L’Europe dégaine le « snapback ». Paris, Londres et Berlin ont annoncé jeudi 28 août le déclenchement d’un mécanisme pour réimposer les sanctions de l’ONU sur l’Iran en raison de son non-respect de ses engagements sur son programme nucléaire, selon une lettre au Conseil de sécurité consultée par l’AFP. « L’escalade nucléaire de l’Iran ne doit pas aller plus loin » a déclaré Paris à la suite de cette annonce.
Les trois pays « souhaitent notifier le Conseil de sécurité que, sur la base de preuves factuelles, le E3 (La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni) estime que l’Iran est en position de non-respect important de ses engagements » en vertu de l’accord sur le nucléaire de 2015. Ils « invoquent ainsi le mécanisme connu sous le nom du snapback », qui entame un processus de 30 jours permettant de réimposer toute une série de sanctions suspendues il y a dix ans, indique la lettre.
L’Iran menace sa coopération avec l’AIEA
La réaction iranienne a été quasiment immédiate. « Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré que l’Iran répondrait de manière appropriée à cette action illégale et injustifiée », a indiqué un communiqué du ministère iranien, publié à l’issue d’un appel téléphonique entre Abbas Araghchi et ses homologues français, allemand, et britannique. « Cette décision des trois pays européens compromettra gravement le processus d’interaction et de coopération en cours entre l’Iran et l’Agence », chargée de surveiller le programme nucléaire iranien, l’AIEA, a ensuite précisé la diplomatie iranienne.
Quelques heures auparavant, le patron de l’AIEA, Rafael Grossi, avait annoncé qu’une équipe de l’agence était de retour dans le pays – et ce malgré la suspension par Téhéran de sa coopération avec l’organisme onusien, dans le sillage de la guerre de 12 jours déclenchée le 13 juin par une attaque d’Israël sur le sol iranien.
En réaction à ces développements, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra vendredi 29 août une réunion d’urgence pour discuter à huis clos du déclenchement du snapback. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a quant à lui salué dans un communiqué la décision des E3. Avant d’affirmer ce jeudi que les Etats-Unis étaient ouverts à des discussions « directes » avec l’Iran concernant son programme nucléaire « afin de trouver une solution pacifique et durable à la question du nucléaire iranien ».
En guerre ouverte avec l’Iran, Israël n’a pas tardé à féliciter la décision des E3. « Une étape importante pour arrêter le programme nucléaire iranien » et « faire pression sur le régime », a salué jeudi l’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon. « L’Iran continue à ignorer la communauté internationale et à violer ses engagements, encore et encore. Israël a déjà exposé ses inquiétudes concernant les intentions malveillantes des Ayatollahs. Maintenant les pays du monde joignent ce combat contre l’axe du mal », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Des pourparlers devaient débuter
La menace du rétablissement des sanctions de l’ONU planait déjà sur l’Iran depuis plusieurs semaines, en parallèle de négociations pour tenter de trouver une solution. Des pourparlers se sont déroulés vendredi 22 août lors d’un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et plusieurs dirigeants européens. Puis, une nouvelle rencontre mardi 26 août à Genève a réuni « les vice-ministres des Affaires étrangères à Genève ».
À la suite de ces réunions, dont l’issue fut peu fructueuse, l’Iran avait déjà prévenu mercredi que sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) serait affectée en cas de déclenchement du mécanisme de sanctions.
La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ainsi que la Chine, la Russie et les États-Unis, avaient trouvé en 2015, un accord avec l’Iran qui prévoyait d’importantes restrictions à son programme nucléaire en échange d’une levée progressive des sanctions de l’ONU. Or, le texte est devenu caduc lorsque Washington a décidé de se retirer unilatéralement du traité en 2018 sous la première présidence de Donald Trump.
Jugeant le pacte rompu, l’Iran s’est progressivement affranchi de ses engagements et la situation s’est aggravée après la guerre de 12 jours lancée mi-juin par Israël. Le mécanisme de « snapback » doit désormais permettre de ramener Téhéran à la table des négociations, 10 ans après la signature de l’accord.
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Author : Enola Richet
Publish date : 2025-08-28 16:47:00
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