La flotte de navires clandestins qui permet à la Russie d’exporter son pétrole en contournant les sanctions occidentales, n’en finit plus de défrayer la chronique.
Selon une enquête du site américain Politico, au moins cinq pétroliers de l’armée russe déjà sous sanctions ont continué à naviguer sans entrave dans les eaux européennes. Et ce, après avoir relâché des nappes de pétrole à la surface de l’eau près du continent. Ces nouvelles révélations, qui s’appuient sur des images satellites de l’ONG SkyTruth soulignent la difficulté rencontrée par les gouvernements occidentaux d’arriver à paralyser les exportations de pétrole russe et de minimiser le risque de catastrophe écologique dans leurs eaux, indique le journal.
400 navires sur liste noire
La « flotte fantôme » utilisée par la Russie, mais aussi par l’Iran et la Corée du Nord, pour transporter du pétrole en contournant les sanctions internationales pourrait compter « environ 900 navires », a affirmé un amiral français devant les députés français. Selon Politico, qui cite la société d’analyse maritime Lloyd’s List Intelligence, ils seraient plutôt 1 300. Depuis 2018, les Etats européens ont sanctionné de nombreux pétroliers. Bruxelles a déjà répertorié près de 444 navires sur liste noire, les empêchant d’accoster dans les ports de l’UE ou d’utiliser des services occidentaux. Tandis que le Royaume-Uni en a sanctionné 450.
Dans cette nouvelle enquête, Politico s’attelle à montrer que malgré les sanctions, les mêmes navires continuent de prendre des routes qui traversent des eaux dont ils sont a priori bannis. « Qu’est-ce que cela dit des sanctions européennes et américaines ? Cela prouve qu’en fait, que les navires soient sanctionnés ou non, ils seront toujours en mesure de trouver un moyen et un lieu de commerce », a déclaré Richard Meade, de la société d’analyse maritime Lloyd’s List Intelligence.
Il y a quelques jours à peine, début octobre, un pétrolier de la flotte fantôme russe, a été arraisonné par la marine française, avant de reprendre la mer dans la soirée du jeudi 2 octobre, quelques heures après l’appel du président Emmanuel Macron à une « politique d’entrave » contre ces navires permettant à Moscou d’exporter son pétrole en contournant les sanctions occidentales. D’après le président français, le commerce pétrolier imputé à cette flotte représente « plus de 30 milliards d’euros » pour le budget de la Russie, et permet de financer « 30 à 40 % de son effort de guerre » contre l’Ukraine.
Risques de déversement élevés
Selon les experts interrogés par Politico, l’état décrépit des pétroliers les rend plus sujets aux accidents et aux collisions, qui finissent par laisser des traces de pollution dans l’eau. En outre, en raison des sanctions internationales qui les visent, ils naviguent souvent sous-assurés. Néanmoins, une importante marée noire laissée par un tel pétrolier pourrait coûter jusqu’à 1,4 milliard d’euros à nettoyer, a estimé le groupe de réflexion du Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur. La facture serait très probablement payée par les contribuables européens si le navire incriminé ne pouvait pas être retrouvé.
« La flotte fantôme est la tentative désespérée et dangereuse du [président russe Vladimir] Poutine de s’accrocher à ses profits du pétrole et de polluer la mer en attendant », a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni rapporte Politico. « Il utilise des navires qui ignorent les normes de sécurité de base, ce qui augmente le risque de déversements d’hydrocarbures catastrophiques ». Dans le cadre du 19e paquet de sanctions de l’UE depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, dévoilée en septembre, la Commission européenne a proposé d’ajouter 118 nouveaux navires liés à la Russie à sa liste noire croissante. Mais ces incidents suscitent des appels à une nouvelle action et à un changement d’approche. En plus d’imposer des sanctions à encore plus de navires, l’UE doit frapper « l’ensemble de la chaîne de valeur » impliquée dans le transport de pétrole sanctionné, a déclaré le ministre finlandais de l’Energie Sari Multala auprès du journal américain. Cela pourrait signifier de mettre aussi sur liste noire des raffineries qui déchargent du pétrole de cette flotte fantôme russes.
Après l’intrusion de l’un de ses bateaux près des côtes françaises, le président français Emmanuel Macron a déclaré que les chefs militaires européens et l’Otan développeraient de nouvelles « actions conjointes dans les semaines à venir ».
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Publish date : 2025-10-07 15:54:00
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