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Argentine : cette affaire de corruption qui secoue Javier Milei

Argentine : cette affaire de corruption qui secoue Javier Milei

Javier Milei a été la cible, ce mercredi 27 août, de projectiles divers, pierres ou bouteilles, lancés par des manifestants mécontents face à un scandale de corruption qui secoue pour la première fois le président argentin, éclaboussant sa sœur et bras droit, Karina Milei. L’affaire a éclaté mardi 19 août après la fuite d’audios de l’ex-directeur de l’Agence national pour le Handicap (Andis), Diego Spagnuolo, qui affirme qu’elle détournait des fonds destinés aux personnes handicapées.

Dans les enregistrements, Diego Spagnuolo décrit un mécanisme dans lequel des entreprises et fournisseurs pharmaceutiques étaient contraints de verser 8 % de surfacturation et de commissions en échange de contrats publics pour l’achat de médicaments, résume La Nación.

Si une enquête a été ouverte par le Parquet, Karina Milei, secrétaire de la présidence que son frère appelle « Le Chef », n’est pour l’heure pas mise en cause. Mais elle est soupçonnée d’avoir prétendument perçu 3 % du montant payé par l’Andis à la pharmacie Suizo Argentina pour l’achat de ses médicaments. L’enquête a été ouverte après la diffusion de plusieurs enregistrements où une voix, attribuée à l’ex-directeur de l’agence publique, dit que « Karina reçoit 3 %, et 1 % sert à l’opération ». Après ces révélations, le gouvernement a démis Diego Spagnuolo de ses fonctions « face aux faits rendus publics ».

Plusieurs proches de Milei soupçonnés

Diego Spagnuolo, ancien avocat et « homme de confiance de Milei » selon El País América, affirme avoir averti le président de la présumée implication de sa sœur. « Ils empochent au moins un demi-million (de dollars) par mois », entend-on dans l’enregistrement. Dans ce supposé système de pots-de-vin figure également Eduardo « Lule » Menem, bras droit de Karina Milei et neveu de l’ex-président Carlos Menem (1989-1999).

Le juge en charge de l’enquête, Sebastián Casanello, a ordonné 16 perquisitions au total, y compris au domicile de l’un des propriétaires de la pharmacie, Jonathan Kovalivker, qui dirige l’entreprise avec son frère Emmanuel. Ce dernier a été arrêté par la police alors qu’il tentait de fuir avec 266 000 dollars répartis dans des enveloppes. Les frères Kovalivker n’ont fait aucune déclaration, mais la presse rapporte qu’ils ont remis leurs téléphones portables à la justice.

La pharmacie Suizo Argentina a affirmé dans un communiqué avoir agi « en totale conformité avec les normes et lois en vigueur » et se trouver « en règle et à la disposition de tout organisme de contrôle, ainsi que de tout pouvoir de l’Etat ». Un texte que le président Javier Milei a republié sur son compte Instagram.

Un « mensonge », selon Javier Milei

Bien que Karina Milei n’a pas réagi publiquement, ce mercredi, le président argentin s’est lui exprimé pour la première fois sur ces audios, confirmant indirectement que la voix est bien celle de Diego Spagnuolo. « Tout ce qu’il dit est un mensonge, nous allons le traduire en justice et prouver qu’il a menti », a-t-il déclaré à la presse.

Javier Milei a fait cette déclaration peu avant d’être la cible de jets de projectiles lancés par des manifestants en banlieue de Buenos Aires, mobilisés par ces rumeurs de corruption. Tout de suite exfiltré par ses services de sécurité, il est indemne, selon le porte-parole présidentiel, Manuel Adorni.

Ce dernier a affirmé que les manifestants « ont attaqué à coups de pierres le cortège dans lequel se trouvait le président de la Nation ». « Il n’y a pas eu de blessés », a-t-il rapporté sur X, accusant les auteurs de cette attaque d’être des partisans de l’ex-présidente de centre gauche, Cristina Kirchner (2007-2015), assignée à résidence depuis juin.

Le gouvernement Milei mis à l’épreuve

Ce scandale survient également après l’annulation par la Chambre des députés d’un veto présidentiel, sur une loi qui déclarait l’urgence dans l’aide aux personnes handicapées afin de régulariser les paiements en retard des prestations de santé et de les garantir jusqu’en décembre 2027.

Toujours en réaction à l’affaire, Manuel Adorni a dénoncé sur X une « manipulation politique de l’opposition pendant une année électorale ». En effet, deux élections législatives partielles sont prévues, une le 26 octobre et l’autre, plus tôt en septembre, dans la province de Buenos Aires, qui représente 37 % de l’électorat national.

Cette élection mettra à l’épreuve la popularité de Javier Milei, surtout après ses succès en matière économique, parvenant à maîtriser l’inflation au prix de coupes sévères dans les dépenses publiques, notamment dans l’aide sociale aux personnes handicapées.



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Publish date : 2025-08-28 09:45:00

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