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« Un seul missile russe pourrait vitrifier Paris, Marseille et Lyon » : les sombres prédictions du père de l’arme laser française

« Un seul missile russe pourrait vitrifier Paris, Marseille et Lyon » : les sombres prédictions du père de l’arme laser française

Quel visage aura le monde en 2049 ? Comment la guerre se fera-t-elle ? L’Europe de la défense aura-t-elle (enfin) été constituée ? La Chine sera-t-elle redevenue la première puissance mondiale ? L’Ukraine a-t-elle encore une chance de remporter le conflit face à la Russie ? Ces questions qui se promènent dans les couloirs des chancelleries et macèrent dans la tête de nos dirigeants, Bernard Lavarini, père de l’arme laser tricolore et un des expert pour les questions de défense de Lionel Jospin à Matignon (1997-2002), y répond dans L’Occident sur le qui-vive ! (Harmattan, 2025). Une réflexion prospective sur la géopolitique de demain, conduite à partir, entre autres, d’une fine analyse du conflit russo-ukrainien, en cours depuis février 2022.

Au lendemain de la réunion de la coalition des volontaires à Paris, à l’issue de laquelle Emmanuel Macron a annoncé l’engagement de vingt-six pays à participer une « force de réassurance » en cas de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, L’Express a interrogé le spécialiste des questions de défense qui met en garde sur les risques d’une nucléarisation des conflits et souligne l’urgence d’accélérer le réarmement tricolore et de cheminer vers une véritable Europe de la défense. Entretien.

L’Express : Pourquoi avoir choisi l’année 2049 spécifiquement comme horizon de projection ?

Bernard Lavarini : 2049 correspond à l’objectif fixé par Xi Jinping, à savoir faire de la Chine, pour le centenaire du Parti communiste, la première puissance mondiale, comme elle l’a été durant dix-huit siècles. Et elle est en passe d’y parvenir. En 2023, le PIB chinois représentait déjà 82 % de celui des États-Unis. Pour 2025, la croissance est annoncée à 5,2 %, contre 2 à 3 % pour les Américains. Avec cet écart, les projections des économistes indiquent qu’en 2049, la Chine aura dépassé les États-Unis sur de nombreux plans économiques. Démographiquement, elle comptera encore largement plus d’un milliard d’habitants, contre 343 millions environ pour les États-Unis, malgré le déclin déjà amorcé de sa population. Cela crée une vulnérabilité pour Washington.

Sur le plan militaire, les chiffres sont controversés. Les Chinois annoncent 300 milliards de dollars de budget, mais certains services de renseignement estiment qu’il est en réalité équivalent à celui des Américains, autour de 1 000 milliards. Le défilé militaire à Pékin, mercredi 3 septembre, a montré des capacités impressionnantes : missiles capables d’atteindre directement les États-Unis depuis la Chine, drones terrestres, navals et aériens, et même des armes laser. Sauf effondrement interne – ce qui me paraît peu probable compte tenu du système de surveillance numérique – la Chine a de réelles chances d’atteindre son objectif.

Ce cycle perpétuel de l’histoire chinoise est fascinant ; chaque période de désunion est considérée comme une aberration, et chaque nouvelle dynastie cherche à rétablir la continuité en reprenant les principes de gouvernement de la précédente. C’est ce qui, selon moi, finira par se passer avec Taïwan.

Pensez-vous que la Chine soit en mesure d’envahir Taïwan ? Beaucoup soulignent la difficulté d’une telle opération, qu’elle soit menée par la mer ou par les airs.

Il existe plusieurs scénarios. L’option militaire d’abord, avec un débarquement qui, certes, pourrait être compliqué. Mais il ne faut pas non plus mettre de côté l’option politique, qui viserait à favoriser l’émergence à Taïwan d’un mouvement interne qui choisirait lui-même le rattachement à la Chine. En revanche, affirmer que les Etats-Unis interviendraient en cas d’invasion ou de changement de régime me semble présomptueux. Washington souffre d’une vulnérabilité croissante vis-à-vis de la Chine. Sur le plan économique et démographique, et bientôt militaire.

Pékin devrait atteindre le millier de têtes nucléaires en 2030 et posséder, vers 2035, un potentiel équivalent à celui de Washington. Or, la dissuasion ne fonctionne que si les vulnérabilités sont équivalentes des deux côtés. En raison de leur moindre poids démographique, les États-Unis doivent chercher à compenser par la technologie, notamment en couplant leur arsenal nucléaire à un bouclier antimissiles. Or, le « dôme d’or » de Trump est en réalité une extrapolation du système israélien, basé sur des missiles antimissiles tirés depuis le sol.

Un tel dispositif resterait insuffisant face à des frappes massives – un millier de têtes nucléaires pouvant viser les États-Unis. Pour qu’une dissuasion par empêchement soit crédible, il faudrait déployer des armes dans l’espace, laser et armes à énergie cinétique, un projet déjà esquissé à l’époque de Ronald Reagan. Cela nécessiterait des moyens colossaux, mais avec près de 1 000 milliards de dollars consacrés chaque année aux dépenses militaires, les États-Unis peuvent se donner les moyens de cette ambition.

Revenons-en au cœur de votre ouvrage. Pouvez-vous esquisser un portrait du monde de 2049 ?

Dans l’état actuel des choses, il est difficile d’être optimiste. L’avenir politique de l’Europe reste très incertain. Il n’existe pas, pour l’instant, de volonté d’aller vers une intégration plus poussée, qu’elle soit fédérale ou confédérale. Pourtant, l’Europe aurait intérêt à jouer un rôle comparable à celui de la Suisse, un tampon, en s’affirmant comme médiatrice entre les États-Unis et les pays du Sud, en particulier la Chine. Mais pour cela, il faudrait qu’elle existe politiquement, et qu’elle dispose d’une défense commune, ce qui reste aujourd’hui largement hors de portée. Quant aux États-Unis, ils s’éloignent progressivement du Vieux Continent pour se concentrer sur ce qu’ils considèrent comme leur problème numéro un, à savoir, la Chine.

En tout état de cause, et pour éviter un conflit mondial nucléaire, il faudrait que les grandes puissances atomiques agissent de façon à limiter l’intensité et la durée des conflits dans leurs zones d’influence. C’est pourquoi j’estime urgente l’organisation d’une conférence, à la manière de Yalta, réunissant les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud. L’objectif serait de fixer des zones d’influence afin de garantir une stabilité dans un nouvel ordre mondial, dont le centre de gravité se déplace déjà vers le Sud Global, au détriment de l’Occident…

Si conflit il devait éclater en 2049, à quoi ressemblerait-il ? Du point de vue technologique, la guerre de 1870 n’a pas été faite comme celle de 1914, qui a été elle-même conduite différemment à bien des égards à celle de 1945. Les progrès des complexes industrialo-militaires des dernières années ont fait émerger de nouvelles façons d’appréhender le combat.

La difference stratégique, à l’horizon 2049, reposera sur l’exploitation de deux domaines fondamentaux de la physique. D’une part, l’énergie nucléaire du noyau atomique, qui continuera de fonder la dissuasion ; d’autre part, la maîtrise des électrons, avec les armes laser et surtout les ordinateurs quantiques. À cela s’ajoute bien sûr l’intelligence artificielle – davantage un outil logiciel – mais qui jouera un rôle décisif.

Si l’on prend un peu de recul, l’histoire militaire montre que la vitesse a toujours été l’élément clef pour imposer sa volonté. Frédéric II faisait marcher ses troupes à marche forcée ; Napoléon en a tiré les leçons pour concentrer ses forces au bon endroit, au bon moment de la bataille, pour compenser son infériorité en nombre ; Stalingrad a encore démontré l’importance de cette logique. Au XXe siècle, c’est la mécanique et le moteur qui ont révolutionné la guerre. Demain, ce sera la « vitesse quantique », qui permettra d’atteindre une quasi-instantanéité dans la décision et l’action.

Quant au char de 4e generation Franco-Allemand (MGCS), il regroupera le char proprement dit, équipé d’IA et d’une hyper connectivité pour faciliter le soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux. Il sera accompagné d’autres véhicules, certains dotés de missiles antichar, d’autres robotisés dotés d’arme laser. Chaque vecteur de combat sera intégré dans un système où les données, transmises par les drones et analysées par l’IA et le quantique, offriront une vision en temps réel du champ de bataille. Concrètement, cela signifie que tout mouvement de troupe deviendra immédiatement observable, et les décisions pourront être prises en réaction instantanée. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles, en Ukraine, malgré la supériorité numérique et matérielle de la Russie, le front n’a pas été percé. L’usage intensif de drones, de capteurs et de traitements numériques perturbe et ralentit les offensives.

Dans votre ouvrage, vous distinguez deux types d’Etats : les sanctuarisés, protégés de toute attaque, en ce qu’ils détiennent l’arme nucléaire ; et les non-sanctuarisés qui, ne bénéficiant pas de la protection suprême, sont en proie à des conflits. Est-ce à dire que si tous les pays disposaient de l’arme nucléaire, les conflits ne se déclencheraient plus ?

Hélas, cela ne fonctionne pas ainsi (rires). Les États du Sud n’ont pas la même logique de pensée que nous. La Chine, par exemple, affiche clairement sa volonté de redevenir la première puissance mondiale. Le nationalisme y est très présent, comme en Inde. Le risque, dans ces régions, n’est pas la stabilité, mais au contraire la prolifération des armes nucléaires. La dissuasion n’est pas perçue de la même manière partout. En Iran par exemple, il existe une dimension idéologique et religieuse ; certains extrémistes considèrent le sacrifice de leur vie comme un accès au paradis. Avec cette logique, l’arme nucléaire pourrait être envisagée non pas comme un outil de dissuasion, mais comme une arme offensive. C’est ce qui la rend si inquiétante. Certains stratèges, comme le général Poirier, estimaient que si l’Iran obtenait la bombe, la dissuasion finirait par fonctionner. Mais je reste sceptique, car cette dimension de croyance dans « l’au-delà » modifie complètement le calcul rationnel de la dissuasion.

La guerre en Ukraine pourrait être, dites-vous, la première guerre nucléaire mondiale. Quelles lignes rouges franchies feraient basculer le conflit dans un conflit nucléaire ?

Le risque était très élevé au début, notamment lorsque les Ukrainiens ont réussi à repousser les troupes russes. Si leur progression s’était poursuivie jusqu’au rejet complet des forces russes hors des oblasts occupés, je pense que Moscou aurait alors utilisé l’arme nucléaire, pour « neutraliser » la menace. Aujourd’hui, ces oblasts occupés ont été intégrés à la Fédération de Russie ; ils sont désormais considérés comme des territoires russes à part entière, dotés de leurs institutions et de leur cadre juridique. Cela réduit, à court terme, le risque d’escalade nucléaire. En revanche, si des troupes françaises ou britanniques devaient un jour intervenir directement en Ukraine, alors là, le risque augmenterait très fortement.

Emmanuel Macron a annoncé hier l’engagement de 26 pays, pour l’essentiel européen, à participer à une « force de réassurance » avec des troupes déployées sur le sol, en mer ou dans les airs dans le cadre d’un éventuel cessez-le-feu russo-ukrainien. Existe-t-il un risque d’escalade qui pourrait conduire, selon vous, à une nucléarisation du conflit ?

Les Russes n’ont pas intérêt à signer un cessez-le-feu tant que la totalité des quatre oblasts ne sera pas acquise par la Russie. À la vitesse de progression du front, nous en parlerons encore dans un an, à moins d’un effondrement ukrainien dont il est difficile d’évaluer aujourd’hui sa probabilité.

Toute chose égale par ailleurs, si un cessez-le-feu avait lieu aujourd’hui, il est probable que des escarmouches surviendraient d’abord avec les 26 membres de la force de réassurance, hors France et Grande-Bretagne qui détiennent des armes nucléaires de représailles. Mais sur l’échelle d’un embrasement généralisé, le risque augmenterait considérablement. C’est pourquoi Donald Trump hésite à assurer les 26 de la présence américaine. Si un avion américain venait à être abattu au-dessus de l’Ukraine, ce pourrait être l’amorce d’un processus incontrôlable.

Vous fustigez les voix qui taxent de « Munichois » les partisans d’un accord de paix avec la Russie, en référence aux accords de 1938 qui ont vu la France et le Royaume-Uni céder les Sudètes à Hitler. Ne doit-on pourtant pas tirer une leçon de cet épisode, symbole de l’illusion des démocraties face à un dictateur ?

Emmanuel Macron est allé jusqu’à traiter certains de « lâches ». Mais la comparaison ne tient pas, car à l’époque, Hitler n’avait pas l’arme nucléaire. Or, le nucléaire change radicalement les rapports de force entre États. C’est bien pour cela que Poutine ose et que Biden a craint d’aller trop loin. Quant à Trump, on ne sait jamais vraiment sur quelle planète il se situe, ce qui est plutôt inquiétant. Mais il faut avoir conscience des conséquences qu’un engagement des forces françaises pourrait avoir sur la suite du conflit. Surtout, prétendre que la France pourrait jouer le même rôle que les États-Unis – qui disposent de 11 porte-avions et de 14 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins – est illusoire.

Avec ses moyens conventionnels actuels, la France n’est pas en mesure de soutenir une guerre de haute intensité dans la durée, même au sein d’une coalition européenne. Regardez les chiffres : en 1969, quand le général de Gaulle a quitté le pouvoir, la France consacrait 4,14 % de son PIB à la défense. Cela lui permettait d’avoir à la fois une armée conventionnelle robuste et une force nucléaire crédible. Si nous avions maintenu cet effort budgétaire, nous aurions aujourd’hui investi 1 333 milliards d’euros supplémentaires dans nos armées. C’est ce qu’il faudrait pour disposer de la force nécessaire. À ce rythme, il nous faudrait encore une dizaine d’années avant de pouvoir tenir notre rang sur la durée.

Certes, notre force de dissuasion reste très performante. Notre dissuasion dispose de 3 000 cibles potentielles en Russie. Dans le dialogue établi entre Paris et Londres, il y a un partage de ces cibles pour éviter les doublons. Si les Anglais tirent, tant mieux. S’ils ne le peuvent pas parce que les Américains leur refusent l’autorisation, peu importe puisque nos propres missiles nous permettraient d’atteindre toutes les cibles choisies. Ce type d’accord passé avec Londres est bon car il vise à optimiser la capacité de destruction, pas à rendre la France dépendante. Mais il ne faut pas oublier que chaque grande ville française vit avec « un pistolet sur la tempe » : un seul missile russe pourrait vitrifier Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice…

Vous avez tenté d’évaluer la probabilité pour l’Ukraine de l’emporter dans la guerre contre la Russie. Quelles sont vos conclusions ?

J’ai pris pour comparaison la guerre de 14-18. La France n’a pu gagner que parce qu’elle a bénéficié du soutien massif des Britanniques, et surtout de l’arrivée des Américains. Sans eux, elle aurait perdu face à l’Allemagne. Aujourd’hui, la situation est similaire sauf que l’Ukraine est seule face à la Russie. Elle n’a pas d’allié prêt à s’engager directement sur le terrain. Or, Moscou dispose de l’arme nucléaire, avec toute la palette de son emploi, de l’usage « préventif » jusqu’aux armes mégatonniques. Pour la Russie, perdre cette guerre signifierait l’éclatement de la Fédération. Elle mettra donc tous les moyens pour imposer sa volonté, y compris le recours possible au nucléaire tactique. Raison pour laquelle je crains qu’une intervention de l’Otan au sol ne fasse qu’alimenter l’escalade.

Depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien, les sommets se sont succédé, mais aucun n’est parvenu à acter un cessez-le-feu définitif. La diplomatie serait-elle devenue inefficace ?

À propos de la dissuasion nucléaire graduée, Henry Kissinger déclarait : « Si le recours à la force est devenu, en fait, impossible, la diplomatie peut, à son tour, perdre son efficacité ». Aujourd’hui, c’est le rapport de force qui prime. Nous sommes entrés dans un monde qui ne se reconnaît plus dans l’ordre occidental fondé sur le droit international. La diplomatie, au sens classique – valoriser le droit, chercher par le dialogue à régler les conflits – n’a plus la même portée. Elle redeviendra utile, mais seulement pour négocier les termes d’un cessez-le-feu, une fois la défaite entérinée. Autrement dit : d’abord viendra le renoncement, ensuite la discussion.

Vous ne partagez pas la vision extensive de la dissuasion nucléaire d’Emmanuel Macron, qui a expliqué que « les intérêts vitaux de la France étaient indissociables de ceux de ses voisins ». Vision que partageait Valéry Giscard d’Estaing. Protéger nos voisins n’est-ce pas une façon de se protéger soi-même ?

Imaginons le scénario – tout à fait possible – suivant : une guerre qui commence par une déflagration nucléaire. Si une seule rafale de missiles russes Oreshnik dotés, cette fois, de têtes nucléaires multiples, en moins de 15 minutes, paralysait les forces conventionnelles allemandes, que ferait la France ? Penser que sa frontière serait toujours sur l’Elbe est un leurre. Qu’elle soit sur le Rhin suffit à ses peines, alors que ses caisses sont vides et qu’elle doit se réarmer en urgence. Face à cette situation, l’intégration politique européenne aurait-elle atteint un niveau tel que, malgré tout, les Français seraient-ils prêts à accepter de prendre le risque d’un suicide collectif pour contribuer à défendre les Allemands ? Et vice versa pour les Allemands, ceux-ci seraient-ils prêts à mourir pour Paris ? En d’autres termes, les intérêts vitaux de Pierre seraient-ils devenus les intérêts vitaux de Paul ? Non ! Car, dans l’état actuel des choses, pour contigus qu’ils soient géographiquement, entre la France et l’Allemagne, les espaces ne sont pas stratégiquement continus ni homogènes au regard des fins politiques et des buts stratégiques qu’ils matérialisent : constants et invariants en France, contingents en Allemagne ou Pologne. Voilà pourquoi il nous faut nous apprêter à subir les tristes conséquences de la « solitude » nucléaire.

Concernant la dissuasion nucléaire de la Grande-Bretagne, il n’est pas raisonnable de la consolider avec celle de la France, car elle ne satisfait pas à l’ensemble des principes sur lesquels doit se fonder une dissuasion nucléaire. En effet, dans le cadre d’un accord d’interdépendance qui lie les Anglais aux Américains – suite aux difficultés rencontrées par les Anglais dans la mise au point des ogives mirvées – les missiles Trident II D-5 de la force stratégique britannique sont américains et les ogives nucléaires anglaises sont montées aux Etats-Unis sur ces missiles avant que cet ensemble soit intégré dans les sous-marins britanniques. Et lors de la mise en œuvre de leur tir, les Anglais, bien qu’ils soient opérationnellement autonomes, doivent « obtenir » l’accord des Américains. Il en ressort que les Anglais sont pieds et mains liés aux Américains, ce qui les prive d’une autonomie stratégique qui peut devenir critique pour eux et leurs alliés si les Etats-Unis se retiraient sur leur pré-carré comme ils sont en train de le faire aujourd’hui. Alors que la France, libre et indépendante, peut disposer quand elle le veut de sa force nucléaire de représailles. Dans ces conditions, que penser alors du pilier européen de l’Alliance ?

Vous croyez en revanche à l’Europe de la défense. À quoi pourrait-elle ressembler concrètement ?

Aujourd’hui, cela ne peut se faire qu’à travers des coalitions de forces. Pour bâtir une véritable défense intégrée, il faudrait une intégration politique fédérale ou confédérale. Concrètement, un président élu par l’ensemble des États, à l’image du modèle américain. Néanmoins la guerre russo-ukrainienne ne rendra pas inéluctable l’Europe de la défense. Il faudra une réelle volonté pour l’imposer. Mais si l’Europe veut peser dans le débat mondial, elle doit pourtant avancer vers cet objectif.

*L’Occident sur le qui-vive ! (Editions Harmattan, 2025), 30 euros



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2025-09-07 16:00:00

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