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Avion de combat européen du futur : pourquoi l’Allemagne est prête à évincer la France du projet

Avion de combat européen du futur : pourquoi l’Allemagne est prête à évincer la France du projet

Un accord d’ici la fin de l’année ou exit la France du projet ? C’est le sort qui semble attendre le projet européen d’avion de combat du futur, Scaf (ndlr : Système de combat aérien du futur), sur lesquels collaborent le français Dassault Aviation et le groupe européen Airbus. Faute d’accord d’ici fin 2025 sur le rôle de chaque partie dans le processus de construction, Berlin serait prêt à faire appel à d’autres partenaires pour remplacer Paris, selon les informations de Politico et du Financial Times.

Parmi les pays sur la liste : la Suède ou encore le Royaume-Uni, pourtant engagé dans un projet concurrent, au risque de créer un conflit d’intérêt. Autre option : l’Allemagne pourrait également continuer seule avec l’Espagne, qui participe elle aussi – par le biais de son constructeur Indra – à ce projet européen à pas moins de 100 milliards d’euros.

« Il y aura un avion, avec ou sans la France »

« Il y aura un avion de combat, avec ou sans la France », a déjà mis en garde une personne proche du dossier au Financial Times. De son côté, le chancelier allemand, Friedrich Merz, a fait savoir que l’Allemagne voulait une solution au plus vite. « Les choses ne peuvent pas continuer comme elles le sont actuellement », a-t-il prévenu.

Selon Politico, son ministre des Affaires étrangères aurait fait part, lors d’une réunion avec Airbus, de son mécontentement face aux « pressions de Paris » pour obtenir un « rôle démesuré » dans le cadre de cette construction. Au cours de l’été, le média allemand spécialisé dans la défense Hartpunkt a rapporté que Dassault faisait pression pour obtenir 80 % des travaux sur le processus dit NGWS dans lequel s’inscrivent ces avions de combat. Une accusation que Dassault a aussitôt démentie mais qui n’en a pas moins provoqué la colère de Berlin.

Des avions pour renforcer l’arsenal de combat face à la menace russe

Lancé en 2017, le « Future Combat Air System » ou FCAS (ou SCAF) est destiné à remplacer le Rafale et l’Eurofighter Typhoon d’ici 2040. Alors même que l’Europe tente de renforcer ses défenses pour anticiper la menace russe croissante, ce projet revêt un enjeu stratégique de premier plan. Et si ce n’est pas la première fois que des tensions entre pays se font sentir autour de ces avions, celles-ci auraient atteint un niveau préoccupant.

En juillet, Paris et Berlin ont convenu d’essayer d’aplanir leurs divergences à l’automne et de décider avant la fin de l’année s’il fallait passer à la phase 2 du FCAS, au cours de laquelle les entreprises devront présenter un avion de démonstration. Mais elles n’ont pas encore trouvé de consensus à ce jour.

Le Royaume-Uni et la Suède parmi les potentiels remplaçants

L’ouverture du projet à de nouveaux partenaires constituerait un changement radical. D’autant plus que le Royaume-Uni, qui figure parmi les candidats, dirige le programme concurrent « Global Combat Air Programme » (ou GCAP) par l’intermédiaire de BAE Systems, ce qui pose la question de potentiels conflit d’intérêts.

Quant à la Suède, elle ne fait plus partie du GCAP et pourrait donc contribuer au FCAS par l’intermédiaire de Saab. Le ministre suédois de la Défense, Pål Jonson, sera d’ailleurs à Berlin la semaine prochaine.

Sébastien Lecornu est attendu sur ce dossier

Une réunion trilatérale entre les ministres de la Défense espagnol, allemand et français est en tous cas prévue en octobre. L’une des options pourrait être de conserver la répartition actuelle du travail (environ 33 % pour chaque pays) tout en modifiant la gouvernance afin de permettre des décisions plus rapides.

Toujours selon Politico, Sébastien Lecornu, qui occupait auparavant le poste de ministre des Forces armées, a été directement impliqué dans les négociations sur le FCAS et est considéré à Berlin comme la seule personnalité ayant l’autorité nécessaire pour amener Dassault à la table des négociations. Les prochaines semaines devraient permettre d’y voir plus clair.



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Publish date : 2025-09-22 18:30:00

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