Plus de trois ans et demi après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, les pourparlers pour mettre fin au conflit sont dans l’impasse, tant les positions de Moscou, qui exige que l’Ukraine lui cède des territoires, et de Kiev semblent inconciliables. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a estimé jeudi qu’il fallait « accentuer la pression » sur Vladimir Poutine. D’autant que la semaine dernière, l’intrusion d’une vingtaine de drones russes en Pologne a mis à l’épreuve la défense anti-aérienne du flanc Est de l’Otan. Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 18 septembre avoir approuvé la vente de missiles antichars Javelin et leurs lance-missiles à la Pologne, un membre de l’Otan frontalier de l’Ukraine, pour un montant de 780 millions de dollars.
Les infos à retenir
⇒ L’Estonie dénonce une violation « sans précédent » de son espace aérien par trois avions de combat russes
⇒ La Commission européenne propose un 19e « paquet » de sanctions contre la Russie
⇒ Protéger les infrastructures énergétiques, le « plus gros défi », selon la ministre de l’Energie ukrainienne
L’Estonie dénonce une violation « sans précédent » de son espace aérien par trois avions de combat russes
Le ministère estonien des Affaires étrangères a dénoncé ce vendredi la violation de l’espace aérien de ce pays balte, membre de l’UE et de l’Otan, par trois avions de combat russes.
« L’incursion a eu lieu au-dessus du golfe de Finlande, où trois avions de chasse MIG-31 de la Fédération de Russie sont entrés dans l’espace aérien estonien […] et y sont restés pendant un total de 12 minutes », a indiqué le ministère dans un communiqué, en estimant qu’il s’agissait d’un acte d’une « audace sans précédent ».
La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a dénoncé sur X une « provocation extrêmement dangereuse ».
Un 19e « paquet » de sanctions contre Moscou
La Commission européenne a proposé vendredi aux pays de l’UE d’adopter un 19e « paquet » de sanctions contre Moscou, ciblant notamment les hydrocarbures russes, a annoncé sa porte-parole, Paula Pinho. « Nous pouvons confirmer que la commission a adopté un nouveau paquet de sanctions contre la Russie, le 19e paquet », a-t-elle indiqué devant des journalistes, précisant que la présidente Ursula von der Leyen ferait une déclaration à ce sujet.
Après un entretien avec Donald Trump, la présidente de la commission européenne avait promis mardi des « mesures supplémentaires » contre la Russie, visant notamment son secteur énergétique.
Donald Trump s’est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d’acheter des hydrocarbures russes, dont les ventes sont l’une des principales sources de financement de la machine de guerre russe contre l’Ukraine. En réponse, Ursula von der Leyen avait indiqué vouloir « accélérer » le sevrage européen des hydrocarbures russes, dans un « effort commun » avec les Etats-Unis.
Les Européens cherchent coûte que coûte à garder les Etats-Unis à leurs côtés dans leurs efforts pour soutenir l’Ukraine en guerre. Et en n’agissant pas rapidement sur les sanctions, ils redoutent aussi de donner à Donald Trump une bonne raison pour ne rien faire lui-même à l’encontre de la Russie, selon des diplomates.
L’Union européenne a déjà décidé, depuis décembre 2022, de cesser toute importation de pétrole russe. Deux pays européens ont toutefois obtenu une exemption, la Hongrie et la Slovaquie, en raison de leur dépendance au brut venant de Russie. L’UE a également fortement réduit sa dépendance au gaz russe depuis l’invasion russe de l’Ukraine déclenchée en février 2022, mais pas totalement. En 2024, la Russie assurait encore 19 % de l’approvisionnement en gaz de l’UE, dont près de la moitié sous forme de GNL, générant des centaines de millions d’euros de revenus pour la Russie.
En juin dernier, la Commission a proposé de mettre totalement fin à cette dépendance avant la fin 2027. Une des mesures envisagées serait d’accélérer le calendrier concernant le gaz naturel liquéfié (GNL), selon des diplomates à Bruxelles.
Ursula von der Leyen a également assuré cette semaine qu’elle proposerait des sanctions supplémentaires contre des entités (entreprises, banques, etc) de pays tiers, notamment la Chine ou l’Inde, qui aident la Russie à contourner les sanctions occidentales ou à vendre son pétrole. Donald Trump a aussi suggéré aux Européens d’envisager des hausses substantielles de droits de douane visant la Chine, pour qu’elle diminue son soutien à Moscou.
Washington approuve la vente de missiles antichars à la Pologne
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 18 septembre avoir approuvé la vente de missiles antichars Javelin et leurs lance-missiles à la Pologne, un membre de l’Otan frontalier de l’Ukraine, pour un montant de 780 millions de dollars. « Cette vente proposée soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des Etats-Unis en améliorant la sécurité d’un allié de l’Otan qui constitue une force de stabilité politique et économique en Europe », a déclaré dans un communiqué l’Agence américaine de coopération pour la défense et la sécurité (DSCA).
Le département d’Etat américain a approuvé la vente et la DSCA a fourni la notification requise au Congrès, qui doit encore valider la transaction.
La Pologne est un partenaire clé de l’Ukraine depuis que la Russie a envahi ce pays en février 2022. Craignant la menace russe, la Pologne s’est lancée ces dernières années dans un programme de modernisation rapide de son armée, signant plusieurs contrats d’achat d’armement, principalement avec les Etats-Unis et la Corée du Sud. La Pologne consacrera l’année prochaine 4,8 % de son PIB à la défense, comparé à 4,7 % prévus cette année.
Donald Trump se dit déçu par Vladimir Poutine
Donald Trump a exprimé jeudi sa déception à l’égard de Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine, lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a lui appelé à « accentuer la pression » sur le président russe.
Le président américain a quitté le Royaume-Uni en fin d’après-midi, après sa deuxième visite d’Etat dans le pays, marquée par un accueil fastueux du roi Charles III et des entretiens avec Keir Starmer. Elle s’achève sans annonce majeure au niveau politique ou diplomatique. Sur l’Ukraine, le dirigeant républicain a semblé admettre être dans l’impasse. Le conflit « que je pensais être le plus facile à résoudre était » la guerre en Ukraine, « en raison de mes relations avec le président Poutine, mais il m’a laissé tomber. Il m’a vraiment laissé tomber », a-t-il déclaré.
Nous devons « accentuer la pression » sur Vladimir Poutine, a redit Keir Starmer, qui se positionne depuis des mois comme un intermédiaire entre Donald Trump et les Européens sur ce sujet. « Ce n’est que lorsque le président (Trump) a exercé une pression sur Poutine que celui-ci a réellement montré une certaine volonté d’agir », a affirmé le chef du gouvernement britannique.
Protéger les infrastructures énergétiques, le « plus gros défi » de Kiev
« La protection » des infrastructures face aux attaques russes « quotidiennes » est le « plus gros défi » du secteur de l’énergie en Ukraine qui s’achemine vers un 4e hiver de guerre, a déclaré la nouvelle ministre ukrainienne de l’Energie, Svitlana Gryntchouk, en visite à Paris.
« Chaque saison de chauffage, chaque hiver durant la guerre pour l’Ukraine, est un grand défi », a souligné Svitlana Gryntchouk rencontrée par l’AFP en marge d’une réunion de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE. « Le plus grand défi est de protéger et de sauvegarder les installations énergétiques contre les attaques quotidiennes, avec des centaines de drones et de missiles », a indiqué la ministre qui a récupéré ce portefeuille stratégique en juillet. « Nous avons réparé beaucoup de nos équipements énergétiques après les attaques, mais nous constatons que la Russie continue d’attaquer », souligne Svitlana Gryntchouk.
L’Ukraine protège ses installations énergétiques, en recourant à de la protection « physique » (par exemple, des gabions), « avec différentes défenses techniques contre les drones et les missiles, et bien sûr, nous cherchons à renforcer notre défense aérienne ». « L’ennemi a changé de tactiques et nous devons aussi changer notre protection », ajoute-t-elle.
Malgré les mesures, l’année a été « extrêmement difficile pour les infrastructures gazières ». « C’est un défi supplémentaire de (savoir) comment réparer rapidement avant la période froide », dit-elle. Même si l’Ukraine espère avoir dans ces stockages au moins 13,2 bcm (milliards de m3 de gaz) pour passer l’hiver, elle aura besoin d’importer plus de 4,5 bcm supplémentaires, selon la ministre. L’Ukraine prévoit par ailleurs d' »avoir tous ses réacteurs en opération », soit les 9 unités qui sont encore en activité depuis l’occupation par les Russes de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporijjia, composée de six réacteurs tous mis à l’arrêt.
En cas de besoin, le pays peut importer pour 2,1 GW d’électricité à travers ses lignes à haute tension connectées au réseau européen. « Notre tâche n’est pas seulement de résister, nous construisons également les bases d’un avenir énergétique plus solide, plus propre et plus sûr », avait déclaré un peu plus tôt la ministre devant des représentants d’Etats et de l’industrie nucléaire.
Avec la guerre, le pays s’est tourné à marche forcée vers la transition énergétique en installant éoliennes et panneaux solaires, de petites unités de production électrique, offrant plus de « stabilité » au système électrique car elles sont « plus difficiles » à cibler, a indiqué la ministre. L’Ukraine veut étendre ses capacités nucléaires, y compris avec de mini-réacteurs, tout en développant les renouvelables et le stockage par batterie ou en barrages.
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Publish date : 2025-09-19 14:44:00
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