« Complot », « infiltration », « mafia » : de Jean-Luc Mélenchon à Jordan Bardella, plusieurs personnalités politiques ont vivement réagi après la diffusion d’une vidéo d’une conversation entre deux cadres du PS et deux journalistes, dont l’un tenant des propos litigieux sur la campagne de Rachida Dati à la mairie de Paris.
Au cours de cet échange, capté à l’insu des participants et révélé vendredi par le mensuel L’Incorrect, proche de l’extrême droite, le journaliste Thomas Legrand déclare notamment : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi », laissant entendre qu’ils œuvreraient contre la candidate LR à la mairie de Paris.
« Partialité du service public »
La radio publique France Inter a aussitôt « décidé de suspendre (Thomas Legrand, NDLR) de l’antenne à titre conservatoire », après que Rachida Dati a dénoncé « des propos graves et contraires à la déontologie ».
🚨[ EXCLU ] : L’Incorrect publie la vidéo.
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— Juliette Briens (@JulietteBriens) September 5, 2025
Les réactions politiques n’ont pas tardé à affluer. « Voir des journalistes du service public assumer de vouloir ‘faire ce qu’il faut’ contre la ministre de la Culture pour faire gagner la gauche à Paris dans une collusion totale avec le PS est révoltant », s’est indigné LR sur X. Les principaux opposants au gouvernement ont également accablé les protagonistes, dont la discussion portait plus largement sur la situation politique, en particulier de la gauche. « Vidéo consternante » dans laquelle « deux journalistes essentiels de l’officialité PS complotent pour valoriser un axe ‘de Ruffin à Canfin’ et Glucksmann », a écrit M. Mélenchon. Ils « peuvent enfin assumer officiellement leur rôle de porte-parole du Parti socialiste », a ironisé le député insoumis Thomas Portes.
Même critique du côté du Rassemblement national. « Une preuve supplémentaire » de « la partialité du ‘service public’ en faveur de la gauche », a fustigé le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, estimant qu' »il est temps d’ouvrir le chantier de la privatisation de l’audiovisuel public ». Tout comme le leader de Reconquête, Eric Zemmour, qui a qualifié l’audiovisuel public d' »outil de propagande au service de la gauche ». Proche des fondateurs de L’Incorrect, Marion Maréchal avait elle aussi fustigé « l’existence d’une véritable mafia politique entre FranceTV et le Parti socialiste ».
Thomas Legrand assume ses « propos maladroits »
Sollicités par l’AFP, le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, et le président du conseil national du parti, Luc Broussy, interlocuteurs de Thomas Legrand et Patrick Cohen, n’ont pas souhaité réagir. Thomas Legrand a, lui, reconnu samedi des « propos maladroits » à l’égard de Rachida Dati mais assumé de « s’occuper journalistiquement » de la ministre de la Culture. « Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion », a réagi Thomas Legrand dans un message transmis samedi à l’AFP.
« Je tiens des propos maladroits. (…) Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de ‘m’occuper’ journalistiquement des mensonges de Madame Dati », écrit-il, quelques heures après sa suspension de l’antenne de France Inter. « Il est possible, par l’intermédiaire d’une vidéo volée, de mettre en cause l’ensemble d’une profession. Ceux et celles qui tomberont dans ce piège évident fouleront les principes qui fondent notre espace public, à commencer par celui de la liberté de la presse », ajoute-t-il.
« L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par le PS, enfin par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure (premier secrétaire du parti, NDLR) sur l’antenne de France Inter. Donc c’était tout sauf une réunion conspirative », a pour sa part réagi Patrick Cohen, éditorialiste politique sur France Inter et C à vous (France 5), sollicité par l’AFP.
« Aucune collusion n’existe entre le Parti socialiste et les journalistes quels qu’ils soient », a affirmé samedi le PS, au cœur de la polémique. « Tous les responsables politiques sans exception rencontrent la presse pour faire valoir leur point de vue », souligne le PS dans un communiqué, accusant en retour le média « fondé par des proches de Marion Maréchal » d’avoir pour « seul but d’entretenir une lecture complotiste du monde ».
Le candidat socialiste à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, a pour sa part critiqué la diffusion de « vidéos volées, dont raffole la constellation d’extrême droite pour colporter leurs idées nauséabondes ». « Le vrai scandale c’est celui de Mme Dati » qui peut « rester ministre de la culture tout en étant renvoyée en correctionnelle pour corruption », a-t-il affirmé à l’AFP.
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Publish date : 2025-09-06 13:49:00
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