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Giorgia Meloni ou la rigueur discrète, par Eric Chol

Giorgia Meloni ou la rigueur discrète, par Eric Chol

Les mauvaises langues assurent qu’elle a eu de la chance. Que ses prédécesseurs avaient déjà largement entamé le travail d’assainissement des comptes publics. Que la présidente du conseil italien peut dire merci à l’Europe, qui octroie à son pays une manne financière non négligeable pour moderniser ses infrastructures. Qu’elle s’est jusqu’à présent bien gardée de s’attaquer aux réformes structurelles.

Tout ceci est sans doute vrai. Mais tous ces bémols ne retirent rien aux prouesses budgétaires de notre voisin italien, très longtemps considéré comme l’homme malade de l’Europe. Non seulement l’Italie est parvenue à se défaire de cette image – en refilant au passage le mistigri à la France, où le coût de l’emprunt à 10 ans dépasse désormais celui pratiqué à Rome – mais elle a également rétabli la confiance des investisseurs. Ce n’est pas un hasard si Giorgia Meloni, perçue hier comme l’incarnation du danger populiste, a été désignée en décembre 2024 comme « la personnalité la plus puissante de l’Europe » par Politico. Ou si son grand argentier, Giancarlo Giorgetti, un des piliers de la Ligue aux côtés de Matteo Salvini, a été élu « ministre des Finances de l’année » par la très sérieuse revue britannique The Banker.

Le déficit divisé par deux l’espace d’un an

Côté chiffres, le bilan du gouvernement Meloni étincelle, au point de susciter des jalousies hexagonales. Le déficit public ? Divisé par deux l’espace d’un an, il frôle presque la barre des 3 % du PIB, un objectif que la France ne cesse de reculer dans un avenir toujours plus lointain. La dette ? Elle reste certes dantesque – 135 % du PIB contre 114 % pour la France – mais elle a reculé de 20 points depuis l’arrivée de Meloni au Palais Chigi. Et ce n’est pas tout. L’Italie est le seul pays du G7 à avoir engrangé en 2024 un excédent primaire du budget (recettes supérieures aux dépenses, avant la prise en compte des charges d’intérêt), symbole d’une gestion rigoureuse des deniers publics. Au passage, la dette, en valeur absolue, n’occupe plus la première place du podium de l’Union européenne, laissée à la France avec son fardeau de 3 345 milliards d’euros de dette.

« Mais comment font-ils ? », peut se demander le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, chargé de sortir la France de son impasse budgétaire. Ni recette magique, ni vidéo sur YouTube ou grande conférence de presse pour avertir les Italiens du précipice financier qui les guetterait, ni même une frénésie fiscale endiablée, comme celle à laquelle se livrent ces derniers jours les socialistes Français. Mais du pragmatisme, un peu d’humilité et surtout une bonne dose de rigueur discrète. « Giorgia Meloni, bien conseillée par Mario Draghi, a compris qu’elle ne dispose que de très peu de marge de manœuvre, relève Lorenzo Gazzoletti, directeur général à Paris de Richelieu Invest. Résultat, son gouvernement évite les erreurs économiques et la déstabilisation, ce qui procure de la confiance et permet aux consommateurs de consommer et aux entreprises d’investir ». En clair, Meloni rassure, et l’Italie assure. Ça paraît simple, non ?



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Author : Eric Chol

Publish date : 2025-09-18 04:30:00

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