Encore un peu de patience. Dans 24 heures – à condition que l’Elysée tienne parole – nous rencontrerons notre quatrième Premier ministre depuis la dissolution de juin 2024.
Lundi 6 octobre, coup de théâtre : seulement 14 heures après avoir formé son gouvernement, Sébastien Lecornu démissionnait. 7 heures plus tard, il était de retour. Le « moine-soldat » avait accepté le défi d’Emmanuel Macron : 48 heures pour mener « d’ultimes négociations » avec les forces politiques et remettre le pays sur pattes, puis le président prendrait « ses responsabilités ». Rencontres, râteaux, menace de censure, de destitution, appels à la démission, à la dissolution, avant une rallonge de 48 heures annoncée par Sébastien Lecornu sur France 2… Difficile à suivre. On vous explique qui veut quoi, de gauche à droite.
Le Parti communiste français
Pour Fabien Roussel, c’est d’accord pour la présidentielle anticipée, mais attention aux édiles. Le 7 octobre, interrogé par France Info sur l’appel à la démission du président formulé par Edouard Philipe, secrétaire national du Parti communiste a déclaré qu’il « n’aurait jamais peur que la solution soit de redonner la parole au peuple, si le principe, c’est de respecter la parole du peuple ». Avant de préciser, que dans ce contexte d’instabilité politique et de rupture de confiance des citoyens, il était important de ne pas « brusquer » les élections municipales qui arrivent à grands pas : « Il y a encore des élus en qui les Français ont un peu confiance. Ça reste les maires. »
Pour ce qui est du prochain Premier ministre Fabien Roussel tranche : il doit être issu des rangs de la gauche. Le patron du PCF exige une « cohabitation », et demande à Emmanuel Macron de donner « la possibilité à des responsables de gauche, prêts à gouverner, de mettre en place des mesures répondant aux attentes des Français ».
La France insoumise
Pour la France insoumise il n’y a pas de débat : démission ou destitution, peu importe, tant qu’il y a une élection présidentielle anticipée. Problème : leur motion de destitution a été rejetée par le bureau de l’Assemblée nationale avant même d’entrer en hémicycle, et le président ne semble pas prêt à plier bagage.
Tant pis, mardi, LFI s’est réuni avec d’autres formations du NFP dont, les Verts, Générations, et L’Après, le PS ayant décliné l’invitation. De cette entrevue est né un communiqué condamnant « l’entêtement du président de la République à vouloir imposer la continuité de sa politique, malgré la victoire du Nouveau Front Populaire lors des dernières élections législatives ». Aussi, le parti y écrit qu’il censurera « tout gouvernement qui s’inscrirait dans la continuité de la politique macroniste ». Et Mathilde Panot de trancher depuis le siège du parti : « Le comique de répétition a assez duré ».
Les Ecologistes
Du côté des Verts, la demande est claire : « Si les macronistes ne veulent pas la dissolution, je n’ai qu’une seule solution pour eux, c’est la cohabitation », tranche la patronne des Ecologistes Marine Tondelier au micro de France Info.
Dans un communiqué publié sur leur site, les Verts dénoncent « l’attitude antidémocratique irresponsable » du président de la République et l’appellent « à nommer enfin à Matignon un Premier ministre qui composera un gouvernement de gauche et écologiste ».
Le Parti socialiste
Chez les Roses, personne ne s’en cache : le cap est fixé sur Matignon. Lundi sur le plateau du 20 Heures de TF1, Olivier Faure plaidait pour un « changement de cap ». Et le patron des socialistes de lever le doute : « Si nous étions appelés à Matignon, il faudrait que nous répondions positivement ». Sauf que, plus les négociations avancent, plus la perspective Matignon s’éloigne pour les socialistes : « Pour nous, ça semble plombé », confie un cadre du parti à France Info.
Tant pis, le PS qui se veut présidentiable doit continuer à polir sa posture, pas question de parler de démission, encore moins de destitution. De même pour la dissolution, le parti risquerait d’y laisser des plumes sans alliance avec le reste de la gauche. Le la est donné : stabilité, stabilité, stabilité. « Une prise de guerre » reste a porté de main pour le Parti à la rose : la suspension de la réforme des retraites, hauts les cœurs !
Le camp présidentiel
Dans le bloc central, la tendance est à la chienlit. Appétits présidentiels ou difficulté à gérer les troupes, peu importe le motif, les langues se délient pour s’affranchir. Sur le plateau du 20 Heures de TF1, Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance avouait : « Je ne comprends plus les décisions du président de la République. » Et de cingler : « Il y a eu la dissolution, et il y a depuis des décisions qui donnent le sentiment d’une forme d’acharnement à vouloir garder la main ».
Les autres anciens Premier ministres d’Emmanuel Macron ne se sont pas montrés plus tendres avec lui. Sur RTL, Edouard Philipe appelait le président à « annoncer qu’il organise une présidentielle anticipée et qu’il part immédiatement après que le budget a été adopté ». Dans les colonnes du Parisien, Elisabeth Borne se disait favorable à une « suspension » de la réforme des retraites.
Des dissidents qui ne font pas non plus l’unanimité, qualifiés de « rats qui quittent le navire » par l’ancien Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. Ambiance.
Traiter avec les alliés non plus n’était pas une sinécure pour Sébastien Lecornu. Hervé Marseille, patron de l’UDI qui comptait plusieurs ministres dans le gouvernement Bayrou, a refusé de participer aux consultations des derniers jours. Seul le MoDem s’est montré plus docile. Marc Fesneau, président du groupe à l’Assemblée juge « naturel que le MoDem participe au gouvernement », et demande simplement des clarifications sur « la feuille de route collective ». Ouf.
Les Républicains
Bruno Retailleau est-il à l’origine de la chute du gouvernement ? Difficile d’être catégorique, mais l’organisation d’une réunion de crise à son initiative pour aborder la nomination de Bruno Le Maire n’était pas d’une grande aide. Depuis, le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l’Intérieur, se montre particulièrement exigent. Hors de question de participer à un gouvernement « qui voudrait abroger ou suspendre la réforme des retraites » ou « qui voudrait nommer un Premier ministre de gauche ou même un gouvernement Lecornu bis ». Une alliance avec le RN alors ? C’est « non » aussi pour Bruno Retailleau qui a décliné la main tendue par Jordan Bardella.
Certains cadres du parti se montrent plus virulents encore à l’égard d’Emmanuel Macron. Dans un tweet, David Lisnard, le maire de Cannes, l’invitait à « programmer sa démission ».
Le Rassemblement national
Dans les rangs du parti à la flamme, peu importe qui est nommé, la censure sera automatique : « Je censure tout. Là, maintenant, stop. La plaisanterie a assez duré », a tranché Marine Le Pen. Le but : un retour aux urnes. La patronne des députés RN ne dissimule pas son ambition : « J’attends une dissolution. Ou une démission (du président), ça m’irait bien aussi. Je ne suis pas trop exigeante, mais c’est ou l’un ou l’autre, au choix du président ».
Le RN ne le sait que trop bien : en cas de législatives anticipées, le parti, en hausse dans les sondages, serait très probablement gagnant, ce qui lui permettrait d’asseoir sa légitimité et éventuellement de faire son entrée à Matignon.
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Publish date : 2025-10-09 17:13:00
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