Un début de fronde au sein des autorités de santé américaines. Ce mercredi 3 septembre, une nouvelle lettre ouverte, signée par plus de 1 000 actuels et anciens employés du ministère américain de la Santé, appelle l’actuel secrétaire en poste, Robert Kennedy Jr., à démissionner. Dans ce message, ils estiment que ce dernier « continue de mettre en danger la santé de la nation ». En cause ? Des mesures de plus en plus radicales prises par cette figure antivax, placée à la tête du Department of Health and Human Services (HHS) par Donald Trump depuis le début de son second mandat à la Maison-Blanche.
Départ controversé
Adepte des théories farfelues et des propos à l’emporte-pièce, Robert Kennedy Jr. a particulièrement été pointé du doigt après le limogeage la semaine dernière de Susan Monarez, la directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la principale agence fédérale en matière de santé aux Etats-Unis. Cette scientifique a été débarquée de la tête de ces structures, notamment chargées de la prévention des pathologies et de la surveillance épidémiologique. Un départ confirmé par le HHS dans un message lapidaire, publié sur X le 27 août. « Susan Monarez n’est plus directrice des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies », a indiqué le ministère. « Nous la remercions pour son service dévoué envers le peuple américain. »
Selon CNN, Susan Monarez aurait quitté son poste en désaccord avec les prises de positions controversées de Robert Kennedy Jr. Selon la chaîne américaine, qui cite des sources proches du dossier, la responsable, en poste depuis moins d’un mois, aurait payé son refus de soutenir publiquement certaines des décisions prises par le secrétaire à la Santé, comme l’annulation d’autorisations jusque-là décernées pour des vaccins contre le Covid-19. Dans un article consacré à cet épisode, le Washington Post précise par ailleurs que l’experte aurait subi « toute la semaine » la « pression de Robert Kennedy Jr. » sur ce dossier. Quatre autres hauts responsables ont quitté dans le même temps leurs postes au sein des CDC.
Vaccins contre le Covid-19 dans le collimateur
Déterminé à remodeler l’ensemble des priorités américaines en matière de santé, Robert Kennedy Jr. prône la philosophie « MAHA », pour « Make America Healthy Again » – un dérivé de la formule « MAGA » popularisée par Donald Trump. Au cœur de ses principes : la remise en cause des vaccins, en particulier ceux contre le Covid-19, qu’il a décrié au plus fort de la pandémie. En juin 2020, l’organisation « Children’s Health Defense », qu’il présidait alors, avait assuré qu' »au moins deux des principaux vaccins contre le Covid cont [enaient] du tissu fœtal ». Un exemple de contrevérité parmi la masse de fausses informations diffusées par cet organe, par la suite banni de Facebook et Instagram.
Début août, Robert Kennedy Jr. a annulé une vingtaine de contrats signés pour développer de nouveaux produits utilisant la technologie ARN messager afin de prévenir de nouvelles menaces virales. « C’est peut-être le jugement de santé publique le plus dangereux que j’aie vu en 50 ans de carrière », avait à l’époque déploré Michael Osterholm, directeur du Centre de recherche et de politique sur les maladies infectieuses de l’Université du Minnesota, cité par NPR, la radio publique américaine. Fin mai, le ministre avait ordonné l’arrêt d’un contrat de développement d’un autre vaccin à ARN messager, conçu par le laboratoire Moderna contre les souches de grippes à potentiel pandémique. Un partenariat à 766 milliards retoqué, et ce, en pleine épidémie de grippe aviaire…
Toutes ces décisions s’ajoutent à des plans de licenciements massifs au sein des administrations de santé, mettant au chômage des milliers de fonctionnaires. Forcément, face à ces mesures polémiques, certaines voix s’élèvent dorénavant outre-Atlantique pour critiquer le plan promu par « RFK Jr. ». Lundi, neuf ex-dirigeants des CDC ont publié une tribune dans le New York Times pour dénoncer une politique de santé qui mettrait en danger les plus jeunes et pourrait créer des conditions favorables à une nouvelle pandémie. « C’est inacceptable et cela devrait alarmer tous les Américains, quelles que soient leurs convictions politiques », critiquent ces anciens responsables.
« Contexte de défiance croissante » contre les agences de santé
Plus tôt dans l’été, une autre affaire avait placé Robert Kennedy Jr. dans une position délicate. Le 8 août, un homme a ouvert le feu sur le siège des CDC, à Atlanta (Géorgie), tuant un policier. Selon plusieurs médias américains, l’assaillant, mort dans l’attaque, s’affichait comme opposé au vaccin contre le Covid-19, qu’il accusait comme le responsable de sa maladie. Ce fait divers avait conduit à une précédente lettre ouverte d’employés ou ex-employés du ministère de la Santé, pointant du doigt le rôle de « RFK Jr. » dans le manque de confiance de la population vis-à-vis des CDC.
« L’attaque s’inscrit dans un contexte de défiance croissante envers les institutions publiques, alimentée par une rhétorique politisée qui a transformé les professionnels de la santé publique, auparavant experts de confiance, en cibles de diabolisation – et maintenant, de violence » affirmaient les plus de 750 signataires du texte. Selon eux, le ministre américain de la Santé « est complice du démantèlement de l’infrastructure de santé publique américaine et met en danger la santé de la nation en diffusant à plusieurs reprises des informations sanitaires inexactes ».
Face à toutes ces critiques, Robert Kennedy Jr. tente de défendre son point de vue. Mardi, il a simplement dit souhaiter « restaurer la confiance » des Américains dans l’action des CDC, rappelant leur ambition de « protéger » la population des maladies infectieuses. Or, d’après lui, « au fil des décennies, l’inertie bureaucratique, la politisation de la science et la dérive de la mission ont érodé cet objectif et miné la confiance du public ». Pour remplacer Susan Monarez, un profil bien différent a été choisi par l’administration Trump à la tête de l’agence fédérale : Jim O’Neill, un financier dans le secteur technologique, qui a déjà assuré des fonctions au ministère de la Santé sous George W. Bush.
Plusieurs membres du Congrès démocrates, tout comme le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders, ont à leur tour demandé la démission de Robert Kennedy Jr. de la tête du HHS. Donald Trump, lui, continue d’entretenir un certain doute sur la fiabilité des vaccins contre le Covid-19. « Il est crucial que les laboratoires pharmaceutiques justifient le succès de leurs différents médicaments contre le Covid », a exhorté le président américain, lundi, sur son réseau Truth Social. « Nombreux sont ceux qui pensent qu’ils représentent un miracle ayant sauvé des millions de vies. D’autres ne sont pas d’accord ! Alors que les CDC sont déchirés sur cette question, je veux la réponse, et je la veux MAINTENANT. »
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Publish date : 2025-09-03 15:45:00
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