Même Bill Gates, grand geek du développement s’il en est, confesse avoir été surpris par ce « livre optimiste sur l’environnement ». Avec Première génération (Les Arènes), Hannah Ritchie signe un plaidoyer convainquant pour une écologie rationnelle qui préfère les chiffres aux idées reçues. Cette data scientifique est chercheuse à l’université d’Oxford et directrice de recherche d’Our World in Data, site de référence pour l’évolution des conditions de vie dans le monde. Dans son essai qui fourmille en données, l’Ecossaise de 32 ans invite à rompre avec les discours catastrophistes en vogue et à considérer les défis de façon pragmatique : réchauffement climatique bien sûr, mais aussi alimentation, déforestation, biodiversité ou plastiques.
Dans un entretien exclusif pour L’Express, Hannah Ritchie explique les raisons de son « optimisme urgent » et montre à quel point notre méconnaissance statistique nous pousse à privilégier des actions souvent anecdotiques à grande échelle (éviter les sachets plastiques) tout en continuant à manger de la viande rouge, ce qui a un impact bien plus dévastateur sur l’environnement.
L’Express : Vous confiez que jeune, vous étiez persuadée qu’il n’y avait aucun avenir pour l’humanité. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Hannah Ritchie : J’ai grandi avec la peur croissante du réchauffement climatique. A tel point que je cherchais la confirmation que notre planète était condamnée. J’ai ainsi fait des études de science environnementale. Déforestation, montée des eaux, pluies acides… Je n’ai pas souvenir d’avoir, à l’université, entendu parler d’une seule tendance positive. Dans les journaux aussi, je voyais des gros titres alarmistes. Je pensais donc vivre dans la période la plus tragique de l’Histoire.
Et puis j’ai découvert les travaux d’Hans Rosling (médecin et statisticien suédois disparu en 2017 NDLR). J’ai réalisé à quel point ma vision du monde ne correspondait pas aux données. Si l’on prend du recul, on se rend compte que les humains peuvent résoudre des problèmes, et apporter des améliorations spectaculaires en matière d’extrême pauvreté ou de mortalité infantile. Depuis, je me suis concentrée sur les sujets environnementaux. J’étais très pessimiste. Mais aujourd’hui, au vu des progrès déjà effectués, je pense que même si les défis écologiques sont immenses, nous sommes capables de les résoudre, et je veux participer à cet effort.
Pourquoi les messages apocalyptiques au sujet de l’environnement feraient-ils plus de mal que de bien ?
Les scénarios apocalyptiques nous conduisent souvent au même résultat que les discours climatosceptiques, à savoir l’inaction et la paralysie. Si l’on vous présente un avenir catastrophique, une réaction très naturelle est de se dire qu’il est inutile d’essayer, puisque nous sommes déjà condamnés.
L’autre risque, c’est qu’à chaque fois que des militants radicaux font une affirmation apocalyptique, cela décrédibilise la confiance dans les scientifiques sérieux. Quand le monde sera toujours là dans dix ans, les climatosceptiques auront beau jeu de dire : « Regardez, ces savants fous se sont encore trompés. Pourquoi devrait-on les écouter ? ».
Hans Rosling et d’autres ont souligné les progrès incroyables en matière de niveau de vie, de santé ou de nutrition. Mais nous avons réalisé ces progrès humains en nuisant à la planète…
Historiquement, il y a eu un compromis très clair. L’impact environnemental de nos ancêtres était faible, mais leur niveau de vie l’était aussi. Depuis quelques siècles, nous avons fait pencher la balance dans la direction opposée, avec des progrès humains considérables, mais au détriment de l’environnement. Nous sommes aujourd’hui à un moment très particulier de l’histoire de l’humanité où les deux ne sont plus incompatibles. Nous pouvons continuer à améliorer le bien-être humain, tout en réduisant notre impact sur l’environnement. Des données prouvent que nous avons commencé à progresser dans ce sens, même si nous sommes encore loin du compte.
Pour moi, un monde durable, c’est offrir une bonne vie à tous les êtres humains sur Terre, tout en ayant un faible impact sur l’environnement afin de protéger les générations futures comme les autres espèces. L’un ne peut pas aller sans l’autre.
Vous ne croyez donc pas à la décroissance ?
La décroissance ne peut pas être une solution. Dans de nombreux pays, le niveau de vie est encore trop bas et ils ont besoin de croissance économique pour sortir leurs populations de la pauvreté, et améliorer leur santé comme leur bien-être. Mais dans les pays riches également, la décroissance est un scénario irréaliste. Face au réchauffement climatique, nous devons agir dans les prochaines décennies. Je ne vois pas comment dans ce laps de temps, des gouvernements pourront remporter des élections sur la base de ce programme très impopulaire.
Si la croissance française continue d’augmenter, les émissions de CO₂ par habitant sont en baisse.
Les humains ont réalisé de grands progrès en matière de pollution atmosphérique ou de préservation de la couche ozone. Mais le réchauffement climatique est un problème de tout autre ampleur…
La principale raison pour laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés au changement climatique, c’est que nous avons produit de l’énergie à partir de combustibles fossiles. Mais les humains ont besoin d’énergie, pas de combustibles fossiles ! Si vous leur fournissez une source d’énergie alternative plus propre, aussi bon marché ou moins chère, ils l’adopteront. Il y a dix ans encore, les énergies renouvelables étaient incapables de rivaliser sur le plan économique avec le charbon, le gaz ou le pétrole. Il semblait donc difficile de convaincre les pays de changer, en particulier les plus pauvres. Mais depuis, on a assisté à des baisses vraiment spectaculaires du coût de l’énergie solaire, de l’énergie éolienne, des batteries, des véhicules électriques… A tel point que ces alternatives deviennent même les options les moins chères. Ce qui signifie que même si les gouvernements ne se soucient guère du réchauffement climatique, les particuliers vont quand même opter pour l’énergie la moins chère.
L’essentiel, c’est que les autres pays ne suivent pas les Etats-Unis au sujet du climat
Les émissions de carbone baissent déjà dans les pays riches. L’argument souvent avancé est qu’ils délocalisent leurs émissions, laissant des nations comme le Bangladesh ou l’Indonésie produire pour eux…
Même en tenant compte de cet ajustement, beaucoup de progrès ont été réalisés. Au Royaume-Uni, nous avons réduit nos émissions de moitié environ au cours des dernières décennies, alors même que le PIB par habitant a augmenté d’environ 50 % depuis 1990. Si l’on tient compte des « délocalisations » d’émissions de CO2, la baisse est d’environ un tiers. Quand je suis née, près de la moitié de l’électricité provenait encore du charbon. L’année dernière, nous avons fermé notre dernière centrale à charbon. Voilà une transition spectaculaire.
Il existe, en France en particulier, une forte opposition entre nucléaire et énergies renouvelables. Qu’en pensez-vous ?
Ces oppositions, même parmi les écologistes, avec des opinions souvent très tranchées d’un côté ou de l’autre, sont stériles. L’essentiel, c’est que ces énergies alternatives sont bien meilleures que les combustibles fossiles. Chacune de ces énergies à faible teneur en carbone ont leurs avantages et leurs inconvénients. Les pays peuvent décider en fonction de leur contexte local. Mais dans l’optique de la lutte contre le réchauffement climatique, il n’y a pas d’opposition entre nucléaire d’un côté et solaire ou éolien de l’autre.
D’un point de vue économique, les panneaux solaires, les éoliennes et les véhicules électriques chinois inquiètent en Europe. Mais le fait que la Chine soit aujourd’hui leader de la transition énergétique est selon vous une excellente nouvelle pour la planète…
La Chine reste le plus grand émetteur mondial de CO2. Mais elle a d’abord déployé très rapidement ces technologies sur son territoire. Plus de la moitié des voitures neuves vendues en Chine sont électriques, loin devant l’Europe et les Etats-Unis. Sur le plan international aussi, la Chine domine les chaînes d’approvisionnement en panneaux solaires, éoliennes, batteries et véhicules électriques. Ce qui est bon pour la planète, c’est qu’elle soit capable de produire ces technologies à un coût extrêmement bas. Les pays d’Afrique subsaharienne ont par exemple un énorme potentiel solaire en termes de ressources. L’année dernière, on a commencé à voir de très importantes exportations de panneaux solaires chinois vers ces pays.
L’Europe et les Etats-Unis se sentent à juste titre menacés. Mais pour parvenir à ce résultat, la Chine a depuis plusieurs années mis en place une vraie stratégie à long terme. Les pays occidentaux ont été complaisants sur le sujet. Nous sommes maintenant au XXIe siècle et il faut construire une économie et un système énergétique différents de ceux du XXe siècle ! Or beaucoup d’industriels chez nous ont refusé le changement. Il leur sera difficile de rattraper ce retard.
Nous aurons besoin d’innover, par exemple pour le transport longue distance pour lequel il n’existe aujourd’hui pas d’énergies alternatives aux combustibles fossiles. Mais faire confiance à l’innovation, n’est-ce pas un pari risqué sur notre avenir ?
On me qualifie souvent de techno-optimiste. Je pense que l’innovation est un élément essentiel dans la transition énergétique. La seule raison pour laquelle nous produisons de l’énergie sans utiliser de combustibles fossiles, c’est parce que nous avons innové dans le domaine des technologies solaires ou des batteries. Nous avons désormais de très bonnes voitures qui fonctionnent sans essence.
En revanche, si le techno-optimisme consiste à dire que le marché résoudre tout seul, avec des entrepreneurs qui apparaîtront par magie, je m’y oppose. Les transitions se produisent parce qu’il y a eu un environnement politique qui les a rendues possibles, avec une impulsion étatique. L’énergie solaire est aujourd’hui très bon marché. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Cela a été possible car certains pays ont très tôt investi et l’ont soutenue. L’Allemagne a joué un rôle important au début. Et la Chine a apporté un soutien très important à ces technologies. Si l’on prend l’aviation et les transports longue distance, il faudra également une impulsion politique. Ces technologies ne verront pas le jour d’elles-mêmes, car l’innovation coûte cher au début.
Vaclav Smil, spécialiste mondialement reconnu de l’énergie et des ressources, se montre bien plus pessimiste que vous sur la possibilité d’atteindre la neutralité carbone en 2050…
Vaclav Smil est un excellent historien de l’énergie très doué pour comprendre les détails techniques des transitions passées. Je suis plus optimiste que lui quant aux transitions futures, car il est selon moi erroné d’extrapoler la vitesse des transitions passées. Historiquement, les transitions énergétiques ont toujours été très lentes. Élaborer de nouveaux systèmes énergétiques et effectuer la transition d’une ressource à une autre, que ce soit du bois au charbon ou du charbon au pétrole, a pris plusieurs dizaines d’années.
Mais c’est très différent avec les énergies renouvelables. Le rayonnement solaire et le vent sont gratuits. Leur coût provient donc de la technologie en elle-même – les composants électriques et les panneaux solaires. Or les technologies suivent des « courbes d’apprentissage ». Il faut d’abord les développer, puis leur coût connaît des baisses spectaculaires lorsqu’il y a des gains d’efficacité importants. En 1956, un panneau solaire aurait coûté près de 600 000 dollars en coûts actualisés. Bien qu’ils étaient extrêmement onéreux, on a poursuivi leur développement pour les satellites. Depuis, le prix du solaire a chuté de manière spectaculaire. Chaque fois que la capacité des panneaux solaires installés double, le prix baisse de 20 %.
Comme Smil, je suis pessimiste sur le fait d’atteindre le zéro émission nette d’ici 2050. Mais ce qui est essentiel, c’est que nous fassions d’énormes progrès au cours des vingt-cinq prochaines années pour réduire 90 % de nos émissions. Il restera sans doute des secteurs complexes, comme l’aviation ou le transport maritime longue distance, pour lesquels nous ne serons pas encore prêts. Mais si nous atteignons déjà ce résultat, je serai très heureuse, car cela ralentira considérablement le rythme du réchauffement.
Depuis la parution de votre livre en anglais, les Etats-Unis se sont à nouveau retirés de l’Accord de Paris sur le climat, et l’administration Trump ne cesse d’attaquer la science du climat…
C’est inquiétant, mais moins que ce qu’on pourrait croire. Le retrait américain de l’action climatique, et de l’énergie propre en général, est une mauvaise nouvelle. Mais cela n’aura pas un impact énorme sur les émissions américaines à long terme. L’essentiel, c’est qu’on voit que les autres pays ne suivent pas les Etats-Unis, bien au contraire. La Chine se frotte les mains. Elle est déjà en position de leader sur les technologies décarbonées. Donald Trump considère que la lutte contre le changement climatique est un sacrifice économique. D’autres pays estiment que les mesures nécessaires pour le résoudre sont une opportunité.
Si tous les Européens arrêtaient d’utiliser du plastique, les océans ne verraient presque aucune différence
L’une des idées clé de votre livre, c’est que nous sommes, sur le plan environnemental, souvent focalisés sur des actions qui ont peu d’importance sur le plan statistique, comme ne pas laisser des appareils en veille, mais nous sous-estimons les choses vraiment importantes, comme le fait de manger de la viande…
Les personnes se concentrent sur la consommation d’énergie (éteindre la lumière…) ou sur le recyclage. C’est bien de le faire. Personnellement, je fais aussi des économies d’énergie et je recycle. Mais cela se fait souvent au détriment des choses vraiment importantes. Dans nos supermarchés, nous sommes désormais obsédés par le fait recycler les sacs en plastique. Mais l’empreinte carbone des aliments que vous mettez dans ce sac est peut-être mille ou dix mille fois plus importante que le sac lui-même !
Le secteur alimentaire est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Si on classe les aliments en fonction des émissions de carbone par calorie, la viande et les produits d’origine animale ont une empreinte bien plus importante que ceux d’origine végétale. Et le bœuf et l’agneau ont un impact bien plus lourd que le poulet ou les poissons. Parce que les vaches émettent du méthane, un gaz à effet de serre très puissant. Mais aussi parce que le bœuf nécessite beaucoup de terres. Nous sous-estimons le coût environnemental de cette utilisation des terres. Celles-ci ont été défrichées pour faire place à une exploitation agricole. Des forêts ou prairies sauvages ont été détruites, ce qui a un impact carbone. Mais cela signifie aussi que vous n’utilisez pas ces terres à d’autres fins. Les personnes se préoccupent du gaspillage alimentaire, c’est-à-dire de ce qu’ils jettent à la poubelle. Mais c’est peu en ordre de grandeur par rapport aux céréales nécessaires pour nourrir un animal afin d’obtenir de la viande ! Pour chaque 100 calories que vous donnez à un bovin, vous obtenir 3 % de calories de viande en retour. Vous jetez donc 97 calories. Même pour les animaux les plus rentables, comme la volaille, vous perdez encore plus de 80 % des calories.
La bonne nouvelle, c’est que depuis des millénaires, nous avons augmenté la superficie des terres agricoles. Or nous approchons du moment où la superficie totale des terres agricoles va diminuer. Nous avons considérablement amélioré les rendements et l’efficacité des cultures. Des progrès ont aussi été faits pour une production plus efficace de la viande. Il y a ainsi une dissociation mondiale entre terres agricoles et production alimentaire. Il s’agit d’un moment important dans notre histoire environnementale. Mais nous devons nous assurer que ce pic en termes de terres agricoles soit bien derrière nous, car l’agriculture est un facteur clé pour les émissions de gaz à effet de serre comme pour la déforestation, la biodiversité ou l’utilisation de l’eau.
Éviter les sacs en plastique, n’est-ce pas important ?
Par habitant, les pays occidentaux utilisent beaucoup plus de plastique que d’autres. Mais l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie ne contribuent qu’à 1 % des plastiques que l’on retrouve dans les océans. Nous disposons de très bons systèmes de gestion de déchets, de sorte que le plastique est soit recyclé, soit mis dans une décharge sécurisée où il ne risque pas de se répandre dans l’environnement. Ce qui n’est pas le cas dans de nombreux pays à revenu moyen ou faible, et qui ont connu une augmentation très rapide de l’utilisation du plastique. D’où les accumulations dans de nombreuses rivières d’Asie du Sud. Si tous les Européens arrêtaient d’utiliser du plastique demain, les océans ne verraient presque aucune différence. La solution, peu glamour, consiste donc plutôt à investir dans la gestion des déchets, afin que ceux-ci ne se déversent pas dans l’environnement.
Acheter local et manger bio sont deux sujets cruciaux pour les écologistes. Mais à grande échelle, ce n’est selon vous pas un enjeu majeur. Pourquoi ?
Lorsqu’on demande aux gens quelle est la chose la plus durable qu’ils puissent faire pour avoir une alimentation davantage respectueuse de l’environnement, la plupart répondent « manger local ». Ils pensent instinctivement au transport des aliments d’un continent à l’autre. Mais en examinant les données à l’échelle mondiale, les transports ne contribuent qu’à hauteur de 5 % au bilan carbone du système alimentaire. L’essentiel, c’est l’affectation des terres et les émissions des exploitations agricoles (méthane émis par les vaches, engrais, fumier). Par ailleurs, les aliments transportés sur longue distance le sont généralement par bateau, plus efficace que l’avion en termes d’émissions. Choisir entre du bœuf ou un produit à base de plantes est ainsi bien plus important que la distance parcourue par cet aliment ! On peut vouloir consommer local pour soutenir les agriculteurs de sa région, pour voir comment notre alimentation est produite. Ce sont des raisons parfaitement valables. Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est de penser qu’on aura ainsi une moindre empreinte carbone.
Pour ce qui est du bio, les résultats sont mitigés et dépendent des critères que vous examinez. En général, l’agriculture biologique a des rendements plus faibles, ce qui signifie que pour produire la même quantité de nourriture, vous avez besoin de plus de terres. L’application d’engrais synthétique génère des émissions, mais c’est aussi le cas du fumier. Il n’est donc pas vrai que le bio signifie nécessairement une empreinte carbone plus faible. En ce qui concerne la biodiversité, le bio est meilleur au niveau d’une exploitation agricole, en particulier pour les insectes et oiseaux. Mais si vous devez utiliser une plus grande surface de terre qu’en agriculture conventionnelle, cela a aussi un impact sur les espèces.
L’huile de palme a été diabolisée. Vous soulignez que le sujet est plus complexe…
Je détestais l’huile de palme, supposant qu’elle était un moteur essentiel de la déforestation. Face à un problème complexe, il est tentant de désigner un méchant. Il est vrai que l’huile de palme a été un facteur clé de la déforestation dans des pays comme la Malaisie ou l’Indonésie, responsables de 85 % de la production mondiale. Mais par quelle huile la remplacer ? La plupart des alternatives ne sont pas plus vertueuses. Si l’huile de palme est si largement utilisée, c’est qu’il s’agit d’une culture très productive. Par hectare, vous pouvez obtenir dix fois plus d’huile que pour des produits alternatifs. En boycottant l’huile de palme, vous ne faites donc que déplacer le problème vers une autre culture.
Il faut reconnaître que l’huile de palme pose problème, mais plutôt que le boycott simpliste, nous devrions plutôt encourager des réglementations et des attentes vis-à-vis des entreprises afin que la production ne se fasse plus sur des terres déboisées.
Quelle est la donnée ou la tendance qui vous donne vraiment de l’espoir ?
Outre la vitesse à laquelle baissent les coûts des énergies renouvelables, c’est la réduction très rapide de la pollution atmosphérique locale dans de nombreuses villes et pays. Beaucoup d’Etats européens ont un niveau de pollution atmosphérique bien inférieur à ce qu’ils connaissaient depuis des siècles, ce qui a sauvé de très nombreuses vies. Encore un progrès méconnu. Or la même tendance se reproduit dans des pays à revenu intermédiaire. En Chine, les niveaux de pollution atmosphérique locale ont baissé d’environ deux tiers en moins de dix ans, ce qui a eu des effets sur la santé de plus d’un milliard de personnes. Si vous vivez à Pékin, cela peut augmenter votre espérance de vie de trois ou quatre ans. C’est énorme.
Première génération, par Hannah Ritchie, traduit de l’anglais par Julia Couvret-Donadieu. Les Arènes, 382 pages, 24 euros. Parution le 9 octobre.
Source link : https://www.lexpress.fr/idees-et-debats/hannah-ritchie-oxford-jetais-pessimiste-sur-lavenir-de-notre-planete-javais-tort-QA4TYLAKHNHAPJV5WNX2YHKFTI/
Author : Thomas Mahler
Publish date : 2025-10-05 16:00:00
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