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Après la semaine de six jours, la journée de travail de 13 heures ? Grève générale en Grèce

Après la semaine de six jours, la journée de travail de 13 heures ? Grève générale en Grèce

Un projet « digne du Moyen Âge ! » : le 1er octobre dans la matinée, des milliers de Grecs ont protesté dans les rues d’Athènes ou de Thessalonique contre une réforme voulue par le gouvernement conservateur. Après avoir déjà par le passé inscrit dans la loi la possibilité d’augmenter le temps de travail, celui-ci souhaite désormais légaliser la journée de travail de 13 heures.

Signe d’un rejet général de la mesure, tout le pays est touché par une grève générale de 24 heures. Toute la journée, les transports, notamment les taxis, les trains et les ferries sont à l’arrêt, tout comme les métros et bus à certaines heures de la journée. Les enseignants, les personnels hospitaliers et les fonctionnaires ont également cessé le travail à l’appel de la Confédération des travailleurs grecs (GSEE) et de la Confédération des fonctionnaires (ADEDY).

Aggravation de la situation en Grèce

Défendu par la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus, le projet de loi prévoit notamment que, sous certaines conditions et moyennant rémunération supplémentaire, un employé puisse travailler 13 heures par jour pour une seule entreprise. Dans un pays où l’économie s’est redressée depuis la crise financière mais reste fragile, cette possibilité existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus. La durée légale du temps de travail quotidien en Grèce est actuellement de 8 heures avec la possibilité d’effectuer jusqu’à 3 heures supplémentaires.

La GSEE a fustigé une « nouvelle aggravation d’une situation déjà profondément problématique ». Car selon elle, beaucoup d’employés n’auront guère la possibilité de refuser de travailler 13 heures « compte tenu du rapport de force déséquilibré entre employeur et salarié, renforcé par la précarité qui prévaut sur le marché du travail ». Les syndicats estiment également que le droit à un repos obligatoire de 11 heures sera bafoué, notamment en raison du temps de transport pour se rendre sur le lieu de travail.

Travailler davantage pour être mieux payé

Le Premier ministre, au pouvoir depuis 2019, a assuré que de nombreux jeunes souhaitaient travailler plus pour gagner davantage. « Nous garantissons une liberté de choix tant pour l’employeur que pour le salarié. Pourquoi cela serait-il antisocial ? », a-t-il lancé début septembre. La ministre du Travail a également insisté sur le caractère « exceptionnel » de la journée de 13 heures. « Il s’agit d’une disposition […] valable jusqu’à 37 jours par an […] uniquement avec l’accord du salarié et avec une rémunération majorée de 40 % », a-t-elle insisté sur la chaîne de télévision Mega.

Il y a un peu plus d’un an déjà, le gouvernement conservateur avait légalisé la semaine de six jours de travail dans les entreprises privées qui fournissent des services 24 heures sur 24 ou en cas de forte demande dans un secteur, comme le tourisme. Dans le détail, cette nouvelle législation autorise déjà les employeurs à proposer aux salariés de travailler deux heures de plus par jour ou une journée supplémentaire de huit heures. En contrepartie, en théorie, d’une majoration salariale de 40 %. Globalement, les bas salaires demeurent le talon d’Achille de l’économie et l’une des préoccupations majeures des Grecs, avec la cherté de la vie.

Fortes inégalités selon les secteurs

Avec ces mesures, le gouvernement conservateur dit apporter des réponses aux principales faiblesses de l’économie grecque. Car malgré une croissance soutenue (+ 2,3 % en 2024 selon la Commission européenne) et le redressement des finances publiques au cours des dernières années, il affiche encore un niveau de productivité inférieur de 40 % à la moyenne européenne. Pourtant, le temps de travail hebdomadaire, de 39,8 heures en Grèce, est supérieur à la moyenne des 27 pays de l’Union européenne (35,8 heures), selon Eurostat.

Et ce car il cache de fortes disparités : dans le secteur touristique, au « pic » de la saison, serveurs, cuisiniers enchaînent les journées à rallonge parfois sans le moindre repos hebdomadaire. De nombreux autres secteurs manquent de main-d’œuvre. Le Parlement n’a pas encore inscrit à son calendrier l’examen de ce projet de loi.



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Author : Enola Richet

Publish date : 2025-10-01 12:46:00

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