L’Express

Kilmar Abrego Garcia, le Salvadorien devenu le symbole de la politique anti-migrants de Donald Trump

Kilmar Abrego Garcia, le Salvadorien devenu le symbole de la politique anti-migrants de Donald Trump

Lundi 25 août au matin, à Baltimore, Kilmar Abrego Garcia, 30 ans, Salvadorien installé dans le Maryland, se présente au bureau de la police de l’immigration (ICE). Les autorités veulent l’embarquer pour l’Ouganda. Quelques heures plus tard, un juge fédéral interrompt ce départ. Son nom est devenu le symbole de la politique anti-immigration de la Maison-Blanche : expulsé « par erreur » en mars vers le Salvador et envoyé au centre de confinement du terrorisme (CECOT), puis renvoyé aux Etats-Unis en juin, il était de nouveau détenu jusqu’à la semaine dernière dans le Tennessee. En cause : ce dernier est accusé d’être membre du MS-13, un gang né à Los Angeles afin de protéger les immigrés salvadoriens des autres gangs, et d’avoir aidé des migrants à rester dans le pays. Des faits qu’il conteste et pour lesquels il n’a pas été condamné.

Une « erreur administrative » ?

L’histoire commence en 2012. Kilmar Abrego Garcia franchit la frontière près de McAllen, au Texas. En 2019, on l’arrête devant un Home Depot dans le Maryland. La police du comté de Prince George le catégorise comme appartenant au MS-13 en raison de ses vêtements « codés », de son apparition aux côtés d’un membre du gang et de la mention d’une source confidentielle. Lui conteste, et parle d’ouï-dire.

La même année, un juge de l’immigration annule son éloignement vers le Salvador au titre d’un risque crédible de persécution. Il est autorisé à rester. Mais en mars dernier, nouveau rebondissement : Kilmar Abrego Garcia est expulsé avec plus de 250 hommes, la plupart pour appartenance présumée à un gang vénézuélien. Destination le CECOT, au Salvador, où les détenus sont coupés de l’extérieur et de leurs avocats. Washington parle d’abord d' »erreur administrative » puis revient finalement sur ses paroles, défendant son expulsion. Le Salvadorien sera finalement renvoyé aux Etats-Unis en juin. Entre-temps, l’Etat du Tennessee engage des poursuites pour aide au séjour illégal. Un épisode de 2022 est versé au dossier : contrôlé sur l’autoroute alors qu’il conduisait huit personnes de Houston (Texas) jusqu’au Maryland, il reçoit un simple avertissement pour permis expiré.

1,5 million d’étrangers de moins depuis janvier 2025

Nouveau rebondissement ce lundi 25 août, lorsque l’ICE lui ordonne de se présenter à Baltimore, dans le Maryland. Sur X, la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, annonce son arrestation et sa mise en détention. Ses avocats sont avertis d’un possible transfert vers l’Ouganda, pays avec lequel un accord d’accueil des expulsés vient d’être annoncé. Le Salvadorien avait auparavant rejeté une proposition de plaider-coupable qui l’aurait maintenu en détention et renvoyé vers le Costa Rica.

Devant les bureaux de l’ICE, son avocat, Simon Sandoval-Moshenberg, dénonce une pression : le Costa Rica comme « carotte », l’Ouganda comme « bâton », alors que son client portait déjà un bracelet électronique et était assigné à résidence. Un recours est déposé. Le juge suspend alors provisoirement son renvoi.

Depuis janvier et l’investiture de Donald Trump, la Maison-Blanche a durci sa politique migratoire : près de 200 décrets et mesures ont été pris. Le président décrit une « invasion » et met en scène les expulsions. Selon une étude du Pew Center publiée la semaine dernière, le nombre d’étrangers présents aux États-Unis, en règle ou non, aurait reculé de 1,5 million sur les six premiers mois de 2025 (passant de 53,3 à 51,9 millions).

Avant d’entrer à l’ICE, Kilmar Abrego Garcia avait demandé à ses soutiens de rester mobilisés : continuer à prier, à se battre, à résister. Le projet de renvoi vers l’Ouganda est à l’arrêt pour le moment. La suite se jouera entre le dossier pénal au Tennessee, les procédures migratoires et les choix de Washington.



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2025-08-26 14:56:00

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