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Bruxelles inflige à Google une amende record malgré les ultimatums de Donald Trump qui menace de nouveaux droits de douane

Bruxelles inflige à Google une amende record malgré les ultimatums de Donald Trump qui menace de nouveaux droits de douane

L’Europe reculera-t-elle sous la pression américaine sur sa régulation du numérique ? Vendredi 5 septembre sur son réseau social Truth Social, le président américain a menacé d’ouvrir une « enquête » sur l’Union européenne, qui pourrait entraîner une nouvelle hausse des tarifs douaniers. Un peu plus tôt le même jour, Bruxelles a annoncé vouloir infliger une amende de près de 3 milliards d’euros à Google, lui imposant de cesser de favoriser ses propres services de technologie publicitaire, après avoir découvert que l’entreprise exploitait son avantage sur ses concurrents.

Cette amende contre le géant du web « s’ajoute aux nombreuses autres amendes et taxes imposées à Google et à d’autres entreprises technologiques américaines », a affirmé Donald Trump dans son post. « C’est très injuste, et le contribuable américain ne le tolérera pas ! Comme je l’ai déjà dit, mon administration ne tolérera pas ces actes discriminatoires », a-t-il martelé. Le président américain assure dans le même message que si l’UE ne revient pas sur les amendes « injustes » infligées à Google mais aussi à Apple, il serait « contraint » de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la « Section 301 ».

Le milliardaire critique depuis longtemps les amendes infligées par l’Europe aux entreprises technologiques américaines. Sur le ton de la menace et dans une tentative de dissuasion, il avait déjà prévenu plus tôt ce mois-ci qu’il imposerait des droits de douane « substantiels » aux pays qui infligeraient des taxes, des règles ou des réglementations numériques aux entreprises américaines.

Selon Donald Trump, les patrons des géants de la tech américaine ne se plaignent pas de la Chine, « c’est l’Union européenne qui est en cause. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire » a-t-il affirmé à la presse vendredi, alors qu’un dîner a été organisé jeudi soir dernier à la Maison-Blanche, réunissant des dirigeants de GAFAM comme Sundar Pichai d’Alphabet Inc. (Maison mère de Google), Mark Zuckerberg de Meta Platforms Inc. et Tim Cook d’Apple Inc.

60 jours pour mettre fin à cette pratique anticoncurrentielle

La Commission européenne a décidé vendredi que Google a abusé de sa position dominante en donnant à ses propres plateformes d’échange d’annonces un avantage concurrentiel et qu’elle devait mettre fin à ces pratiques. L’amende, fixée à presque 3 milliards d’euros, est l’une des plus sévères jamais infligée par Bruxelles.

Mais la Commission ne s’est pas contentée d’imposer une amende. Elle a également ordonné à Google de « mettre fin à ces pratiques d’auto-préférence » et de « mettre en œuvre des mesures pour cesser ses conflits d’intérêts inhérents tout au long de la chaîne d’approvisionnement AdTech ». Google dispose désormais de 60 jours pour informer la Commission des mesures qu’il compte proposer. Bruxelles examinera ensuite ces propositions pour déterminer si elles éliminent effectivement les conflits d’intérêts identifiés.

« Google doit maintenant proposer un remède sérieux pour résoudre ses conflits d’intérêts, et s’il ne le fait pas, nous n’hésiterons pas à imposer des remèdes forts », a estimé Teresa Ribera, la vice-présidente de la Commission chargée de la concurrence au sein de l’UE. L’entreprise a immédiatement promis de faire appel. Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires chez Google, a déclaré que cette décision « impose une amende injustifiée et nécessite des changements qui nuiront à des milliers d’entreprises européennes en rendant leur rentabilité plus difficile ».

Mais pour le Conseil européen des éditeurs, qui a porté plainte auprès de la Commission européenne, « une amende ne résoudra pas le problème du marché européen des technologies publicitaires ». « Sans une application rigoureuse et décisive de la loi, Google considérera simplement cela comme un coût pour son activité tout en consolidant sa domination à l’ère de l’IA », a déclaré Angela Mills Wade, directrice exécutive du Conseil. « L’Europe risque de fragiliser ses propres règles et d’affaiblir le secteur des médias et de l’édition ».

Vers une scission forcée de Google ?

Cette sanction vient mettre de l’huile sur le feu entre les Etats-Unis et l’UE, sortis par d’intenses négociations il y a peu d’une guerre commerciale sans précédent. Aux Etats-Unis néanmoins, les activités de Google sont elles aussi menacées : selon le ministère de la Justice, qui tiendra une audience à ce sujet le 22 septembre, Google devrait être sommé de vendre immédiatement une partie de son activité de technologie publicitaire, et être forcé à faire interagir sa technologie avec ses concurrents.

Google a rejeté celle proposition de scission, estimant que cette solution était trop extrême. L’entreprise a plutôt proposé de faire fonctionner son système d’échange publicitaire de manière transparente avec les technologies concurrentes et a accepté d’installer un système de surveillance pour garantir la conformité pendant les trois prochaines années. Pour l’heure, le gouvernement américain accepte d’attendre entre deux et quatre ans pour voir si une cession forcée est nécessaire.



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Publish date : 2025-09-06 14:22:00

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