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Démission de Sébastien Lecornu : quelles options pour Emmanuel Macron ?

Démission de Sébastien Lecornu : quelles options pour Emmanuel Macron ?

C’est un nouveau record. 27 jours seulement après sa nomination, Sébastien Lecornu a succombé à « l’enfer de Matignon ». Le fidèle soldat du macronisme s’est retrouvé dans l’impasse 14 heures après avoir dévoilé son gouvernement. La composition proposée, vivement critiquée en interne – et surtout par Bruno Retailleau – l’a poussé à déclarer forfait. Ce 6 octobre au matin, il a remis sa démission au président de la République qui l’a acceptée. Désormais, pour redémarrer la vie politique, c’est au tour Emmanuel Macron d’avancer ses pions.

La dissolution en option

15 mois après la dissolution de juin 2024, trois gouvernements ont chuté face à l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale. Pour sortir de cette impasse, plusieurs responsables politiques appellent à un retour aux urnes.

Sans surprise, Marine Le Pen y est favorable. En mai 2024, elle avait déjà appelé le président à dissoudre la chambre basse, discours qu’elle tient à nouveau depuis plusieurs mois. Ce lundi matin, la présidente du Rassemblement national à l’Assemblée a estimé que « la seule décision sage est d’en revenir aux urnes ». Condamnée en mars 2025 à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics – décision dont elle a fait appel – Marine Le Pen ne pourrait être candidate à sa réélection en cas de dissolution.

Une perspective qui fait l’unanimité dans les rangs du parti à la flamme et ses alliés. « Il ne peut y avoir de stabilité retrouvée sans un retour aux urnes et sans la dissolution de l’Assemblée nationale », a déclaré Jordan Bardella. Même son de cloche du côté d’Eric Ciotti : « Quand il y a crise, la seule solution, c’est l’élection […], le retour aux urnes ».

Du côté des Républicains, des voix s’élèvent également dans cette direction. Confiant, François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains, a estimé que son parti n’a « rien à redouter […] d’une dissolution ». Un état d’esprit qui infuse dans le parti qui en 2024, faute de préparation, n’était parvenu à investir que 400 candidats sur 577 circonscriptions. « On peut gagner en cas de dissolution », pronostique un cadre LR auprès de France Info. Même pas peur donc.

Des législatives anticipées sont loin d’être sans risque pour le camp présidentiel. Les dernières, largement critiquées en interne, s’étaient soldées par un échec cuisant dans les urnes. Depuis, la popularité des macronistes n’a pas remonté la pente. Sur France Info, le constitutionnaliste Benjamin Morel anticipe un résultat similaire en cas de dissolution : « Il est probable qu’il n’y ait pas plus de majorité que lors des dernières législatives, que l’on ait même un hémicycle encore plus ingouvernable et un groupe RN qui sortirait renforcé ».

Un Premier ministre de gauche ?

Dissolution ou pas, Emmanuel Macron devra bien nommer un Premier ministre. Après trois échecs de gouvernements issus du bloc central et de la droite, le président se laissera-t-il tenter par une personnalité de gauche ?

Le Parti socialiste, lui, ne perd pas espoir. Ce 6 octobre après-midi, le parti à la rose appelle de nouveau Emmanuel Macron à faire son choix dans les rangs « de la gauche et des Ecologistes ».

Si le chef de l’Etat avait refusé de nommer Lucie Castets, dont la candidature était portée par l’ensemble du Nouveau Front Populaire en 2024, le député socialiste Philippe Brun assure au micro de BFMTV que les élus de gauche sont « prêts à assumer les responsabilités du pays. Les socialistes ne se déroberont pas, c’est dans ce sens que doit aujourd’hui aller le président de la République ».

Une proposition qui est loin de faire l’unanimité dans le camp présidentiel. Sur X, la ministre démissionnaire Agnès Pannier-Runacher exprime son désaccord : « A ceux qui pensent que l’on pourrait gouverner en faisant l’économie de la gauche, je dis : vous vous trompez ».

Comme beaucoup d’entre vous, je désespère de ce cirque où chacun joue son rôle, mais où personne ne prend ses responsabilités.

Je n’oublie pas que j’ai été élue députée du Pas-de-Calais grâce au front républicain en juillet 2024. Ce choix n’était pas un renoncement, mais un acte…

— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) October 6, 2025

L’arlésienne de la destitution

« Macron démission », a écrit 15 fois en lettres capitales le député Aly Diouara. Du côté de LFI le message est clair donc, le parti appelle au départ du président… qu’il le veuille ou non.

« Le compte à rebours est lancé. Macron doit partir » a déclaré Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire de La France insoumise. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il exige au nom de son parti « l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron ».

Après la démission de Sébastien Lecornu, nous demandons l’examen immédiat de la motion déposée par 104 députés pour la destitution d’Emmanuel Macron.

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 6, 2025

Si une destitution est rendue techniquement possible par l’article 68 de la Constitution, une telle procédure n’a jamais abouti. Elle peut être déclenchée « en cas de manquement [du chef de l’État] à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Son processus demeure néanmoins complexe. Pour qu’elle aboutisse, il faudra : l’aval du bureau de l’Assemblée, puis de la commission des lois, puis que les deux tiers des élus de l’Assemblée et du Sénat votent pour, et enfin que les deux tiers de l’ensemble des parlementaires réunis en Haute Cour l’approuvent.

Si Emmanuel Macron décidait de dissoudre l’Assemblée nationale avant de démissionner – ou d’être destitué -, le prochain président de la République serait tout de même contraint d’attendre un an avant de convoquer de nouvelles élections législatives. Pas de solution miracle donc.

Reconduire Sebastien Lecornu ?

Et si c’était juste une petite pause ? Cet après midi, à 16h15, seulement quelques heures après sa démission, le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a été aperçu en train de franchir le portail de l’Elysée par des journalistes de l’AFP. Près d’une heure plus tard, il a quitté le palais présidentiel, souriant sans faire de déclaration.

Peu après, les intentions du chef de l’Etat se sont révélées : Emmanuel Macron a finalement demandé à Sébastien Lecornu de mener « d’ultimes négociations » d’ici « mercredi soir » afin d’aboutir à une plateforme d’action pour la stabilité du pays, a annoncé l’Elysée.



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Publish date : 2025-10-06 16:11:00

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