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Sommet du G20 : comment l’Afrique du Sud pourrait tirer parti de l’absence des Etats-Unis

Sommet du G20 : comment l’Afrique du Sud pourrait tirer parti de l’absence des Etats-Unis

Le sommet du G20 s’est ouvert ce samedi 22 novembre en Afrique du Sud, dans un contexte particulier. Pour la première fois de son histoire, soit depuis 1999, il se tient sur le continent africain. Mais pour la première fois aussi, un président américain, en l’occurrence Donald Trump, a décidé de le boycotter, accusant sans fondement l’Afrique du Sud de mener un « génocide » contre la population blanche sud-africaine, ainsi que d’autres dirigeants comme le Chinois Xi Jinping (représenté par son Premier ministre Li Qiang), l’Argentin Javier Milei (représenté par son ministre des Affaires étrangères) ou la Mexicaine Claudia Sheinbaum. D’après Le Grand continent, seuls 13 dirigeants sur 19 sont présents – le G20 regroupe 19 pays, plus l’Union européenne et l’Union africaine, représentant 85 % du PIB mondial et les deux tiers de la population mondiale.

Les tensions entre Pretoria et Washington ne sont pas près de s’apaiser, puisque le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola a annoncé à la presse ce samedi que le président Ramaphosa ne transmettra pas la prochaine présidence du G20 « au chargé d’affaires des Etats-Unis » comme c’était censé être le cas, en raison de l’absence de Donald Trump. « Les Etats-Unis sont un membre du G20 et s’ils veulent être représentés, ils peuvent toujours envoyer quiconque de rang approprié », a-t-il ajouté.

Une ambition et des succès

Mais qu’importe : ces bouderies n’ont pas démotivé le président d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui souhaite faire du sommet un moyen de pousser les intérêts des pays d’Afrique sur la scène internationale. « En tant que pays africains, utilisons ce G20 pour faire avancer notre agenda. En exploitant nos forces collectives, nous pouvons bâtir des économies résiliantes qui prospèrent malgré l’adversité », a-t-il déclaré peu avant l’ouverture du sommet, ce samedi.

Alors que les Etats-Unis, le 15 novembre, s’étaient également opposés à l’adoption d’une déclaration commune des chefs d’Etat sans eux, le sommet a adopté dès son ouverture une déclaration finale des dirigeants présents. Samedi, le président Cyril Ramaphosa a ainsi annoncé qu’elle a été adoptée par une très large majorité des États membres du Groupe des 20. « L’adoption de la déclaration issue du sommet envoie un signal fort au monde entier, prouvant que le multilatéralisme peut porter ses fruits et qu’il le fait », a indiqué la présidence sud-africaine du G20 sur X. Un pied de nez aux Etats-Unis.

President Cyril Ramaphosa has announced that the Declaration from South Africa’s G20 Leaders’ Summit has been adopted by an overwhelming majority of the Group of 20 Member States.

The adoption of the Declaration from the Summit sends an important signal to the world that… pic.twitter.com/7wBksN03fO

— G20 South Africa (@g20org) November 22, 2025

« Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité – qu’il s’agisse de l’escalade des tensions géopolitiques, du réchauffement climatique, des pandémies, de l’insécurité énergétique et alimentaire, des inégalités, du chômage, de l’extrême pauvreté ou des conflits armés – mettent en péril notre avenir collectif », a ajouté Cyril Ramaphosa en ouverture du sommet. Des priorités soutenues par la déclaration commune, même en l’absence des Etats-Unis.

Les minerais stratégiques comme levier ?

La question des minerais stratégiques, présents en abondance sur le continent africain (environ 30 % des réserves mondiales, selon le FMI), pourrait aussi permettre de peser significativement dans les négociations internationales. Dans leur déclaration, les dirigeants du G20 disent vouloir mieux protéger l’approvisionnement en minerais stratégiques. « Nous cherchons à garantir que la chaîne de valeur des minerais stratégiques puisse mieux résister aux perturbations, qu’elles soient dues aux tensions géopolitiques, à des mesures commerciales unilatérales incompatibles avec les règles de l’OMC, à des pandémies ou à des catastrophes naturelles », écrivent-ils dans ce texte. De nombreux pays tentent de garantir leurs accès à ces minerais, également très utilisés en électronique, et de sortir de leur dépendance vis-à-vis de la Chine, mise en lumière par les restrictions que le pays asiatique a imposées sur ses exportations de terres dites rares.

Ces discussions pourraient bien se poursuivre lors du septième sommet UE-UA les 24 et 25 novembre, en Angola, l’Afrique du Sud et l’UE ayant d’ailleurs signé jeudi un partenariat concernant les minéraux stratégiques en amont du sommet du G20. « Notre objectif pour ce sommet historique est d’établir un partenariat UE-Afrique solide, équilibré et tourné vers l’avenir », avait ainsi déclaré le président du Conseil européen, António Costa, en amont de cet événement, rappelle Toute l’Europe. Les discussions au cours de ce sommet tourneront autour du commerce entre l’Europe et l’Afrique, des matériaux critiques, du changement climatique, de l’intelligence artificielle et autres sujets au cœur des relations UE-UA.

Des défis qui restent entiers

Mais des défis perdurent. « L’Afrique est un continent en plein essor. L’approfondissement de notre coopération économique est essentiel au développement et à l’intégration du continent, au renforcement de notre résilience et de notre autonomie », a déclaré le président sud-africain lors d’un dîner de travail vendredi en présence des chefs d’Etats africains invités au G20. Comme le souligne le média Jeune Afrique, la Zone de libre-échange continentale africaine, Zlecaf, existant depuis 2021, plafonne encore à 15 % d’échange intra communautaire, en raison notamment de problèmes infrastructurels. Le sommet G20 est donc l’opportunité de mobiliser des investissements pour concrétiser cette zone de libre-échange. La question de la dette du continent est aussi l’un des grands enjeux de cette rencontre. Pour le média d’actualité africaine, « la présidence sud-africaine du G20 constitue donc un test de maturité diplomatique ».

En outre, la faculté du continent africain « à enfin parler d’une seule voix, à dépasser les clivages nationaux et régionaux » afin de « peser réellement dans les négociations mondiales » reste un défi, souligne Jeune Afrique, qui rappelle que l’Afrique du Sud elle-même reste l’un des pays où les inégalités sont les plus marquées au monde.





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Publish date : 2025-11-22 16:44:00

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