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Face à la menace russe, ces pays d’Europe qui dépoussièrent leurs bunkers

Face à la menace russe, ces pays d’Europe qui dépoussièrent leurs bunkers

Ce sont les intrusions récentes dans le ciel lituanien, le 10 puis le 28 juillet, de deux drones venus de Biélorussie, pays allié de Moscou, qui ont agi comme une prise de conscience. Plusieurs responsables du pays, dont le Premier ministre par interim, Rimantas Šadžius, avaient alors trouvé refuge dans un abri anti-aérien, une possibilité que les autorités veulent étendre à l’ensemble de la population. Le manque est criant : le pays compterait un peu plus de 6 400 abris, susceptibles d’accueillir environ 1,5 million de personnes, pour 3 millions d’habitants. Les conseils municipaux sont vivement encouragés à accélérer leur construction et à réhabiliter ceux qui ne sont plus opérationnels ou pas assez grands.

Dès l’année dernière, le ministère de l’Intérieur avait débloqué des dizaines de millions d’euros pour que les municipalités procèdent de la sorte, ce que va désormais faire Vilnius, la capitale, qui indique vouloir réhabiliter 32 abris. Les propriétaires d’immeubles sont également sollicités. « Les nouveaux immeubles d’habitation et les grands bâtiments publics en Lituanie doivent désormais être équipés d’abris antibombes, une pratique que des pays bien préparés en matière de défense civile, comme la Finlande et la Suisse, appliquent depuis des décennies », explique Donatas Gurevicius, représentant des pompiers et des secours de Lituanie à l’AFP.

En Allemagne, 579 abris opérationnels sur 2 000

Le ministère de l’Intérieur a également publié une carte interactive des abris et des centres d’évacuation et modernisé un site Internet qui explique comment survivre au moins soixante-douze heures en situation de crise. « Le site existe depuis 2015, mais il n’était pas très populaire, indique à l’AFP Loreta Naraskevicienė, du département responsable de la plateforme. Maintenant, l’intérêt pour le projet grandit ».

La Lituanie n’est pas le premier pays européen, tant s’en faut, à se lancer dans un processus de modernisation de refuges pour les populations civiles depuis le début de l’invasion russe. L’Allemagne a également annoncé un « plan bunker » à la fin de l’année dernière, après avoir constaté un retard considérable : sur les 2 000 que le pays recensait lors de la guerre froide, seuls 579 étaient encore fonctionnels – permettant d’accueillir 480 000 personnes sur 80 millions d’habitants… – les autres ayant été laissés en déshérence, vendus ou convertis au tourisme.

« Nous venons tous d’une époque où nous ne pouvions plus imaginer qu’une guerre majeure revienne en Europe », a reconnu le président de l’Office fédéral de la protection civile et de l’aide en cas de catastrophe, Ralph Tiesler, auprès de l’hebdomadaire Die Zeit. Une application est également en chantier, qui permettrait d’indiquer aux habitants, en cas d’attaque aérienne, l’espace protégé le plus proche – abri, parking souterrain, tunnel de métro – ou celui qui leur a été personnellement attribué.

La forteresse suisse

La Norvège, de son côté, a annoncé en janvier dernier vouloir rendre obligatoire la construction d’abris pour les nouveaux bâtiments. Ceux que compte actuellement le pays ne lui permettraient d’accueillir que 45 % de sa population en cas d’attaque, contre 90 % en Finlande (qui partage une frontière de 1 340 kilomètres avec la Russie), 80 % au Danemark et 70 % en Suède, parmi les meilleurs élèves du Vieux Continent. « A l’avenir, nous devons tenir compte et nous préparer à gérer des crises et des guerres », a déclaré à l’époque la ministre norvégienne de la Justice, Emilie Enger Mehl, également en charge des situations d’urgence.

En Pologne, le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski, a pour sa part lancé un programme de création et de remise en état des abris antiaériens, évalué à 27 millions d’euros.

Le pays européen le mieux loti en la matière n’est pas celui auquel on penserait : la Suisse comptait fin 2022 environ 9,3 millions de places dans près de 370 000 abris – dont 9 000 bunkers publics – pour environ 8,7 millions d’habitants. Soit un taux de couverture de 107 %… Ce qui n’a pas empêché le gouvernement de prévoir 250 millions d’euros pour mettre à niveau ces infrastructures. Comme quoi la neutralité n’exclut pas la prudence.



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Publish date : 2025-10-02 13:00:00

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