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L’exposition à voir : Georges de La Tour, le lumineux à redécouvrir au musée Jacquemart-André

L’exposition à voir : Georges de La Tour, le lumineux à redécouvrir au musée Jacquemart-André


De lui ne nous sont parvenus qu’une quarantaine de tableaux, même si d’innombrables copies attestent sa notoriété et l’importance de son atelier au XVIIe siècle. Curieux destin que celui de Georges de La Tour, né dans le duché de Lorraine, en 1593, vingt-deux ans après Caravage, auquel on l’a souvent rattaché, bien qu’il s’en démarque par bien des aspects. Reconnu de son vivant, le peintre est tombé aux oubliettes après sa mort en 1652, avant de retrouver une place phare dans l’histoire de l’art au XXe siècle. Le musée Jacquemart-André, à Paris, propose une relecture de son parcours à travers la première rétrospective consacrée à l’artiste en France depuis l’exposition historique du Grand Palais en 1997. Les commissaires Gail Feigenbaum et Pierre Curie éclairent ainsi un corpus replacé dans le contexte du caravagisme européen, qui frappe par sa stylisation dépouillée et son intense spiritualité. Focus sur trois des chefs-d’œuvre exposés à Paris jusqu’au 25 janvier.

Saint Philippe, vers 1620

Georges de La Tour, « Saint Philippe », vers 1625.

Georges de La Tour a environ 27 ans quand il peint cette toile empreinte d’humanité et de réalisme psychologique. Il vient alors de s’installer à Lunéville, dans l’est de la France, avec son épouse, Diane le Nerf. C’est ici que, fort du soutien du duc de Lorraine, il développe une activité florissante à la tête d’un atelier d’où jaillissent nombre de compositions religieuses. Parmi ces dernières, Saint Philippe provient de la commande la plus ancienne faite au peintre à ses débuts, une série de 13 toiles figurant le Christ et les 12 apôtres à mi-corps. De cet apostolado, jadis conservé à la cathédrale d’Albi puis dispersé après la Révolution, ne restent aujourd’hui que six représentations, dont celles des deux Saint Jacquesle Majeur et le Mineur.

La Madeleine pénitente, vers 1635-1640

Georges de La Tour, « La Madeleine pénitente », vers 1635-1640.

Elle est, avec Le Nouveau-Né ou La Femme à la puce, l’une des plus emblématiques scènes nocturnes éclairées à la chandelle de La Tour. Et peut-être une rescapée de l’incendie perpétré au cours de la guerre de Trente ans qui ravage Lunéville en 1638 et voit le peintre se réfugier à Nancy puis à Paris, où il sera promu « peintre ordinaire du roi » par Louis XIII. Parmi ses quatre versions connues du thème de la pêcheuse repentante, celle gardée à Washington restitue de façon saisissante l’économie formelle associée à un naturalisme intense. La lueur dorée projetée par la bougie sur le visage et le bras droit du modèle renforce l’allégorie, la lumière symbolisant l’élévation spirituelle, tandis que le crâne et le miroir suggèrent la vanité des biens terrestres.

Le Souffleur à la pipe, 1646

Georges de La Tour, « Le Souffleur à la pipe », 1646.

Le petit format, sans doute réalisé comme pendant à La Fillette au braséro, datée de la même période, voit le rôle accru de la lumière et la stylisation radicale du sujet, jusqu’à lui conférer une dimension métaphysique, caractéristique des œuvres tardives de La Tour. Le thème, en vogue dans les salons bourgeois de la Lorraine du XVIIe siècle, est décliné en neuf versions issues de l’atelier du peintre, dont ce Souffleur à la pipe conservé à Tokyo serait l’original. Redécouvert dans le sud de la France en 1973, le tableau viendra enrichir le corpus d’un génie du clair-obscur qui n’a peut-être pas encore livré tous ses secrets.



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Author : Letizia Dannery

Publish date : 2025-09-13 08:30:00

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