny Gantz, le chef d’un parti d’opposition en Israël, a jeté un pavé dans la mare. Il a invité Benyamin Netanyahou, Yaïr Lapid et Avigdor Lieberman à s’asseoir autour d’une même table pour constituer, sans l’extrême droite, un gouvernement temporaire axé sur une priorité : rapatrier l’ensemble des otages de Gaza. Une proposition que les intéressés n’ont, pour l’heure, pas commentée.
Recherche de majorité au parlement
Depuis le départ, en juillet, des partis ultraorthodoxes ashkénazes, Benyamin Netanyahou ne dispose plus de majorité absolue et dépend d’alliés d’extrême droite hostiles à toute transaction avec le Hamas et partisans d’une guerre jusqu’à « l’anéantissement » du mouvement à Gaza.
C’est dans ce contexte que Benny Gantz (du parti de centre droit, Union nationale) appelle à une coalition inédite avec Yaïr Lapid (du parti centriste et laïc Yesh Atid) et Avigdor Lieberman (chef du parti nationaliste et laïc, Israël Beiteinou). Au total, ces trois partis réunis, ajoutés au Likoud, celui du Premier ministre, représenteraient une majorité de 72 députés sur 120 au Parlement.
L’idée de Benny Gantz ne vise pas seulement les otages. Dans son plan, ce gouvernement provisoire ferait ensuite voter une loi claire sur le service militaire incluant les haredim, également appelés les juifs ultraorthodoxes. Autrement dit : il devra régler le principal point de tension du moment, la loi sur la conscription des haredim, que la coalition actuelle n’arrive pas à trancher.
54 000 convocations envoyées
Pendant des décennies, les ultraorthodoxes ont bénéficié d’une exception au service militaire. À la création d’Israël, David Ben Gourion avait accepté que les étudiants des écoles talmudiques se consacrent à l’étude de la Torah, considérée comme une contribution spirituelle à la défense du pays. Au départ, très peu de personnes étaient concernées, puis la communauté a fortement grandi.
Cette règle a été contestée au fil du temps. En juin 2024, la Cour suprême a estimé qu’il n’existait plus de base légale pour une exemption générale. L’armée a donc relancé la conscription des ultraorthodoxes : en juillet, elle a envoyé 54 000 convocations. Environ 80 000 hommes haredim de 18 à 24 ans sont théoriquement aptes à être appelés, mais seuls 2 940 se sont engagés pour le moment. Cette population représente près d’un million de personnes, soit environ 13 % du pays : la question n’est donc plus marginale.
Depuis la fin des exemptions, la contestation a gagné la rue. Mercredi 20 août, des groupes de juifs ultraorthodoxes ont bloqué plusieurs échangeurs dans le centre du pays. Au début du mois, la police militaire a arrêté deux frères d’une école talmudique près de Jérusalem pour désertion de la conscription. La justice militaire leur a infligé de courtes peines de prison. Au sein de cette communauté, l’épisode a été vécu comme un signal d’escalade.
L’armée, de son côté, évite pour l’instant les arrestations massives pour ne pas enflammer la situation. Mais les convocations continuent d’arriver, et chaque nouveau délai ravive la colère. La mobilisation haredie a un objectif simple : faire reculer le gouvernement sur la conscription.
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Author : Aurore Maubian
Publish date : 2025-08-25 18:29:00
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