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Ventes de livres : le festival de Nancy est-il annonciateur des prix d’automne ?

Ventes de livres : le festival de Nancy est-il annonciateur des prix d’automne ?


L’histoire a commencé sous Giscard, en 1979 : depuis cette date, le festival du Livre sur la Place lance la rentrée en donnant les premières indications de ce qui « prend » ou non. Le Tout-Saint-Germain-des-Prés migre vers Nancy le temps d’un week-end. La semaine dernière (entre le 12 et le 14 septembre), comme chaque année, la splendide place Stanislas était le centre du monde littéraire. Le palmarès des meilleures ventes que nous publions chaque vendredi s’incarnait sous nos yeux. Sous le grand chapiteau, les faits sont têtus et personne ne peut se cacher derrière des chiffres bidonnés. Si le succès de David Foenkinos ou Michel Bussi n’est plus à vérifier, on a pu voir des files de gens faisant la queue devant les nouveaux phénomènes Adèle Yon et Paul Gasnier. Derrière leur table ou dans les travées, ils étaient tous là : Emmanuel Carrère, Anne Berest, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Cédric Sapin-Defour, Maria Pourchet, Javier Cercas, Ramsès Kefi… Ne manquait que notre héros Philippe Boxho pour parachever ce défilé de vedettes.

Rappelons que, avant d’être la ville de Virginie Despentes, Philippe Claudel ou Maurice Barrès, Nancy a vu naître Edmond de Goncourt. Le jury du prix qui porte son patronyme a pour coutume de se joindre à la fête. A l’hôtel Stendhal, propriété de l’espiègle et érudit Jacques Letertre, on pouvait ainsi croiser au petit-déjeuner trois académiciens Goncourt : Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun et Paule Constant. Logé à la même adresse mais snobé par ledit jury, qui ne l’a pas retenu sur sa première liste, Sorj Chalandon tardait à descendre prendre son café… L’entre-soi étant consubstantiel au milieu de l’édition, toute la caravane s’était déplacée. A l’Opéra de Nancy, on pouvait ainsi assister en direct au Masque et la Plume. Le vendredi soir, le dîner donné à l’Hôtel de ville était l’occasion pour certains patrons de maison d’aller flatter Assouline, Ben Jelloun et Constant. Après le dessert et quelques verres en terrasse, un auteur Gallimard nous a soutenu que le Snooz est « la » boîte où il faut aller danser en marge du Livre sur la Place – l’équivalent du célèbre Cardinal à la Foire du livre de Brive. Nous n’avons été qu’une poignée à accompagner le romancier jusqu’au club. Là-bas, entre gin et vodka, un éditeur dandy nous annonçait l’effondrement prochain de notre industrie vacillante cependant qu’un patron de presse roublard se bouchait les oreilles – il avait justement un manuscrit à rendre et ne voulait pas se décourager.

Les ventes de livres

Moins frivoles que ces élucubrations nocturnes sont les récompenses remises à la lumière du jour. Le prix Stanislas, décerné à un premier roman et présidé cette année par Kamel Daoud, n’est pas allé à Mathilda di Matteo, comme nous l’avions parié, mais à Agnès Gruda pour Ça finit quand, toujours ? (Les Equateurs). Cela permettra-t-il au livre de décoller ? A suivre… Le prix des Libraires de Nancy est revenu quant à lui au grand favori Laurent Mauvignier pour La Maison vide (Minuit). N’est-ce que le début, en attendant le prix Goncourt (qui sera annoncé le 4 novembre) ? Quoi qu’il en soit, la saison s’achèvera à Brive du 7 au 9 novembre avec les mêmes protagonistes, certains aux anges, d’autres défaits.



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Author : Louis-Henri de La Rochefoucauld

Publish date : 2025-09-19 14:23:00

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